Considéré par beaucoup comme l’avionneur germanique le plus productif de la Première Guerre mondiale le Néerlandais Anthony Fokker su fabriquer quelques uns des meilleurs avions de combat du conflit, et pas uniquement des chasseurs. Toutefois ce sont ces derniers qui lui apportèrent la gloire et la reconnaissance universelles. Parmi les machines qui sortirent de ses ateliers et usines figurait un monomoteur à aile parasol malheureusement mal connu, y compris dans son propre camps : le E.V.
C’est en février 1918 que l’ingénieur allemand Reinold Platz proposa à Fokker de développer un nouveau type de chasseur destiné à damer le pion aux aviateurs britanniques et français. L’architecture choisie par celui ci était assez inhabituelle pour les Allemands, puisqu’il s’agissait d’un monoplan à aile haute dite en parasol, plutôt utilisés par les Français et notamment Morane Saulnier. Platz était convaincu que cela augmenterait le plafond pratique des chasseurs leur octroierait ainsi la supériorité. Les plans séduisirent Fokker qui accepta d’en développer un prototype sous la désignation d’E.V, c’est à dire le cinquième monoplan (E pour Eindecker le mot allemand signifiant monoplan) de combat de la société.
Un prototype fut assemblé très rapidement. Il se présentait donc sous la forme d’un monoplan parasol monomoteur monoplace construit en bois entoilé. La propulsion était assurée par un moteur rotatif Oberursel Ur.II d’une puissance de 110 chevaux entraînant une hélice bipale en bois et métal. Doté d’un train d’atterrissage classique à roues et patins fixes il disposait d’un carénage en métal destiné à protéger le moteur. Deux mitrailleuses jumelles Spandau LMG 08/15 d’un calibre de 7.92mm tiraient au travers de l’hélice.
C’est dans cette configuration que l’avion vola pour la première fois en mai 1918.
Malgré quelques soucis de motorisation, les équipes de Fokker espérant diverses solutions qui ne vinrent jamais, les premiers E.V de série entrèrent en service sur le front occidental en juillet 1918. Deux mois plus tard 140 avions avaient été livrés, majoritairement à des unités se battant en Belgique et en France. Là l’avion faisait bonne figure mais n’avait rien de révolutionnaire. Pis il semblait légèrement moins puissant et maniable que la majorité des biplans allemands et austro-hongrois. Cependant sa vitesse ascensionnelle, deux fois plus rapide que celle du Fokker D.VII, en faisait un bon chasseur de supériorité.
En septembre 1918 quelques menues améliorations furent apportées à l’aile, totalement invisibles à l’œil nu, et au train d’atterrissage. Et cela suffit pour changer la désignation de l’avion. Le Fokker E.V devint ainsi le D.VIII dont environ 150 exemplaires sortirent des usines et prirent les airs avant l’Armistice signé le 11 novembre 1918. Quelques jours après une cinquantaine d’avions nouveaux furent fabriqués, mais sans mitrailleuse. La guerre était finie et la démilitarisation de l’Allemagne était en marche.
C’est ainsi que plusieurs exemplaires furent versés dès décembre 1918 à plusieurs aviations des pays « vainqueurs » comme les États-Unis et la Pologne. Cette dernière utilisa des Fokker E.V et même quelques D.VIII jusqu’en 1925.
Appareil totalement éclipsé par des machines plus réussies le Fokker E.V / D.VIII n’en fut pourtant pas moins fabriqué à un minimum 335 exemplaires. Cet avion vola donc dans les derniers mois de la Première Guerre Mondiale, à une époque où la maîtrise du ciel était clairement en train d’entrer dans les doctrine militaires. Par bien des aspects il rappelle le Morane Saulnier AI français, mais en moins réussi toutefois.
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