Les Pays-Bas, qui pourtant avaient participé à la naissance de l’aviation militaire durant la Première Guerre mondiale, durent quasiment repartir à zéro au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, tant les chaînes d’assemblage du constructeur Fokker étaient en mauvais état. En plus, la nation manquait d’un ingrédient essentiel pour la conception d’avions : des ingénieurs. Le célèbre avionneur batave dû patienter jusqu’au début des années 50 pour faire voler son premier avion à réaction, le S-14 Mach-Trainer.
En 1950, pour des raisons politiques il devenait évident que les Pays-Bas devaient rapidement faire entrer en service son premier jet de construction nationale. La Royal Air Force utilisait massivement des jets britanniques et de son côté l’Armée de l’Air alignait le Dassault Ouragan. Même l’Espagne et l’Italie travaillaient sur des projets similaires. C’est la raison pour laquelle la Koninklijke Luchtmacht (force aérienne royale hollandaise) fit pression sur les responsables de Fokker pour qu’ils mettent rapidement au point un jet à caractère militaire.
Toutefois, les Pays-Bas étant membre de l’OTAN ils ne purent concevoir un avion de combat sans l’assentiment de leurs alliés et notamment de Washington, et ils durent donc se contenter d’un jet d’entrainement.
Plusieurs ingénieurs néerlandais commencèrent à étudier un nouvel appareil de ce type, qui devait être à même de former les futurs pilotes de combat hollandais devant voler notamment sur Republic F-84, le principal chasseur en service dans le pays. Le nouvel avion fut désigné S-14 par les responsables de l’avionneur et baptisé Mach-Trainer. Ce surnom était un peu présomptueux, eut égard aux performances de l’appareil.
Le S-14 se présentait comme un monoréacteur biplace côte à côte monoplan à ailes basses cantilevers. D’une architecture générale assez classique pour son époque, l’avion disposait d’une entrée d’air dans le nez afin d’alimenter le turboréacteur Rolls & Royce Derwent. La verrière circulaire était de petite taille afin de réduire la trainée à grande vitesse. Il n’était pas armé.
Le Fokker S-14 effectua son premier vol le 19 mai 1951, vol au cours duquel l’avion eut un léger incident au niveau du système du train d’atterrissage. Cette défaillance eut une incidence néfaste sur la carrière opérationnelle de l’appareil.
Quelques jours après cet incident le prototype fut présenté au Salon du Bourget 1951 sans que l’avion ne réalise de démonstration en vol. Il suscita toutefois de l’intérêt de la part de la Belgique, de la Finlande, du Portugal, et de la Suède. Afin de permettre à l’avion d’être exportable Fokker demanda à la Koninklijke Luchtmacht d’acquérir un minimum de S-14, ce qu’elle fit en en achetant vingt. Ils furent codés L-1 à L-20 inclus. Ces avions servirent aussi bien à l’entraînement des futurs pilotes de jets néerlandais qu’à la représentation de l’avion à l’étranger. C’est d’ailleurs un de ces avions qui s’écrasa en octobre 1955 sur une base de l’US Air Force, tuant le pilote d’essais Gerben Sonderman.
Rapidement les contrats envisagés par Fokker furent soustraits par le Folland Gnat britannique et par le Fouga CM-170 français. La Koninklijke Luchtmacht décida de ne pas commander d’autres S-14, si bien que la chaine d’assemblage s’arrêta net en 1956. Les S-14 hollandais volèrent jusqu’en 1965, date à laquelle ils furent remplacés par des Lockheed T-33 provenant des surplus américains. Toutefois la carrière ne s’arrêta pas pour le monoréacteur Fokker puisque le Lucht Ruuimtevaart Laboratorium (LRL, le CEV hollandais) utilisa le S-14 n° L-16 pour des missions de servitude et d’entrainement au profit des pilotes d’essais jusqu’en 1974.
Le S-14 fut le premier avion à réaction conçu aux Pays Bas, un pays qui fit plus tard voler plusieurs jets de ligne, comme les Fokker F28 et Fokker 100. Un S-14 est actuellement préservé à l’Aviodome, le célèbre musée aéronautique d’Amsterdam.
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