Au cours des années 1930 la majorité des grandes puissances aéronautiques se lança dans diverses études autour des hélicoptères, une technologique encore totalement balbutiante. L’Allemagne hitlérienne n’y faisait pas exception, sous l’impulsion principalement de l’ingénieur Heinrich Focke (fondateur de l’avionneur Focke-Wulf) et de son assistant Gerd Achgelis. Parmi leurs premières réalisation figurait un étonnant birotor côte à côte : le Focke-Wulf Fw 61.
Tout débuta en 1932 quand la société Focke-Wulf obtint l’autorisation de construire sous licence allemande l’autogire anglo-espagnol Cierva C.19. Dès lors Heinrich Focke eut dans l’idée d’aller plus loin et de se diriger vers la formule des hélicoptères jugés par lui comme plus sûre et plus polyvalente.
Assisté de Gerd Achgelis, ingénieur spécialisé dans ces machines d’un nouveau genre et pilote formé en France chez Breguet, il commença à étudier un appareil dont les premières lignes laissaient clairement apparaître une inspiration des travaux de Juan de la Cierva et de ses autogires. Le nouvel appareil reçut la désignation de Focke-Wulf Fw 61.
Les travaux portèrent notamment sur la transmission entre le moteur et les deux rotors côte à côte contrarotatifs. Focke tenait aussi à stabiliser l’hélicoptère en vol, connaissant bien les difficultés de ces machines lors des phases d’auto-rotation, c’est pourquoi il équipa son Fw 61 d’un empennage en T comme sur un avion.
À l’image des autogires sa machine disposait d’une hélice à l’avant du moteur, mais de trop petite taille pour assurer la propulsion. En fait celle-ci permettait de refroidir le moteur lors des phases de vols.
Esthétiquement le Focke-Wulf Fw 61 se présentait sous la forme d’un hélicoptère birotor côte à côte de construction mixte en métal, bois, et contreplaqué. Sa motorisation était assurée par un moteur en étoile Bramo Sh.14 d’une puissance de 165 chevaux. Le pilote prenait place dans un petit cockpit monoplace à l’air libre. Il possédait un train d’atterrissage tricycle fixe et une mature en acier afin de soutenir les deux rotors.
C’est dans cette configuration que le prototype V1, immatriculé civilement D-EBVU, vola pour la première fois le 26 juin 1936.
Un second prototype V2, immatriculé cette fois-ci D-EKRA fut également commandé et testé en vol par les équipes de Focke-Wulf. Rapidement le constructeur mais aussi le pouvoir nazi en firent un outil de propagande, autant à destination des Allemands eux-même que de l’étranger : il s’agissait d’asseoir une forme de domination technologique allemande sur le reste de l’Europe et notamment sur les Britanniques et les Français alors en pointe en matière de voilures tournantes. À partir du 19 février 1938 le Fw 61 fut présenté en intérieur, dans la Deutschlandhalle une salle de concert et de spectacle construit à la gloire du Troisième Reich. De manières assez rocambolesques et généralement pas dans les meilleures conditions l’hélicoptère était présenté aux foules enthousiastes.
Dix-huit représentations au total au cours desquelles le pilote tenta de démontrer les qualités intrinsèques de l’hélicoptère devant un public souvent bien trop béotien pour comprendre l’exploit qu’il y avait à voler ainsi dans une salle.
Mais pour les nazis le Focke-Wulf Fw 61 ne se contenta pas de voler en intérieur, il réalisa également des vols records notamment au-dessus de lacs et d’étangs. Le 29 janvier 1939 le second prototype entra dans l’Histoire en atteignant l’altitude de 3427 mètres, record mondial de l’époque.
Un temps la Luftwaffe s’intéressa à l’hélicoptère mais sans jamais donner suite et du coup le Focke-Wulf Fw 61 ne fut pas construit au-delà des deux prototypes. Pourtant son expérience fut riche d’enseignements et permit à Heinrich Focke de créer ensuite sa société Focke-Achgelis. Avec celle-ci il développa durant la guerre le Fa 223 Drache, considéré comme l’application des théories et essais réalisés avec le Fw 61.
Si aujourd’hui il ne reste plus aucun Focke-Wulf Fw 61 dans le monde il faut signaler que le Hubschraubermuseum de Bückeburg en Allemagne présente une excellente copie. C’est actuellement la seule représentation physique de ce hélicoptère novateur pour son temps.
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