Au cours de la Seconde Guerre mondiale plusieurs industries aéronautiques allemandes s’essayèrent au concept de l’hélicoptère militaire. Peu d’entre elles réussirent. Parmi les rares ingénieurs à obtenir des résultats satisfaisants figurait Anton Flettner. Celui-ci avait créé sa propre société à la fin en 1935 dans l’optique de construire en grande série des hélicoptères. L’une de ses plus grandes réussites fut le Flettner Fl 282 Kolibri, un appareil utilisé durant le conflit par la Luftwaffe et la Kriegsmarine.
C’est au cours de l’année 1936 qu’Anton Flettner commença à développer sur un hélicoptère moderne. Il s’attachait à une technique particulièrement en vogue à l’époque, celle des rotors engrainés. En fait Flettner décida de moderniser cette technologie, en parallèle des travaux de son homologue français Louis Breguet. Pour réaliser ses essais il conçut un premier aéronef. Pour des raisons de simplifications techniques celui-ci était un autogire. Désigné Flettner Fl 185, il permit à l’ingénieur allemand de démontrer ses théories. Cependant son Fl 185 n’était pas un hélicoptère.
Il eut donc l’idée d’en tirer une version améliorée, pur hélicoptère cette fois ci. Désigné Fl 265 cette version conservait l’aspect général d’un autogire, mais s’en différenciait très nettement par l’absence du rotor avant.
Une fois les essais en vol débutés en mars 1939 la Luftwaffe décida de commander quarante exemplaires dans le but d’en faire des hélicoptères d’entraînement. Cependant aux vues des avancées de Flettner dans les développements ultérieurs cette commande fut ramenée à cinq hélicoptère de présérie. Lors d’un vol de propagande l’un d’entre eux réussit même à « tenir tête » à un chasseur Messerchmitt Bf 109, et ce durant une petite vingtaine de minutes.
La raison principale de l’annulation du contrat du Fl 265 s’appelait Fl 282. Il s’agissait alors du nouvel hélicoptère en cours de développement chez Flettner. A la différence de son prédécesseur celui-ci visait clairement une utilisation opérationnelle, notamment pour des missions de réglage d’artillerie, de reconnaissance à vue, et d’observation des champs de bataille.
Extérieurement, le Flettner Fl 282 se présentait sous la forme d’un hélicoptère construit en tubes d’aciers soudés les uns aux autres recouverts de panneaux métalliques et d’un entoilage imperméable. Ses deux rotors engrainés étaient propulsé par un moteur en étoile BMW Bramo Sh-14A d’une puissance de 160 chevaux. Cette technique permettait d’éviter le recours à un rotor anticouple, l’arrière de l’hélicoptère étant doté d’un empennage doté de deux petits plans de stabilisation. Le pilote et l’observateur prenaient place dans un cockpit semi-ouvert en tandem un peu particulier, en effet le bloc propulseur se trouvant entre eux. Il disposait d’une verrière amovible en plexiglas. Le Fl 282 était doté d’un train d’atterrissage tricycle fixe. Il n’emportait aucun armement. C’est dans cette configuration que le premier vol intervint le 15 février 1941. Le Fl 282 fut baptisé Kolibri.
Rapidement la Kriegsmarine passa commande pour 150 exemplaires. Il s’agissait de les embarquer à bord de certains de ses destroyers pour des missions d’observations et de recherche des navires et sous-marins alliés. Les machines destinées à l’embarquement reçurent la désignation de Fl 282B. Elles se différenciaient des versions terrestres par l’absence généralisée de la verrière amovible et par un cockpit monoplace. Ces appareils entrèrent en service dès octobre 1942. Ils étaient destinés à remplir des missions similaires aux Focke-Achgelis Fa 330 embarqués à bord des fameux U-Boots.
Dans le même temps la Luftwaffe acheta 900 de ces hélicoptères, sous la désignation de Fl 282A, c’est à dire identique au prototype. Les premiers d’entre eux furent admis au service actif au milieu de l’été 1942.
À cet instant les Flettner Fl 282 Kolibri devinrent les tout premiers hélicoptères militaires opérationnels au monde.
Bien que leur carrière fut assez discrète, aussi bien dans la Kriegsmarine que dans la Luftwaffe, les Flettner Fl 282 Kolibri réussirent notamment à remplir correctement leurs missions. Au sein de la Luftwaffe, ils volèrent au sein du Lufttransportstaffel 40, une unité dotée par ailleurs de monomoteurs Fieseler Fi 156 et de bimoteurs Siebel Si 204. Cette unité de transport vola aussi bien en Allemagne, qu’en Grèce, ou en URSS. Sur ce dernier théâtre d’opération les hélicoptères démontrèrent leurs limites : les rotors peinaient à tourner correctement et les pilotes souffraient. Dans les deux cas le responsable était le grand froid hivernal soviétique.
La production du Fl 282 Kolibri, initialement demandée à plus de 1000 exemplaires, ne dépassa pas les cinquante exemplaires. Il faut dire qu’en 1943 une première chaîne d’assemblage fut détruite par un bombardement allié, alors qu’une vingtaine d’hélicoptère attendaient d’être livrés et qu’autant étaient en cours d’assemblage. Les ateliers furent déménagés à Bad Tölz dans le sud de l’Allemagne. Cette usine fut à son tour détruite, avec cette fois-ci les bureaux d’études et la majorité des plans et cotes de l’appareil.
À la fin des hostilités plusieurs Fl 282 furent saisis par les Alliés. Deux d’entre eux traversèrent l’Atlantique à bord d’un cargo américain. Il furent testés par l’US Army Air Force, mais également par la société Kaman qui s’intéressait à cette technologie. Les enseignements tirés permirent la mise au point du célèbre Kaman H-43 Huskie. D’autres Fl 282 furent testés en France, au Royaume Uni, et en URSS. Aucun d’entre eux ne servit après guerre.
Premier hélicoptère construit en série au monde le Flettner Fl 282 Kolibri est aussi le plus célèbre appareil de son concepteur. Aujourd’hui l’un d’entre eux est préservé aux États-Unis au National Air & Space Museum.
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