Après le succès limité du BK-117, il était évident pour les responsables d’Eurocopter que trouver un successeur ne serait pas très difficile. Seulement voilà les fonds manquaient dans les années 90, et c’est la raison pour laquelle on conserva la cellule d’origine, tout en la modifiant profondément de manière à donner naissance à une machine radicalement nouvelle. Un temps désigné BK-117C, cet appareil devint très rapidement l’Eurocopter EC-145.
Si on excepte l’allure générale de l’appareil, il faut bien remarquer que le BK-117 et l’EC-145 n’ont plus grand chose en commun. Mieux, le nouvel hélicoptère fut un temps présenté comme un hybride entre l’appareil germano-japonais et l’EC-135, alors en cours de construction. Les deux turbomoteurs américains avaient laissés la place à des Turboméca Arriel français d’une puissance nominale de 738 chevaux. Le cockpit avait été repensé de manière à optimiser les commandes de vol électrique et le vol de nuit sous JVN. Les ingénieurs d’Eurocopter pensèrent un temps installer un rotor anticouple type Fenéstron, mais finalement ils conservèrent la formule classique. C’est dans cette configuration que le premier appareil réalisa son vol inaugural le 12 juin 1999.
Eurocopter ne visait pas uniquement les marchés civils et parapubliques, mais également le marché militaire pour son nouvel appareil.
Début 2002, l’une des toutes premières commandes provient de la Gendarmerie Nationale qui décide d’acquérir quinze EC-145 pour remplacer définitivement ses dernières Alouette III. L’EC-145 entrera en service opérationnel l’année suivante. Pour les gendarmes français, cet hélicoptère permet d’accroître les moyens d’accueil des unités, la cabine étant pratiquement deux fois plus vaste que celle de la vénérable Alouette III. Les EC-145 sont donc désormais de toutes les missions de la Gendarmerie Nationale : le sauvetage en haute montagne, la surveillance des axes routiers, la surveillance urbaine comme lors des émeutes de novembre 2005, ou encore le soutien opérationnel au GIGN. Pour ces derniers l’EC-145 est donc un outil pleinement adapté, y compris lors d’entraînement au saut en parachute. Six machines supplémentaires sont commandées en 2009. Les EC-145 bleus et blancs sont déployés sur l’ensemble du territoire français, métropolitain et ultramarin.
En septembre 2002, c’est le ministère français de l’intérieur qui reçoit les premiers exemplaires de son lot de 32 Eurocopter EC-145 commandés pour les besoins de la Sécurité Civile. L’heure est également arrivée pour ces sauveteurs de ses séparer des Alouette III et c’est donc naturellement vers l’hélicoptère européen qu’ils se sont tournés. Ces nouveaux Dragon, indicatif radio des hélicos de la Sécurité Civile, vont donc devenir très familiers des Français mais aussi des touristes. Outre leur mission d’évacuation sanitaire et de sauvetage en mer, les EC-145 sont utilisés comme poste de commandement volant pour la lutte contre les feux de forêt, guidant si nécessaires les CL-415 et Dash 8 bombardiers d’eau. A l’instar du GIGN, le RAID – l’unité d’élite de la Police Nationale – va pleinement adopter l’EC-145. En effet, les machines de la Sécurité Civile sont mises au service des policiers nationaux. Du Mont-Saint-Michel au Ballon d’Alsace, en passant par les plages de la Côte d’Azur et la région parisienne ces hélicoptères sillonnent quotidiennement les cieux pour sauver des vies.
La surprise vient en 2006 de l’autre côté de l’Atlantique. En effet, le Department of Defence (DoD, ministère américain de la défense) annonce que l’Eurocopter EC-145 sort victorieux du programme LUH (pour Light Utility Helicopter, hélicoptère utilitaire léger) visant au remplacement progressif des Bell OH-58A/B/C et des derniers Bell UH-1H/V. En somme l’EC-145 devient la nouvelle machine standard de l’US Army. Le contrat initial porte sur 345 hélicoptères, dont une majorité sont prévus d’assemblage aux Etats-Unis, par American Eurocopter. L’appareil reçoit la désignation d’UH-72A et le nom de baptême de Lakota. Début 2013 l’US Navy décide quant à elle de commander en série cinq EC-145 auprès d’American Eurocopter. Désignés UH-72B, ils entrent en service dès mars 2013 auprès de l’US Naval Test Pilot School, l’école des pilotes d’essais de la marine américaine. Ces cinq hélicoptères sont dédiés au soutien opérationnel et à l’entraînement des élèves. Ils remplacent donc les deux Bell UH-1N ainsi que les six Hughes TH-6B Osage.
Après l’échec du programme de développement du Comanche, l’US Army se cherche toujours un hélicoptère de reconnaissance armée destiné au remplacement des OH-58D Kiowa Warrior. Désigné AAS (pour Armed Aerial Scout, reconnaissance aérienne armée en français) ce programme oppose donc plusieurs constructeurs dont Eurocopter et son EC-145 dans une version désignée temporairement AAS-72X. Selon de nombreux médias américains l’hélicoptère franco-allemand semble le mieux parti pour l’emporter, grâce notamment à la flexibilité d’emploi qu’il représenterait aux côtés du Lakota. Ses deux plus sérieux concurrents sont l’AH-6S Phoenix, une version dérivée du Little Bird, et le tout nouveau Sikorsky S-97 Raider. La décision sera rendue fin 2015.
En 2013, EADS, maison mère d’Eurocopter, a entrepris un chantier de transformation d’un EC-145 en drone, et ce jusqu’au vol réalisé sans pilote à l’intérieur de l’appareil. Cette prouesse technologique avait déjà été réalisé quelques mois auparavant par Boeing sur un AH-6 largement modifié.
A n’en pas douter l’EC-145 est d’ores et déjà un succès pour Eurocopter. Outre les clients déjà évoqués, des machines volent pour des clients militaires et/ou parapubliques en Allemagne, en Bolivie, au Kazakhstan, en Lituanie, au Maroc, aux Philippines, au Royaume-Uni, en Russie, en Suisse et en Ukraine. La désignation EC-145 est utilisé pour les appareils civils et parapubliques, tandis que l’EC-645 désigne spécifiquement les appareils militaires et armés, tels l’AAS-72X.
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