S’il est une spécialité dans l’aéronautique militaire qui a toujours fait la fierté des militaires américains de par leur professionnalisme et leur aptitude à aligner des aéronefs adaptés c’est bien la reconnaissance. Qu’elle soit tactique ou stratégique, réalisée par un avion piloté ou par un drone celle-ci a toujours été réalisée avec le plus grand soin par les forces américaines. Des avions de légende l’ont effectué pour l’Oncle Sam : les Lockheed U-2 et SR-71 bien entendu mais aussi un peu plus loin de nous le Northrop F-15. Pourtant les débuts de cette mission sous l’uniforme américaine ne furent pas vraiment couronnés de succès. Pis même le premier avion de reconnaissance américain laissa un goût si amer à ses utilisateurs qu’il fallut attendre huit ans après son retrait du service pour lui trouver un successeur. Il s’agissait du monomoteur Fairchild F-1.
À la toute fin des années 1920 la reconnaissance tactique existait dans toutes les grandes forces aériennes américaines mais pas au sein de l’US Army Air Corps. L’expertise qu’avaient acquis les militaires américains durant la Première Guerre mondiale s’évapora après le retrait du service de leurs biplans Airco D.H.9 quelques années plus tôt.
Pour autant peu d’avions à cette époque se prêtaient à une telle utilisation. On envisagea rapidement alors d’avoir recours à des machines civiles.
Les militaires américains approchèrent trois avionneurs : Bellanca, Fairchild, et Ryan. Le premier proposa son CH-200 Pacemaker, le deuxième son Model 71, et enfin le troisième son B-1 Brougham. Points communs : tous trois étaient des avions de brousse.
Dès l’année 1929 le choix était fait, ce serait le Fairchild 71. Pour autant aucun crédit n’existait alors pour un avion de reconnaissance et l’avionneur refusa catégoriquement de prêter un exemplaire à l’US Army Air Corps.
C’est pourquoi un montage assez particulier eut lieu. L’avion fut acheté comme prototype d’un appareil de transport léger sous la désignation XC-8.
Pour autant à peine livré en février 1930 le Fairchild XC-8 fut désigné XF-1, devenant ainsi le premier véritable avion de reconnaissance des États-Unis. Finalement les premiers essais d’emport d’appareils photo démontrèrent que le XF-1 était parfaitement adapté à cette mission.
Résultat en avril 1930 un lot de huit avions de présérie fut commandé sous la désignation de Fairchild YF-1. Quelques semaines après la signature de ce contrat le prototype XF-1 s’écrasa. Nous étions alors le 20 mai 1930.
Les premiers Fairchild YF-1 furent livrés en juin 1930, les derniers en août. Ces avions ne participèrent à aucune manœuvre aérienne américaine, l’état-major de l’US Army n’ayant aucune mission pour eux. De ce fait les équipes de l’US Army Air Corps durent créer leurs propres missions. Ils expédièrent les huit avions aux quatre coins des États-Unis afin qu’ils réalisent des travaux de cartographie aérienne. Grâce à leurs caméras et appareils photos de focale 152 et 305mm les YF-1 permirent photographier certains aspects du territoire américain jusque là mal connus, notamment les chutes du Niagara, le désert de Mojave, ou encore les forêts primaires du Dakota du nord.
Devant ces succès l’US Army Air Corps réussit à obtenir des crédits pour acquérir six avions de série désignés F-1A.
Extérieurement le Fairchild F-1 ne variait pas du Model 71 civil. Comme lui il s’agissait d’un monoplan à aile haute de construction métallique, et doté d’un train d’atterrissage classique fixe à large voie. La motorisation était assurée par un Pratt & Whitney R-1340-9 d’une puissance de 450 chevaux entraînant une hélice bipale en métal. L’aménagement intérieur de l’avion fut revue et corrigée. Les caméras et appareils photos ainsi que leurs coffrages prenaient toute la place dans les avions tandis que le poste de pilotage biplace côte à côte n’était pas fermé par rapport à la cabine.
À l’été 1931 trois Fairchild F-1 furent engagés dans une série de manœuvres aériennes aux côtés de chasseurs biplans Curtiss P-6A Hawk et de bombardiers Curtiss B-2 Condor et Keystone LB-7 Panther. Les monoplans de reconnaissance permirent de défricher le domaine de vol des missions post-bombardements. Malgré ces succès et la reconnaissance de l’US Army Corps l’état-major de l’US Army ne voyait toujours pas quel intérêt tirer d’avions militaires non armés, et seulement équiper d’appareils photos et de caméras de cinéma.
C’est pourquoi en mars 1932 il fut décidé de suspendre l’activité des quatorze avions.
Afin de ne pas perdre la face l’état-major de l’US Army ordonna à l’US Army Air Corps de retransformer les YF-1 et F-1A en avions de soutien logistique. Ils furent respectivement désignés C-8 et C-8A. Ils ne servirent dans ce rôle que quelques mois avant d’être définitivement retirés du service avant l’été 1933.
Après mars 1932 l’US Air Corps dut attendre juin 1940 et la transformation de treize bimoteurs Beechcraft UC-45A Expeditor pour obtenir leurs F-2, le deuxième avion de reconnaissance américain. Par la suite les forces américaines alignèrent sans discontinuer des machines sans cesse plus modernes les unes vis à vis des autres ; jusqu’à aujourd’hui.
En 2021 il ne demeure plus rien du Fairchild F-1. Les avions ont disparu. Pour autant il demeure encore aujourd’hui le tout premier avion de reconnaissance construit aux États-Unis. Il a une certaine parenté avec le Fairchild Canada FC-71 construit un peu plus au nord, et ayant lui connu une carrière militaire au sein de la Royal Canadian Air Force.
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