Lorsque l’on prononce le nom de Kurt Tank la plus part des passionnés d’aviation pensent invariablement au chasseur monoplace Focke-Wulf Fw 190 qui équipa la Luftwaffe durant une bonne partie de la Seconde Guerre mondiale et dont il fut le concepteur en chef. Toutefois l’ingénieur n’en était alors pas à son premier aéronef. En effet Tank participa de près ou de loin à la plus part des appareils construits par cette firme à partir du début des années 1930. Et parmi ces nombreux avions figure un petit biplan d’entraînement d’allure anodine mais pourtant ayant joué un rôle prépondérant dans la formation des pilotes de chasse de l’aviation nazie : le Fw 44 Stieglitz.
En fait l’histoire de cet avion remonte à la république de Weimar, avant même l’avènement du nazisme. En effet le Fw 44 n’était au départ pas du tout destiné aux militaires, puisque l’Allemagne était théoriquement désarmée sur ordre du Traité de Versailles de 1919. Les responsables de Weimar recherchaient alors un avion susceptible de servir à la formation avancé des pilotes civils allemands, et notamment de ceux appelés à voler sur les hydravions transatlantique de la Lufthansa. Le programme fut donc lancé officiellement en 1931 avec pour seule restriction réelle, l’utilisation du petit moteur en étoile Siemens Sh-14A de construction locale. En effet l’Allemagne avait le plus grand mal à importer des propulseurs étrangers, et notamment américains ou français.
Dès le début les travaux débouchèrent sur un avion aux qualités qui s’annonçaient remarquables. En effet les équipes de Focke-Wulf avaient particulièrement travaillés les volets et les bords d’attaque des ailes, donnant ainsi au Fw 44 un profil aérodynamique très particulier.
Construit en bois et toile le Fw 44 disposait d’un cockpit biplace en tandem à l’air libre. A l’inverse de bon nombre de ses prédécesseurs l’avion disposait d’un train d’atterrissage tricycle fixe particulièrement complexe du fait de la présence d’un essieu en V inversé qui lui octroyait une solidité supérieure à la moyenne. Un système qu’on allait plus tard retrouvé sur bien des avions d’entraînement militaire dans le monde dont le Heinkel He 72 Kadett allemand ou encore le Waco PT-14 américain. Outre son moteur Siemens en étoile l’autre particularité du Fw 44 était donc ses volets particulièrement travaillés. Conçu comme un appareil à vocation civile ce biplan n’était pas prévu pour recevoir le moindre armement, défensif ou offensif, une caractéristique qui le suivra durant presque toute sa carrière.
Son prototype réalisa son premier vol en juillet 1932.
Très rapidement, au cours des essais en vol, et des travaux de modifications mineures qui s’en suivirent le Focke-Wulf Fw 44 démontra d’excellentes qualités de vol, très au dessus de la majorité des autres avions de ce type à ce moment là dans le monde. L’avion fut baptisé Stieglitz.
En 1933 quand les nazis prirent le pouvoir en Allemagne ils se mirent en quête d’appareils susceptibles de pouvoir former leurs futurs pilotes militaires, et le Focke-Wulf Fw 44 Stieglitz se trouvait tout naturellement en haut de la liste des avions potentiels.
Lorsqu’en 1935 la Luftwaffe fut officiellement créée le Fw 44 Stieglitz était un des principaux avions d’entraînement avancé en service avec le Bücker Bu 131. Mais surtout de par ses qualités de voltige hors du commun le biplan de Focke-Wulf se présentait comme un excellent appareil de démonstration pour la propagande nazie.
De surcroît l’appareil était un véritable succès à l’exportation avec des machines fournies à des pays aussi différents que la Bolivie, la Finlande, ou encore la Roumanie. Une vingtaine de Fw 44D armés furent d’ailleurs fournis à la Chine qui les employa, ironie du sort, contre un des principaux alliés d’Adolf Hitler : l’empire du Japon. Les Stieglitz chinois furent utilisés dès 1936 pour mener des missions de reconnaissance armée et de surveillance côtière à l’aide de bombes légères. Deux mitrailleuses mobiles de calibre 7.9mm assuraient leur défense. On ne sait pas grand-chose de l’utilité réelle d’un tel appareil face à la puissante chasse nippone.
Durant la Seconde Guerre mondiale le Focke-Wulf Fw 44 fut l’un des principaux avions d’entraînement de la Luftwaffe, formant les pilotes allemands à la voltige. À partir de 1940 le Stieglitz fut secondé par les Morane Saulnier MS.230 saisis en France et réquisitionnés par l’occupant.
Porteurs de livrées chatoyantes les avions d’entraînement commencèrent peu à peu à recevoir des camouflages plus militaires dès la fin de l’année 1941. En effet à cette époque les écoles de pilotage de l’aviation allemande étaient devenus les cibles des bombardiers britanniques. Quelques mois plus tard ce furent leurs homologues américains qui rejoignirent les cieux du Troisième Reich.
Au moment où l’Allemagne s’effondra en mai 1945 plusieurs milliers de Fw 44 Stieglitz avaient été produit en Allemagne ou sous licence à l’étranger. Ainsi des biplans de ce type furent assemblés en Argentine, en Autriche, au Brésil, en Bulgarie, et en Suède.
Après la guerre l’Armée de l’Air renaissante utilisa de 1945 à 1949 une demi-douzaine d’exemplaires. D’autres volèrent sous les couleurs des forces aériennes chiliennes, finlandaises, helvètes, et turques. Cette dernière conserva ses Stieglitz jusqu’en 1962, preuve s’il en fut de la robustesse de ce petit avion d’entraînement.
Quelques appareils furent fabriqués comme Fw 44B avec un moteur en ligne Argus As-8.
Avion profondément marquant dans l’histoire aéronautique il est aujourd’hui préservé en grand nombre dans des musées. En outre plusieurs Focke-Wulf Fw 44 Stieglitz sont également en état de vol et participent régulièrement à des meetings et à des shows aériens aussi bien en Europe qu’en Amérique du nord.
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