Le 1er janvier 1992, l’hélicoptériste français Aérospatiale fusionna avec son homologue et concurrent allemand MBB (Messerschmitt-Bölkow-Blohm) afin de donner naissance à une nouvelle entité Eurocopter. Clairement décidés à ravir la première place mondiale du marché des producteurs et vendeurs de voilure tournante, cette entreprise était également orientée vers un programme qui devait déboucher quelques années plus tard sur l’EC665. Cependant l’hélicoptère de combat n’était pas le seul appareil militaire que les Français et les Allemands comptaient commercialiser ensemble. C’est ainsi qu’ils décidèrent de réorienter complètement le marketing des AS-355M, la version militaire de l’Ecureuil 2, en la rebaptisant AS.555 Fennec.
En fait, sur l’appareil brut seule la désignation changeait. Mais le véritable secret du Fennec vis à vis de l’Ecureuil 2, c’était sa capacité à se rendre le plus polyvalent possible. Bien entendu, il fallait lui permettre de servir à l’entraînement, aux liaisons, aux missions de sauvetage, voire à l’observation. Mais Eurocopter comptait bien en faire une machine de guerre. L’hélicoptère devait donc pouvoir emporter des armements divers et variés, allant du missile antichar au canon mitrailleur, en passant par les torpilles, voire les missiles anti-navire légers.
Dès lors plusieurs versions furent proposées. Outre l’AS.555AF qui n’était ni plus ni moins que l’ancien AS.355M, il y eut des versions terrestres armées (AS.555AN & AS.555AR), des versions navales armées (AS.555MR, AS.555SN, AS.555SP, et AS.555SR), des versions utilitaires (AS-555MN & AS-555UR), une version d’entraînement (AS-555UN), et une version de sauvetage en mer (AS.555MN). Cela laissait aux utilisateurs potentiels un choix large, et totalement adaptable à leurs besoins.
Bien qu’européenne, la société Eurocopter laissait pleinement les actions autours du Fennec à sa branche française, le Fennec n’incorporant presque aucune technologie allemande. Cette tendance fut telle que jamais les forces armées ou aériennes allemands ne cherchèrent à se doter de cet hélicoptère alors même qu’elles avaient ça et là quelques Ecureuil.
Sans être un succès phénoménal comparable à l’Alouette III ou à la Gazelle, le Fennec a connu quelques beaux contrats à l’export. Notamment avec la Marine argentine qui en a fait à la fin des années 90 son principal hélicoptère embarqué de lutte contre les submersibles. Pour ce faire, ses AS-555SN embarquent un gros radar de recherche Bendix sous le nez de l’appareil qui peut le cas échéant emporter une torpille sous le fuselage. Depuis 2009, l’Argentine a également engagé ses Fennec embarqués dans la lutte contre la piraterie maritime aux côtés des forces internationales dans l’océan indien. Ils y servent principalement désarmés, pour des missions de surveillance de surface et de reconnaissance nocturne, notamment aux côtés des SH-60 Seahawk américains et des AS-565 Panther français de la Flottille 36F. Les Fennec argentins démontrent quotidiennement les talents d’hélicoptère naval de cette machine.
C’est justement une version navale qui mit le Fennec sous les feux des projecteurs en janvier 2011 lorsqu’un hélicoptère appartenant à la marine de Malaisie participa à la libération d’un chimiquier pris en otage par des pirates au large de la Somalie. L’AS-555SN guida deux Blackhawk, chargés de commandos, jusqu’au navire. Celui-ci fut libéré et les malfaiteurs arrêtés. Le Fennec, outre sa mission d’éclairage, apportait un appui aérien substantiel grâce à sa mitrailleuse rotative type Minigun.
En France, le Fennec est l’un des appareils militaires que la population est la plus habituée à voir. Depuis les années 90, les appareils appartenant à l’Armée de l’Air, des AS-555AN, assurent la délicate mission dite de MASA (pour Mesure Active de Sûreté Aérienne) qui consiste non seulement à surveiller le ciel en permanence, un peu à la manière d’une police des airs, mais surtout à intercepter d’éventuels aéronefs légers (hélicoptères, ULM, avions de tourisme) dont le comportement pourrait sembler suspect voire dangereux. Les hélicoptères sont alors plus efficaces et moins coûteux que des chasseurs comme le Mirage 2000. Si les Fennec MASA sont fréquents au-dessus de grandes métropoles comme Paris, Lyon, Marseille, Lille, ou encore Strasbourg, il ne faut pas oublier que l’Armée de l’Air peut également les déployer pour couvrir des actions ponctuelles, comme la visite du pape Benoît XVI, les festivités du 65ème anniversaire du Débarquement de Normandie en présence du Président des Etats-Unis Barack Obama, ou encore lors des matchs de football de la Coupe du Monde 1998 où les dirigeants politiques étaient nombreux. Une permanence de Fennec MASA est également maintenue en permanence sur le pas de tir spatial de Kourou, en Guyane française, où les militaires assurent la sécurité de la fusée Ariane et du personnel.
Au cours des missions MASA, le Fennec peut emporter un canon mitrailleur de calibre 20mm montée sur un de ses patins. Toutefois, il emporte généralement un armement plus discret, composé de d’un ou deux tireurs d’élite avec des armes précises et fiables, type fusils et fusils d’assaut.
Les AS.555AN de l’Armée de l’Air assurent également des missions plus pacifiques comme la liaison, l’évacuation sanitaire, l’entraînement, ou encore la surveillance urbaine. Dans ce dernier cas, et notamment en rapport avec les autorités de gendarmerie ou de police, les Fennec emportent un système de repérage passif tous temps à longue portée, les fameux FLIR.
Après avoir longtemps portées des livrées deux tons camouflées vertes et brunes, les Fennec de l’Armée de l’Air sont désormais uniformément gris.
Mais en France l’Armée de l’Air n’est pas la seule utilisatrice du Fennec. En effet, l’Aviation Légère de l’Armée de Terre (ALAT) utilise une quinzaine de ces machines depuis sa base du Luc dans le Var pour la mission d’entraînement IFR des futurs pilotes. Après un cursus initial passé sur EC120 Colibri et sur Gazelle, les jeunes pilotes découvrent le biturbine sur AS.555UN. Ces appareils ont le mérite d’être plus flexible d’emploi que les lourds Puma de transport.
Outre les pays nommés précédemment, des AS.555 Fennec ont été livrés à la Colombie, à l’Equateur, au Mexique, et aux Philippines.
Par ailleurs depuis 1995, Eurocopter a rebaptisé AS.550 les AS.350L, c’est à dire les versions de combat de l’Ecureuil monoturbine. Même si certains sont désignés Fennec, la majorité continue de les surnommer AS.350 Ecureuil.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.