Figurant parmi les constructeurs américains d’aéronefs les plus prolifiques de l’Histoire l’avionneur Douglas fut également un des principaux fournisseurs des forces aériennes et aéronavales du monde entier. L’une de ses spécialités, puis de son successeur McDonnell Douglas, a longtemps été les avions de transport militaire. Parmi ces derniers figure un biréacteur directement dérivé de l’avion de ligne DC-9 et qui servit pendant plus de trente ans d’avions d’évacuation sanitaire mais aussi d’avion logistique, et même dans certains cas de transport prioritaire pour le Président des États-Unis. Cette machine est le méconnu Douglas C-9 Nightingale.
Lorsqu’il fit son apparition sur le marché civil américain et européen à la fin de l’année 1965 le Douglas DC-9 était ce qui se faisait de mieux dans le domaine des avions de ligne court et moyen-courrier. D’une configuration très similaire avec la Caravelle française cet avion était appelé à une carrière commerciale hors du commun, qui se poursuivrait par la suite avec les machines de la famille MD-80 / MD-82 construits par McDonnell Douglas.
Bien motorisé, assez silencieux, confortable, et robuste le Douglas DC-9 était un avion bien conçu, dans la droite lignée des autres appareils commerciaux de la firme.
Il n’est donc pas très étonnant que le Pentagone s’intéressa tôt ou tard à lui. Début 1967 un DC-9-30 fut testé par les équipages d’essais de l’US Air Force dans le cadre d’un programme visant à l’acquisition d’une plateforme d’évacuation sanitaire rapide à moyen rayon d’action. Le biréacteur de Douglas était opposé au triréacteur Boeing 727-100. Les deux avions jouissaient d’une bonne réputation sur le marché commercial, et surtout d’aucune concurrence possible de la part des avions en provenance d’Europe.
Finalement en août 1967 l’US Air Force rendit son avis, et le Pentagone passa commande pour vingt-et-un exemplaires du Douglas DC-9-30 sous la désignation de C-9 Nightingale. Le nom de baptême de l’avion était une référence à Florence Nightingale, une infirmière britannique du XIXème siècle, véritable pionnière dans le domaine des soins et de la prise en charge des blessés.
Extérieurement peu de choses différaient entre le DC-9-30 commercial et le C-9 Nightingale opérationnel. C’était en fait au niveau de l’aménagement intérieur que tout était différent. Car la version militaire n’avait rien d’un avion de ligne. Il avait été conçu pour accueillir 36 blessés allongés, médicalisés ainsi que jusqu’à quinze soignants, médecins et personnels infirmiers confondus. Il ne s’agissait plus simplement d’entreposer des brancards dans un avion militaire, le C-9 disposait de système d’amortisseurs sous chaque blessé afin de réduire les vibrations et de mieux encaisser le choc de l’atterrissage.
Les premiers avions de série furent acceptés au service opérationnel dans le courant de l’année 1969.
Immédiatement les équipes de l’US Air Force les déployèrent au Vietnam et en Europe afin de pouvoir au mieux évacuer les blessés lourdement touchés. Afin d’éviter toute méprise de la part de l’ennemi, les empennages des Douglas C-9A Nightingale furent peint avec une croix rouge de grande taille, indiquant leur mission sanitaire.
De 1969 à la fin du conflit ces biréacteurs évacuèrent les GI’s et les Marines les plus sérieusement blessés au Vietnam, avant de les rapatrier au pays.
Dans le courant des années 1970 l’US Navy également commença à s’intéresser à l’avion de ligne Douglas DC-9. Non pas pour des évacuations sanitaire comme l’US Air Force mais afin de disposer d’un avion de soutien logistique et de transport de personnels plus rapide, et plus confortable, que ses Lockheed C-130B Hercules. En 1975 une commande fut passée pour quinze exemplaires sous la désignation C-9B Skytrain II, dont certains étaient des avions civils de seconde main. Clairement les amiraux américains voulaient rappeler le lien entre ce solide biréacteur et le légendaire R4D de la Seconde Guerre mondiale. Ces avions entrèrent en service en 1976.
En fait les Douglas C-9B Skytrain II servaient surtout à transporter les personnels de la marine américaine d’une base à une autre, notamment sur le territoire américain, en Europe, ou dans le Pacifique. En aucun cas pourtant leur rayon d’action ne les autorisait à rallier la côte ouest américaine aux bases japonaises ou bien la côte est aux bases européennes. Les Skytrain II, comme leurs illustres ancêtres, volaient uniquement en intra-théâtre. À peine les premiers C-9B furent-ils acceptés au service que le Pentagone en commanda deux supplémentaires pour les besoins de l’US Marines Corps.
À la différences des C-9B de l’US Navy qui pouvaient transporter du fret et/ou des passagers les deux avions du corps des Marines étaient eux uniquement réservés au transport de personnels. En fait ils étaient même aménagés comme de simples avions de ligne. Mais sous la livrée de l’US Marines Corps. Ils volaient principalement à l’intérieur du territoire américain et dans le Pacifique.
Fin 1975 l’US Air Force revint vers Douglas pour acquérir trois DC-9-30 destinés à des missions spéciales. Désignés Douglas VC-9C Nightingale et affecté au prestigieux 89th Military Airlift Wing ils étaient chargés du transport intérieur du Président des États-Unis. En fait ils devaient permettre de soulager quelque peu la flotte de VC-137C, les habituels Air Force One de l’époque, en service depuis la présidence Kennedy et qui commençaient à montrer des signes de fatigue.
Les trois VC-9C Nightingale pouvaient aussi assurer le transport des hautes autorités civiles américaines. Ils étaient aménagés à la manière des jet d’affaire pour un accueil de 29 personnes au maximum.
Acteurs méconnus de la défense américaine les différentes versions du Douglas C-9 ont servi jusqu’aux années 2008-2011 dans l’US Air Force et l’US Navy évacuant blessés et transportant personnels sans jamais faillir à leur mission. Pourtant ils ne firent jamais la une des journaux. Ils ont été retirés du service discrètement, comme ils avaient servi.
Le dernier de ces biréacteurs a quitté le service actif en janvier 2016, il servait alors au sein du corps des Marines.
Si le Douglas C-9A n’a pas été exporté, Douglas a vendu deux exemplaires du C-9B à la force aérienne du Koweït qui les a utilisé de 1976 à 2001.
Depuis 2005 la NASA utilise un ex-Douglas C-9B dans la mission d’entraînement aux vols paraboliques sous l’immatriculation civile N932NA. Il s’agit du dernier avion de ce type encore en état de vol.
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