Fokker F70 / F100

Il est des noms comme ça qui sont intimement liés à l’histoire aéronautique depuis ses débuts. Fokker est de ceux-là. À l’évocation même de ce constructeur beaucoup pensent au très célèbre chasseur Dr 1 de la Première Guerre mondiale pourtant l’avionneur marqua également le domaine du transport aérien puisqu’il fut présent dès la fin des hostilités avec son monoplan parasol F.II de 1919, un des premiers avions de ligne de l’Histoire. La lignée des appareils de transport Fokker s’étend sur près de 80 ans et prend fin avec deux biréacteurs : le Fokker F100 et sa version raccourcie le F70.

Au début des années 1980 l’avionneur néerlandais Fokker cherche à relancer sa branche commerciale. Son biréacteur court-courrier F28 Fellowship s’est bien vendu avec 240 exemplaires mais c’est désormais un avion vieillissant incapable de concurrencer les machines de nouvelle génération. Pour autant le constructeur souhaite surfer sur son succès et lance donc en 1983 les travaux d’un nouvel appareil désigné F100.

Les premières ébauches laissent clairement entrevoir une filiation incontestable entre les deux avions. Le nouvel appareil se présente même comme une version allongée du F28. Nonobstant il dispose d’améliorations notables au niveau des réacteurs, de l’aménagement intérieur, et de l’avionique.
Pour le reste extérieurement cet avion est très similaire à son prédécesseur : monoplan à aile basse cantilever doté de deux réacteurs fixés à l’arrière du fuselage, à l’image de la Caravelle française ou du DC-9 américain, et d’un train d’atterrissage tricycle à boguey. Son poste de pilotage est biplace, excluant ainsi celle du navigateur. La capacité d’accueil du Fokker F100 oscille entre 95 et 122 passagers suivant la densité choisie.
C’est le 30 novembre 1986 qu’intervient le premier vol du prototype.

La certification de type de l’avion, ouvrant la voie à son usage commercial, a lieu en novembre 1987 et le premier exemplaire de série est livré à la compagnie helvétique Swissair en mars 1988. Il commence son service opérationnel au début du mois suivant.

Début 1989 la force aérienne néerlandais s’intéresse au Fokker F100 comme futur avion de transport de personnels et de hautes personnalités en remplacement justement des deux F28 Fellowship utilisés jusque là. Cependant le marché n’est jamais signé car l’avion est jugé trop gros pour les besoins de cette petite force aérienne. Des pistes sont avancées avec l’Arabie Saoudite et la Colombie mais sans se concrétiser.
C’est en 1992 que l’avion connait son premier succès avec une force aérienne : le Myanmar commande un exemplaire pour des missions au profit des hautes personnalités de sa junte militaire.

En 1992 Fokker annonce travailler sur une version raccourcie du F100 désignée F70. En fait c’est rigoureusement le même avion mais avec des sections de fuselage en moins. En fait c’est un double constat d’aveu pour l’avionneur néerlandais : en premier lieu son F100 est trop gros pour réellement prendre le relai des F28 Fellowship et en second lieu il est défavorisé face à la concurrence du nouveau fleuron européen de l’époque : l’Airbus A320. Avec ses commandes de vols électriques ce nouvel avion a ringardisé en quelques mois tous les autres avions du segment. Le Fokker F100 n’y a pas fait exception.
Le vol inaugural du Fokker F70 est réalisé le 4 avril 1993.

Et là non plus l’histoire constructeur d’avions ne réussit pas à convaincre qui que ce soit. Pis son nouveau biréacteur entre en concurrence direct avec les avions à turbopropulseurs de nouvelle génération comme l’ATR-72 européen ou encore le Dash 8 canadien.
Pourtant cette fois-ci l’aviation militaire hollandaise achète deux exemplaires de l’avion. Deux Fokker F70 qui seront affectés pour l’un au transport de la famille royale et pour le second à celui des hautes personnalités civiles et militaires du pays. Ces avions disposent d’une livrée spéciale : fuselage blanc, bande orange autour des hublots, et empennage orange et bleu. Pas d’autre marque de nationalité ou même d’inscription dénotant le caractère militaire de ces biréacteurs.

Le Fokker F70 et son grand frère F100 ne sont pas à proprement parler des grandes réussites sur le plan des forces aériennes .Outre le Myanmar et les Pays-Bas seuls la Côte d’Ivoire, la France, le Kenya, la Slovaquie, et le Swaziland en ont acquis des exemplaires militaires.

Le cas du Fokker F100 français est particulier car ce n’est ni un avion de transport de hautes personnalités ni de transport de personnels mais de soutien aux essais en vol. Il appartient d’ailleurs depuis 2015 à la Direction Générale de l’Armement-Essais en Vol (anciennement Centre d’Essais en Vol) et vole sous l’immatriculation étatique F-ZAFT et cocarde tricolore.
Désigné ABE-NG pour Avion Banc d’Essais-Nouvelle Génération il est utilisé en soutien de plusieurs programmes aéronautiques dont la modernisation en continue de l’avion de combat omnirôle Dassault Aviation Rafale.

Au final les Fokker F70 et F100 ont été respectivement construits à 47 et 283 exemplaires de série. Des chiffres qui laissent entrevoir la main-mise d’Airbus et Boeing sur le marché aéronautique civil des années 1980 aux années 2000. Une donne qui a quelque peu changé par la suite avec l’apparition des avionneurs Bombardier et Embraer sur ce segment.