En 1935, l’Allemagne nazie lança un programme afin de se doter d’un porte-avions d’un gabarit similaire aux navires britanniques ou français, c’est à dire avoisinant les 22 000 tonnes. Adolf Hitler lui-même supervisait ce projet et il donna l’ordre à Göering de rechercher plusieurs constructeurs d’avions capable de fournir des appareils expressément conçus pour servir à bord du bâtiment. Parmi les missions prioritaires à l’époque, figurait le bombardement-torpillage. Et cette mission revint à un surprenant biplan : le Fieseler Fi 167.
Le programme du porte-avions fut officiellement lancé avec l’ouverture du chantier le 8 décembre 1938, et le Fürher décida de le baptiser du nom de Graf Zeppelin, en honneur au célèbre aristocrate et concepteur des dirigeables géants. Le bâtiment devait être le premier porte-avions allemand et devait, dans le même esprit qui conduisit à concevoir le Bismarck, semer la crainte dans les esprits des ennemis du Reich. Néanmoins il n’entra jamais en service, ayant été fortement endommagé par un raid de bombardiers Bristol Blenheim de la Royal Air Force le 9 septembre 1940. Mais les programmes d’avions qui le concernaient ne furent pas pour autant abandonnés.
Le programme d’avion torpilleur chargé des missions depuis le Graf Zeppelin fut confié à deux constructeurs : Arado et Fieseler. Le premier de ceux-ci proposa le très novateur Ar 195 et le second un biplan plus classique le Fi 167. Si le premier avait les faveurs du RLM (Reichluftahrtministerium, ministère nazi de l’air) ce n’en est pas moins le second qui fut sélectionné, plus par dépit que par choix purement politique. En effet si novateur eut il été l’Arado Ar 195 présentait de grande carences, notamment sur le point de vue structurel.
Le choix de sélectionner le Fi 167 fut donc un pis-aller et Fieseler reçu l’instruction de fournir deux prototypes, désignés Fi 167V pour essais.
Le premier vol du premier prototype, Fi 167V1, eut lieu le 14 août 1939. Il s’agissait d’un biplan monomoteur biplace à cockpit fermé. L’avion était doté d’un train d’atterrissage fixe et d’une crosse d’appontage sur le côté droit du fuselage. L’armement principal de l’appareil résidant en une torpille de 765 kg, le Fi 167 fut doté d’un point d’attache sous le fuselage. Il était mû par le même moteur Daimler-Benz que les chasseurs Messerschmitt Bf 109 et Me 210. Ce moteur étant alors très disponible sur le marché, et relativement sûr.
Après le bombardement sur Hambourg et l’abandon du programme de porte-avions, il fut décidé que les douze Fieseler Fi 167A de série allaient être redirigé vers deux missions moins offensives : la reconnaissance tactique et le bombardement léger. Les avions furent délestés de leur point d’ancrage central pour torpille et doté de points similaires pour des bombes.
Un second lot de 15 avions fut également construit, mais sans aucune crosse d’appontage cette fois-ci. Six de ces avions furent d’ailleurs livrés à l’aviation croate, aux mains des Oustachis pro-nazis. Ces avions étaient tous frappés du célèbre damier rouge et blanc. Ils servirent notamment à la recherche des partizans, la résistance yougoslave.
Au sein de la Luftwaffe, la Kriegsmarine n’ayant alors pas le droit de disposer d’aéronefs, les Fi 167 furent principalement affecté aux Pays-Bas, pour des missions les amenant également dans les cieux belges et français. En outre quatre avions du second lot furent affectés au sein de l’Afrikakorps. Mais étant assez peu adaptés aux missions en zones arides, ils furent rapidement secondés par des Fieseler Fi 156. Au final les quatre biplans « africains » furent interdit de vol en janvier 1943.
Dans les rangs de la Luftwaffe ses avions demeurèrent en service jusqu’en novembre 1944. Ils effectuèrent une de leurs dernières missions importantes le 6 juin 1944 en réalisant un vol au-dessus des plages de Normandie, durant l’opération alliée Overlord. Lors de cette mission deux des trois Fi 167 furent abattus, l’un par la DCA d’un navire américain et le second par un Spitfire de la Royal Air Force.
Le Fi 167 était un piètre avion d’attaque, une machine incapable d’opérer ailleurs qu’en Europe, et enfin un biplan lent et relativement lourd. Mis à part cela, les équipages qui volaient dessus apprécièrent ses qualités à basse altitude et sa maniabilité à faible vitesse.
S’il a peu servi pour sa mission initiale, le torpillage, il sut rendre de grands services en tant que bombardier léger et avion de reconnaissance armée ou d’observation, en particulier dans les Balkans.
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