Les badauds et les passionnés qui chaque année se rendent par milliers au Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget découvrent souvent des merveilles dans ses collections. Au sein de la Grande Galerie, sorte de galerie de l’évolution aéronautique, ils peuvent tutoyer la préhistoire de l’aviation. Et beaucoup sont surpris par un drôle de biplan reprenant les couleurs belges. Pourtant cette machine n’est pas née outre-Quiévrain mais bien en France. Il s’agit d’un appareil qui a connu le feu durant la Première Guerre mondiale et permit de défricher bien des domaines de vol dans le monde militaire. Cet avion est le Farman MF-7, connu dans le monde anglosaxon comme Longhorn.
C’est en 1913 que l’aviateur et ingénieur Maurice Farman décida de développer un avion d’entraînement destiné autant à fournir des pilotes civils que militaires. Car malgré les réticences de grand état-major parisien Maurice Farman en était alors persuadé : l’aéroplane était l’avenir de la guerre. Il avait cependant la très grande majorité des généraux français contre lui. Malgré cela il tenta sa chance auprès du ministère de la Guerre qui accepta de financer un tel aéronef. Il fut alors connu comme Farman Type 1913.
Pour son constructeur l’avion prenait la désignation de MF-7, les premières lettres étant ses initiales. En fait celui-ci reprenait les travaux d’une machine civile produite depuis 1910 sous la désignation de Farman VII mais totalement inadapté au monde militaire. Dans l’idée de Maurice Farman son avion devait être bien plus qu’une machine de formation, il avait une vraie vocation à rendre des services au-dessus du champ de bataille.
Finalement le prototype du Farman MF-7 vola pour la première fois en juin 1913, et fut présenté quelques jours plus tard devant un aréopage de généraux. Ce jour là d’ailleurs le général de corps d’armée Ferdinand Foch déclara à l’issu de la démonstration : «c’est amusant à voir mais l’aviation pour l’armée c’est zéro !».
Malgré cela une commande fut passée par le ministère de la guerre pour vingt Farman MF-7. L’aéroplane était à la mode dans les états-majors. Allemands et Britanniques s’y intéressaient les Français ne pouvaient donc pas rester à la traîne.
C’est à Buc, non loin de Versailles, que Maurice Farman ouvrit une première école d’aviation à destination des militaires. Des officiers de cavalerie et du génie, tous issus de Saint-Cyr ou de Polytechnique, allaient y être formés. Certains pourtant traînaient des pieds pour y entrer, préférant les chevaux aux aéroplanes.
Quand la Première Guerre mondiale éclata l’armé française comprit l’intérêt de l’avion pour repérer les mouvements des troupes ennemies. Et logiquement pour les premières missions elle se tourna vers le Farman MF-7. Ces avions furent ainsi fabriqués en plus grand nombre et utilisés aussi bien pour la reconnaissance et l’observation que pour l’entraînement.
Extérieurement le Farman MF-7 se présentait sous la forme d’un biplan d’envergure inégale construit en bois et toile. Sa motorisation tournait autour d’un Renault à huit cylindres en V d’une puissance de 70 chevaux entraînant une hélice propulsive bipale en bois. L’espace libérée vers l’avant par cette dernière permit au MF-7 d’être doté d’un empennage Canard relié au train d’atterrissage classique fixes par de grands patins assurant sa stabilité au sol. Les deux membres d’équipage disposait d’un poste de pilote à l’air libre biplace en tandem.
La masse à vide l’avion était d’à peine 580 kilogrammes.
Au fur et à mesure que la Première Guerre mondiale se répandait l’avionneur modernisa son biplan. Alors que l’Aéronautique Militaire rendait obligatoire la présence d’une arme de poing à bord des MF-7 en mission de réglage de tirs d’artillerie et d’observation des lignes ennemies le constructeur proposa que l’avion accueille un arsenal léger. Celui-ci se résumait bien souvent à une quinzaine de balles Lebon. Ces dernières étaient des fléchettes en acier de onze centimètres de long et cinquante grammes qui lâchées à la main pouvait faire de gros dégâts sur les Zeppelins ou même sur les campements allemands.
Quelques essais furent également réalisés de lancement à la main de grenades et de bombes légères mais sans résultat.
Les alliés de la France ne se firent pas priés pour commander ce biplan. À l’étranger le Farman MF-7 fut principalement utilisé comme avion d’entraînement. On en trouva au sein des forces australiennes, belges, britanniques, danoises, espagnoles, grecques, italiennes, japonaises, mexicaines, norvégiennes, et russes. Australiens et Britanniques décidèrent de lui octroyer le patronyme de Longhorn, en référence aux contre-fiches qui reliaient le plan Canard aux roues.
En Grande Bretagne d’ailleurs la société Shorts Brothers assembla une cinquantaine de MF-7 autour d’un moteur Rolls-Royce de 75 chevaux. Ils furent désignés S.7 Longhorn et utilisés notamment pour la surveillance côtière. L’avion de Maurice Farman venait d’ajouter une corde à son arc grâce au Royal Flying Corps.
Si l’automne 1915 marqua le retrait de la première ligne des Farman MF-7 français, mais aussi belges et britanniques, cela ne sonna pas pour autant le glas de cet avion. Comme machine d’entraînement il fut utilisé jusqu’à la fin du conflit. Dans les Balkans la Grèce employa avec succès ses MF-7 jusqu’en 1919 tandis que Mexicains et Norvégiens les firent voler jusqu’au milieu des années 1920. Une époque où objectivement ils étaient obsolètes, même comme avions-écoles.
Durant la guerre plusieurs exemplaires tombés entre les lignes ennemies furent essayés par les Allemands et les Austro-Hongrois.
Avion important pour la construction même des forces aériennes européennes le Farman MF-7 donna naissance au fameux MF-11, un des premiers avions d’armes réellement efficace. Le MF-7 ne doit cependant pas être confondu avec le Farman HF-7 conçu lui par Henri Farman.
Outre au Bourget on retrouve des Farman MF-7 d’origine exposés en Grèce, en Norvège, et au Royaume-Uni.
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