Face aux performances décevantes de l’avion d’attaque I.Ae.24 Calquin, l’Instituto Aerotécnico initia dès 1946 la conception d’un appareil plus performant. La Fuerza Aérea Argentina voulait également disposer d’un avion de chasse capable d’escorter ses bombardiers lourds Avro Lincoln dont elle venait de faire l’acquisition.
La conception de ce nouvel avion, désigné I.Ae.30, fut confiée à Cesare Pallavicino, ancien chef ingénieur chez l’avionneur italien Caproni. À la fin de la deuxième guerre mondiale, d’autres concepteurs talentueux furent également recrutés par l’Instituto Aerotécnico, dont le français Émile Dewoitine et l’allemand Kurt Tank, père du légendaire Focke-Wulf 190. Grâce à ces concepteurs qui se joignirent aux ingénieurs de l’Instituto Aerotécnico, la décennie 1945-1955 est souvent décrite comme l’âge d’or de l’aéronautique argentine.
D’apparence assez similaire au De Havilland Hornet, l’I.Ae.30 fut baptisé «Ñancú», en référence à un aigle indigène de la Patagonie. Contrairement au Hornet, surtout construit en bois tout comme l’I.Ae.24 Calquin, le Ñancú était entièrement métallique. L’I.Ae.30 fut motorisé avec deux Rolls-Royce Merlin 604 actionnant des hélices à quatre pales.
Le Ñancú prit l’air pour la première fois en juillet 1948. Les essais de l’appareil démontrèrent de très bonnes qualités de vol et le respect des spécifications souhaitées. Lors d’un vol trans-argentin entre Córdoba et Buenos Aires, le Ñancú fracassa même le record de vitesse sud-américain pour un avion à hélices, soit 780 km/h en vol horizontal. Ce record n’a jamais été battu à ce jour. Parmi les bimoteurs comparables de l’époque, seuls le Grumman Tigercat et le Hornet britannique, pouvaient approcher la vitesse du I.Ae.30.
La construction de trois prototypes de l’I.Ae.30 fut entreprise par la Fabrica Militar de Aviones, soit : un chasseur/attaque au sol, devant être muni de six canons Oerlikon de 20mm, un bombardier léger armé de quatre canons Hispano-Suiza de 20mm et pourvu d’une soute à bombes et un dernier doté de moteurs à réaction Rolls Royce Derwent.
Seul le premier prototype vit le jour et les essais en vol du Ñancú prirent brusquement fin au début de 1949 lorsque l’appareil fut lourdement endommagé lors d’un atterrissage raté duquel le pilote sortit heureusement indemne. Malgré les performances remarquables du Ñancú, les militaires argentins s’étaient déjà tournés vers les avions à réaction. Voulant remplacer ses chasseurs Curtiss Hawk totalement obsolètes, la Fuerza Aérea Argentina avait déjà fait l’achat de 100 Gloster Meteor F4, dont les premiers exemplaires furent livrés en 1947. Par ailleurs, l’Instituto Aerotécnico avait déjà entrepris le programme «Pulqui» visant à développer un chasseur à réaction argentin. La Fabrica Militar de Aviones décida donc d’abandonner le développement du Ñancú et ferrailla les deux autres prototypes encore à l’étape d’assemblage en usine.
Construit à l’apogée des chasseurs à hélices, aucun exemplaire de ce magnifique avion ne fut conservé. Mis à part quelques rares photographies, seul subsiste le souvenir de l’aigle de métal scintillant volant à vive allure dans le ciel argentin.
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