Au lendemain de la Première Guerre mondiale l’aviation militaire était devenue l’arme la plus médiatisée malgré une efficacité toute relative durant le conflit. Nouvelle, porteuse de progrès technologiques, et incitant à dépasser les limites de son temps elle épousait parfaitement l’époque. Aussi, et malgré un pacifisme exacerbé, il devint évident pour la plus part des pays qu’ils allaient devoir se doter d’une arme aérienne et donc former des pilotes. Aux Pays-Bas c’est Anthony Fokker qui s’y colla très rapidement avec notamment au début des années 1920 un très réussi petit biplan à la longévité assez surprenante : le S.II.
Après l’échec commercial de son monoplan parasol S.I Anthony Fokker décida de revenir à la formule du biplan. Pour la conception de ce nouvel avion d’entraînement, logiquement désigné Fokker S.II, il confia le gros des travaux de design et d’ingénierie à son ami et collaborateur Reinhold Platz. Le technicien allemand avait en effet été nommé directeur des recherches de l’entreprise en 1919, lui qui avait largement contribué durant la guerre au succès du chasseur D.VII. Une nomination qui avait alors fait grincer des dents puisque Platz n’était pas ingénieur, n’ayant pas fait d’études longues. Pourtant sa connaissance de l’aéronautique et son pragmatisme en avait fait le bras droit d’Anthony Fokker.
Outre le recours à un économique moteur rotatif Le Rhône de facture française de 110 chevaux de puissance et entraînant une hélice bipale en bois la surprise sur la conception de Platz venait du poste de pilotage. Il avait décidé d’abandonner le principe de cockpit en tandem au profit d’un biplace côte à côte, qu’il jugeait plus à même de permettre un apprentissage efficace. Pour lui cet aménagement permettait à l’instructeur de discuter plus aisément avec son élève qu’un tandem. En outre il prônait le recours à un capotage en feuilles de métal afin de mieux protéger l’équipage en cas d’atterrissage difficile. Anthony Fokker accepta ces innovations. Pour le reste le S.II demeurait assez académique avec son fuselage et sa voilure assemblés en bois et toile, son train d’atterrissage classique fixe se terminant par un patin, ou encore son empennage classique.
C’est dans cette configuration que le prototype réalisa son premier vol en mars 1922.
Lorsque le Fokker S.II fut présenté à la Luchtvaartafdeling il surprit. Nonobstant quinze exemplaires de série en furent commandés qui entrèrent en service en 1923. Ils permirent immédiatement de remplacer les avions issus de la Première Guerre mondiale et qui dans leur très grande majorité étaient des monoplans de reconnaissance allemands adaptés à la formation basique et intermédiaire. En fait le Fokker S.II fut le premier véritable avion d’entraînement en service aux Pays-Bas.
En 1932 l’un des exemplaires fut renvoyé chez Fokker afin d’être transformé en avion sanitaire sous la désignation S.IIA. Il reprit du service l’année suivante, réalisant à Noël 1933 un vol particulièrement médiatisé aux Pays-Bas. Il permit le transport de deux jeunes enfants et de leur mère sur 300 kilomètres jusqu’en Belgique. Malgré la réussite des modifications la Luchtvaartafdeling ne commanda jamais en série cette sous version. Elle conserva pourtant l’ambulance volante en dotation jusqu’en mai 1940 et l’effondrement du pays face aux forces allemandes. Sans jamais être descendu par la Luftwaffe ou abattu par la Flak il réalisa au moins quatre évacuations sanitaires. La dernière lui fut pourtant fatale, le biplan rompant son train à l’atterrissage. De leur côté les quatorze S.II d’entraînement basique demeurèrent en service jusqu’en 1934, époque à laquelle ils furent remplacés par des Fokker S.IV plus modernes.
En 1924 le Fokker S.II participa à une compétition aux États-Unis afin de doter l’US Army Air Service d’un nouvel avion d’entraînement. L’avionneur néerlandais fut obligé de modifier son prototype en déposant le moteur rotatif français Le Rhône au profit d’un Curtiss OX-5 américain à huit cylindres en V. L’esthétique même de l’avion en fut modifiée. Malgré des essais prometteurs le S.II ne put s’imposer face au Huff-Daland TW-5 qui remporta le marché.
Si les avions d’entraînement à postes de pilotage côte à côte ne sont pas les plus répandus dans l’histoire aéronautique ils représentent une spécialité de Fokker. Après le S.II deux réussites néerlandaises dans ce domaine furent les S-11 Instructor et S-14 Mach Trainer d’après-guerre avec cet aménagement intérieur. Il ne reste plus rien de nos jours de ce petit biplan si novateur… et méconnu.
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