En 1995, la France conclue un partenariat avec Israël en matière de drones. L’accord porte sur la fourniture de drones Hunter à la France et sur la conception d’un drone commun. Le projet consiste à développer un Système intérimaire de drone MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) en adaptant le drone Heron aux besoins français. Les travaux débutent en 2001.
Le Heron est en effet prometteur mais les besoins opérationnels des français et des israéliens sont différents: alors que la Heyl Ha’ Havir (armée de l’air israélienne) mène des opérations à proximité immédiate de ses bases et en plaine, l’Armée de l’air souhaite s’affranchir des distances et du relief qui rompent le signal radio qui lie l’avion à son pilote, car son avion aura vocation à être engagé sur tout le territoire français et en opérations. En conséquence, l’essentiel des travaux consiste à ajouter au Heron une antenne satellitaire qui reste orientée vers un satellite déterminé quelque soit la position de l’avion. Ce lien par satellite permet de diriger l’avion et de recevoir les images sans limite de distance ou de relief, mais avec un délai incompressible de quelques secondes. La conduite par faisceau hertzien, comme sur le Heron, est toujours possible grâce à l’antenne juchée sur le dos de l’avion, pour les opérations proches de la base ou le roulage. Le SIDM conserve la capacité du Heron de décoller et atterrir automatiquement. En outre, un système de dégivrage, inutile en Israël, est installé. Les premiers appareils devaient être livrés à la France en 2003, mais les difficultés importantes rencontrées pour développer l’antenne satellitaire repoussent le premier vol à 2006.
Le Harfang emporte une boule optronique capable de filmer de jour comme de nuit et un radar air-sol à ouverture synthétique pour détecter tous les mouvements au sol, mais aussi pour faire de l’imagerie radar. Comme le Heron, il offre une grande endurance et peut tenir l’air pendant 24 heures.
Le Harfang entre en service en 2008 dans l’Armée de l’air. Il était prévu de prendre le temps de familiariser les équipages avec le nouvel appareil, mais la situation en Afghanistan se dégradant, 3 exemplaires du nouveau drone sont envoyés en urgence pour soutenir les troupes françaises alors que les expérimentations ne sont pas tout à fait terminées. En 2010, il est le premier avion de l’Armée de l’air à recevoir la capacité Rover qui permet de transmettre les images directement aux troupes au sol. Si le Harfang prouve son efficacité et son endurance en menant des missions parfois très longues de surveillance ou de reconnaissance d’itinéraires ou de villages, il démontre également une certaine fragilité. En effet, malgré le système de dégivrage, il supporte mal le froid et les conditions difficiles de l’Afghanistan et un exemplaire est endommagé à cause du givre en 2009. Sa lenteur l’empêche de mener des missions très lointaines malgré sa capacité satellitaire. Ces défauts sont dus à ses concepteurs israéliens qui envisageaient des opérations proches en climat tempéré depuis des bases bien équipées.
Premier système de drone MALE de l’Armée de l’air, le Harfang est un outil de reconnaissance précieux mais limité car conçu dès le départ comme un système de transition. En effet, grâce à l’expérience acquise avec son système de guidage par satellite, IAI a pu développer rapidement un drone de combat pour Israël, le Heron TP. En France, les surcoûts dus au retard du programme, la nécessité des opérations en Afghanistan et la difficulté à lui trouver un successeur le maintiendront certainement dans l’Armée de l’air pour quelques années encore.
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