Face au succès de son avion de brousse FC-71C, et à la demande des opérateurs privés souhaitant disposer d’un appareil capable de transporter des charges plus lourdes, Fairchild Canada se lança en 1934 dans le développement du modèle Super 71. De conception avant-gardiste pour l’époque, le Super 71 ne connût pas le succès escompté car sa carlingue monocoque en aluminium était jugée trop compliquée à réparer par les opérateurs d’avions de brousse voulant un appareil plus traditionnel. De plus, l’emplacement inhabituel de la cabine de pilotage du Super 71 ne plaisait pas à la plupart des pilotes. L’expérience acquise avec le Super 71 mena dès l’année suivante au développement d’un appareil plus conventionnel, le Fairchild FC-82 qui retint tout de même plusieurs innovations du Super 71.
Qualifié de véritable camion volant, le Fairchild 82 pouvait accueillir jusqu’à dix passagers, ou une tonne de fret. Les sièges repliables permettaient une souplesse de configurations passagers/cargo selon les besoins du moment. De larges portes de chaque côté du fuselage facilitait le chargement de cargo. Pouvant être équipé aussi bien de flotteurs, de skis que de roues, le FC-82 pouvait répondre ainsi à diverses conditions d’opération. Dans sa version hydravion, il pouvait emporter un canot fixé sur les montants de ses flotteurs. Un élément de sécurité, apprécié des pilotes de brousse volant dans des conditions fréquemment difficiles, fut le toit coulissant au-dessus de la cabine de pilotage pour faciliter l’évacuation en cas d’amerrissage forcé. Cela facilitait également l’accès aux ailes, en cas de besoin.
Dans une version hydravion, le prototype du Fairchild 82 s’envola pour la première fois en juillet 1935 en déjaugeant du fleuve Saint-Laurent près de Longueuil. Dès son apparition, il a été adopté par les pilotes de brousse, s’avérant l’un des avions les plus fiables et sillonnera les cieux nordiques du Canada et de l’Alaska jusque dans les années 1960. Certains préféraient même le Fairchild 82 au plus moderne Noorduyn Norseman. Toutefois, ni l’Aviation royale canadienne, ni l’armée de l’air américaine, n’en firent usage. Quelques appareils FC-82 ont été acquis par les gouvernements du Mexique et de l’Argentine pour la photographie en haute altitude. Sous les couleurs de la Fuerza Aérea Argentina, deux de ces appareils volèrent jusqu’en 1963. L’Armada Argentina fit également usage d’un Fairchild 82 à des fins similaires. Enfin, un seul FC-82 porta également les couleurs de la Venezuela Aviación Militar. Aussi, un certain nombre d’appareils Fairchild 82 furent utilisés pour des liaisons aéropostales ainsi que desservir des lignes aériennes, malgré le confort bien relatif qu’il offrait aux passagers.
Bien que fort apprécié, la fabrication du Fairchild 82 fut abruptement stoppée en 1939 pour faire place à la production du bombardier léger Bolingbroke afin de répondre à une commande de l’ARC qui avait un urgent besoin d’avions de patrouille pour défendre les côtes du Canada qui venait d’entrer en guerre. Seuls 24 appareils Fairchild 82 furent conséquemment assemblés. À la fin des hostilités, Fairchild Canada tenta de retourner au marché civil avec le développement d’un avion de brousse plus moderne et de construction entièrement métallique. Bien qu’innovant à bien des égards, le Fairchild F-11 Husky dût faire face à un important surplus d’appareils Noorduyn Norseman démobilisés de l’armée de l’air américaine ainsi qu’au tout nouveau DHC-2 Beaver. Fairchild Canada ferma ses portes après avoir produit seulement une douzaine de F-11 Husky.
En 1964, le dernier Fairchild 82 encore en service (CF-MAK) disparût dans l’immensité des Territoires du Nord-Ouest canadien avec une équipe de géologues à son bord. Le mystère de cette disparition ne fut élucidé qu’en 2003 lorsque que l’épave de l’avion fut retrouvée par hasard. Bien avant cet évènement, les appareils Fairchild 71 et 82 étaient déjà devenus des avions de brousse légendaires car ils ont largement contribué à la cartographie de l’Alaska et du nord canadien, à son exploration géologique et au désenclavement des communautés nordiques auparavant isolées. Restauré aux couleurs de Canadian Pacific Airlines, on peut aujourd’hui admirer un des rares exemplaires du Faichild 82 au Musée de l’aviation et de l’espace du Canada à Ottawa. Un autre FC-82, celui-là avec une livrée militaire, est exposé au Museo Nacional de Aeronautica à Morón en Argentine.
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