Certains noms de constructeurs dans l’histoire de l’aviation sont étroitement liés à un modèle d’avion ou bien à une architecture. Quand on parle par exemple de l’avionneur français Dassault on voit immédiatement des chasseurs à aile delta comme le Mirage III ou le Mirage 5. Dans le même ordre d’idée celui de Fouga ramène invariablement à l’avion d’entraînement CM.170 Magister. Pourtant cet industriel sut développer d’autres modèles d’avions, dont certains ne dépassèrent pas le stade expérimental. Ce fut notamment le cas du bimoteur de transport moyen CM.100.
Tirant les enseignements de l’emploi des planeurs d’assaut durant la Seconde Guerre mondiale, tant dans le camp des Alliés que de l’Axe l’avionneur Fouga se lança en 1946 dans le développement d’un tel engin. Il s’agissait selon lui de fournir un appareil pouvant être tracté par un Amiot AAC-1 Toucan ou un Douglas C-47 Skytrain afin de déposer des troupes dans des conditions de danger maximal. Pour les ingénieurs français un tel planeur avait son rôle à tenir afin de contrer les menaces grandissantes dans les colonies africaines et asiatiques. Un accord de développement fut signé en novembre 1946 avec l’Armée de l’Air autour de deux exemplaires : un prototype et un planeur de présérie.
Désigné Fouga CM.10 celui-ci se présentait sous la forme d’un monoplan à aile haute cantilever de construction mixte en bois, contreplaqué et Duralumin. Il disposait d’un train d’atterrissage tricycle fixe. Le nez du planeur accueillait le poste de pilote biplace côte à côte. Surtout il était articulé et s’ouvrait de manière à faire entrer trente-deux soldats équipés ou deux Jeep et leurs huit servants.
C’est dans cette configuration qu’il réalisa son premier vol, tracté par un C-47, le 7 juin 1947 depuis les usines landaises de Fouga. Une semaine plus tard le prototype du CM.10 fut convoyé, par la route, jusqu’au Centre d’Essais en Vol de Brétigny-sur-Orge alors en Seine-et-Oise.
Alors que Fouga assemblait le premier planeur de présérie l’état-major des Armées précisa que la commande initiale de vingt-cinq exemplaires pour l’Armée de Terre passait désormais à cent. La différence devant en effet aller à l’Armée de l’Air.
Pourtant le sort en décida autrement quand le prototype s’écrasa le 5 mai 1948. Les militaires français décidèrent de couper les crédits alloués à ce planeur d’assaut en juin 1948.
On aurait alors pu croire le développement de cet appareil enterré.
Pourtant les équipes de Fouga pensaient déjà depuis un certain temps développer une version motorisée du planeur. Le futur avion, bimoteur doté de deux Renault 12S à douze cylindres en V inversé d’une puissance nominale de 580 chevaux, prit la désignation de Fouga CM.100. Il visait autant les marchés civils que militaires.
Le prototype fut assemblé à partir du CM.10 de présérie et vola le 19 janvier 1949 sous l’immatriculation provisoire française F-WFAX.
Malgré une bonne tenue de vol le Fouga CM.100 fut rapidement refusé par l’Armée de l’Air car l’avion ne répondait à aucun cahier des charges. Surtout il entrait en concurrence totale avec les Dassault MD-315 Flamant et les SNCAC NC.701 Martinet alors en dotation et qui donnaient pleine satisfaction. Afin de satisfaire aux exigences civiles de son temps Fouga décida de développer une version améliorée de son CM.100 sous la désignation CM.101.
Elle disposait de deux réacteurs d’appoint Turboméca Piméné d’une poussée unitaire de 110 kilogrammes en plus des moteurs Renault 12S. Une version CM.103 destinée aux opérations militaires fut même envisagée avant d’être rejetée.
En 1952 finalement les équipes de Fouga jetèrent l’éponge et stoppèrent tous développements du CM.100.
Issu d’un programme de planeur d’assaut déjà anachronique à sa conception le Fouga CM.100 fut l’une des rares tentatives réellement novatrices de développement d’avion de transport moyen dans l’immédiat après-guerre. Malheureusement cet avion de transport était jugé trop fragile et sous-motorisé. L’apport des mini-réacteurs Piméné n’y fit rien.
Les avions assemblés furent détruits ultérieurement.
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