Mondialement connu sous le surnom de Gina, le chasseur léger à réaction Fiat G.91 permit à l’industrie aéronautique italienne de se remettre très clairement sur les rails, après les années de vache maigre consécutives à l’immédiat après guerre. Ce jet monoréacteur qui remporta en son temps un concours lancé par l’OTAN permit à l’avionneur de vendre des avions à des clients aussi différents l’Allemagne de l’ouest ou le Portugal, et même de le voir tester par les pilotes d’essais américains. À l’instar de ce qui passa aux États-Unis avec l’intercepteur Northrop F-5A Freedom Fighter et son dérivé d’entraînement T-38 Talon, le G.91 donna naissance à une version d’entraînement avancée particulièrement réussie, le G.91T.
Au milieu des années 1950 l’entraînement des pilotes se reposait principalement sur des jets d’entraînement léger et sur de vieux monomoteurs à pistons, souvent dérivés d’avions de combat de la Seconde Guerre mondiale. Toutefois avec la modernisation grandissante des avions de combat à réaction, il devenait de plus en plus évident qu’un nouvel aéronef d’instruction plus puissant se faisait sentir.
Les ingénieurs italiens de Fiat eurent alors l’idée de modifier un Fiat G.91R en biplace en tandem. Les travaux débutèrent en 1958. Le premier avion sortit donc des ateliers de Caselle, en banlieue de Turin, au début de l’année 1960. Le nouveau jet fut désigné Fiat G.91T et conserva le nom de Gina.
Extérieurement cet avion se distinguait de son homologue de chasse par son double cockpit, par un fuselage sensiblement rallongé, et par un armement largement modifié qui s’appuyait sur deux mitrailleuses Colt-Browning d’un calibre unitaire de 12.7mm tirant depuis le fuselage. Deux points d’emport sous les ailes permettaient le tir de bombes légères d’entraînement ou de roquettes contenues dans des paniers de contenance divers.
C’est dans cette configuration qu’eut lieu le premier vol de l’appareil le 31 mai 1960.
Immédiatement l’avion fut commandé à 76 exemplaires pour l’entraînement avancé des futurs pilotes de l’Aeronautica Militare Italiana qui les affecta principalement au sein de l’école d’aviation avancée d’Amendola. Là les jeunes stagiaires transalpins se perfectionnaient sur les Gina avant de passer sur des avions de combat plus modernes. Les G.91T-1 Gina de l’aviation italienne étaient alors les avions de formation les plus rapides en Europe, loin devant le Fouga CM.170 Magister français, mais surtout c’étaient des appareils très proches des chasseurs dans leur pilotage. Ils étaient parmi les premiers avions d’entraînement à disposer de bidons de carburant largable en vol.
En 1962, après l’achat de G.91R, la Força Aeréa Portuguesa fit l’acquisition de dix-huit G.91T pour l’entraînement de ses pilotes. Affectés principalement à une école d’aviation basée dans la banlieue de Lisbonne, quelques exemplaires furent toutefois envoyés à Esquadra 304. Lorsque les Gina de combat furent retirés du service, au profit du Vought A-7P Corsair II, les G.91T demeurèrent en service, à la fois pour l’entraînement avancé, mais aussi pour les missions de liaisons et de communication, un peu à la manière des Morane-Saulnier MS.760 Paris de l’Armée de l’Air et de la Marine Nationale. Les G.91T demeurèrent en service jusqu’en 1998.
Mais le principal utilisateur à l’export fut la Luftwaffe. En effet l’Allemagne de l’ouest fit l’acquisition de soixante-six avions, dont un tiers fut assemblé sous licence par Dornier. La majorité des G.91T Gina allemands fut affectée à l’école de chasse d’Erding, tandis que d’autres exemplaires rejoignaient le JG-43, une unité de chasse qui volait alors sur McDonnell Douglas F-4 Phantom II.
À l’instar de ce qui se passa au Portugal quelques années plus tard, la Luftwaffe conserva ses Gina d’entraînement jusqu’à l’arrivée en unité des Dassault-Breguet / Dornier Alpha Jet conçus conjointement par les industries aéronautiques allemandes et françaises.
S’il ne fut pas le premier véritable jet d’entraînement conçu en Italie, la palme revenant à l’Aermacchi MB-326, le G.91T Gina permit au moins aux industriels italiens de développer un monoréacteur de formation véritablement robuste et apte à la formation des pilotes de chasse. Il est d’ailleurs à remarquer que sa carrière fut étroitement liée à celle d’un des plus mythiques jets de la Guerre Froide, le Lockheed F-104 Starfighter.
Aujourd’hui plusieurs G.91T sont préservés dans des musées aéronautiques, notamment en Italie.
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