Pour beaucoup la Guerre du Pacifique fut mené quasi exclusivement par les Américains, les Australiens, et les Néo-Zélandais dans le camp allié. Toutefois les Britanniques engagèrent des navires et des aéronefs dans cette partie de la Seconde Guerre mondiale. Tirant les enseignements de leurs engagements contre l’aviation et la marine impériale nipponne, la Fleet Air Arm chercha à se doter d’aéronefs spécifiquement conçus pour ce théâtre d’opérations. C’est ainsi que Fairey créa un ambitieux bombardier torpilleur embarqué : le Spearfish.
L’Air Ministry émit la Specification 5/43 relative à un torpilleur embarqué, ayant des capacités secondaires de bombardier léger à basse altitude. En effet, les pilotes de la Royal Navy avaient remarqué que le Fairey Barracuda, alors principal avion de ce type en service sur les porte-avions britanniques, était plus à même de chasser les sous-marins allemands que japonais, ces derniers évoluant principalement en profondeur moyenne. Après avoir évalué une version améliorée du Supermarine Model-322, le concurrent malheureux du Barracuda, la Royal Navy passa commande pour un prototype du Fairey TB (pour Torpedo Bomber) qu’elle désigna directement Spearfish.
Celui-ci se présentait sous la forme d’un monoplan à aile médiane monomoteur biplace en tandem. Il était propulsé par un moteur à 18 cylindres en étoile Bristol Centaurus Mk-57 d’une puissance de 2 585 chevaux entraînant une hélice en métal à cinq pales. Construit entièrement en métal le Spearfish disposait d’un train d’atterrissage tricycle escamotable renforcé et d’une crosse d’appontage. Son armement se composait de deux mitrailleuses Browning M2 d’un calibre de 12.7mm dans les ailes et de deux armes similaires dans une tourelle automatique dorsale type FN95 fonctionnant par servocommande électrique. Une soute était installée dans le fuselage de l’avion pour l’emport d’une torpille ou d’une charge de bombe pouvant atteindre 900kg. Enfin, le Spearfish était prévu pour tirer jusqu’à seize roquettes de 127mm installées sous les ailes. Le prototype du Spearfish réalisa son premier vol en juillet 1945.
Immédiatement, l’Amirauté passa commande pour 152 exemplaires. Toutefois la cessation des hostilités un mois plus tard fit que la Royal Navy révisa sa commande et la rapporta à quarante appareils, dont quatre de présérie. Lors des essais en vol de l’un d’eux, le pilote eut un grave problème dans le tir de sa torpille et dut rentrer à sa base avec celle ci armée et prête à être tirée, avec en plus la soute demeurée ouverte. Les ingénieurs de Fairey tentèrent de régler le souci mais le mal était fait et le Spearfish venait de perdre la confiance de la Fleet Air Arm. D’autant qu’à cette époque, les Britanniques utilisaient massivement le Grumman Avenger, en sus du Barracuda.
Fin 1945, l’Air Ministry et l’Amirauté assenèrent le coup fatal au Spearfish en lançant la Specification 17/45 relative à un appareil de lutte anti-sous-marine, et plus simplement à un torpilleur. Celle-ci allait donner naissance quelques mois plus tard au Gannet, la revanche de Fairey sur la Royal Navy.
Au total, cinq Spearfish seulement furent assemblés. Au cours des essais ces avions, particulièrement modernes et ambitieux, se révélèrent de médiocres torpilleurs, inférieurs aux Avenger, Barracuda, et Firebrand, pourtant tous plus anciens. Mais surtout, le Spearfish démontra la fin des torpilleurs, délaissés au profit d’avions de lutte ASM plus sophistiqués et surtout plus polyvalents. Toutefois, cet avion fut un des plus puissants monomoteurs à avoir porté les couleurs et les cocardes de la Fleet Air Arm.
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