Dans les quinze années qui succédèrent à fin de la Seconde Guerre mondiale plusieurs avionneurs s’essayèrent à la conception et au développement d’hélicoptères, avec plus ou moins de réussite. L’un des derniers fut le légendaire constructeur allemand Dornier qui usina un étrange appareil monoplace ultra-léger qui devait pouvoir intéresser aussi bien les militaires que les civils. Malheureusement cette machine demeura sans suite. Elle s’appelait Dornier Do 32.
Si les premiers travaux allemands vraiment sérieux sur les voilures tournantes remontent à l’époque nazie, avec notamment le Flettner Fl 282 ou encore le Focke-Achgelis Fa 223, ce n’est que plus tardivement que les bureaux d’étude de Dornier s’y intéressèrent. Il faut dire qu’ils étaient alors accaparés par la conception d’avions d’armes comme le bombardier Do 17 ou encore le chasseur Do 335. L’après-guerre et l’émergence d’un risque d’affrontement est-ouest allait changer la donne.
C’est assez rapidement que Dornier se lança dans l’étude des hélicoptères mais sans jamais dépasser les travaux d’ingénieurs. Finalement fin 1958, une fois le retour de l’avionneur sur le devant de la scène officialisé, de véritables études commencèrent dans le domaine. Et notamment sur les hélicoptères monoplaces. Un contrat de développement fut officiellement passé avec le gouvernement ouest-allemand le 1er août 1960.
Sa définition était simple. Dornier devait pouvoir développer sous moins de cinq ans un hélicoptère d’observation militaire et de travail aérien ultra-léger propulsé par une turbine à gaz BMW. En fait les ingénieurs allemands travaillaient déjà secrètement sur une telle machine à qui ils avaient donné la désignation officieuse de Do 32. Désormais celle-ci allait s’officialiser.
Une équipe est montée et le prototype commence son assemblage. Extérieurement le Dornier Do 32 est des plus spartiates. C’est un monoplace sans cabine, doté de trois pieds pour l’atterrissage dont l’un supporte également une planche de bord rudimentaire ainsi que les repose-pieds du pilote. Ce dernier est harnaché sur un siège des plus simples et dispose d’un manette afin de diriger l’hélicoptère. Point de rotor arrière, le Do 32 n’en a pas besoin car il est doté d’un système dans lequel le gaz est éjecté à l’aide de buses situées en extrémité de chacune des pales du rotor. Une dérive remplace donc le rotor anti-couple. La propulsion est assurée par une turbine BMW 6012-705 d’une puissance de 100 chevaux.
C’est dans cette configuration que le premier vol de l’hélicoptère a lieu le 29 juin 1962. Très rapidement le Bundeswehr se dit très intéressé par la machine, de même que l’OTAN. Les militaires entrevoient ainsi un moyen d’observation mais aussi de franchissement pour des fantassins à moindre coût. Un second prototype et deux hélicoptères de présérie sont commandés. Ils doivent notamment valider les concepts de transport par la route du Dornier Do 32.
En effet le cahier des charges fourni par l’OTAN prévoit que l’hélicoptère léger puisse être monté et démonté en moins d’une heure et circuler à l’arrière d’un camion léger ou bien depuis la remorque d’une simple voiture ou d’une jeep. C’est pourquoi désormais les essais du Do 32 se feront principalement depuis une telle plateforme.
Seulement voilà l’hélicoptère ouest-allemand compte également sur une concurrence réelle à commencer par l’hélicoptère biplace français Sud-Ouest SO.1221 Djinn, déjà construit en série et alors en dotation dans les rangs de l’ALAT mais également bien connu des Américains qui l’ont testé, certes sans succès. C’est la raison pour laquelle Dornier décide de développer deux versions agrandies, le Do 32Z biplace côte à côte et le très ambitieux Do 132 quadriplace à cabine fermé.
Pendant ce temps là les essais des différents Dornier Do 32 monoplaces se poursuivent tranquillement. Pourtant à Bonn le gouvernement fédéral allemand s’impatiente. Et même tellement que pour des raisons assez obscures le programme est finalement abandonné en décembre 1964. Les quatre Do 32 doivent arrêter leurs essais en vol tandis que le Do 32Z partiellement assemblé est envoyé à la casse.
Nonobstant les équipes de Dornier croient encore au projet et continuent de travailler sur le futur Do 132 dont ils assemblent même en 1967 une maquette à l’échelle 1. Il est alors prévu de faire appel à un turbopropulseur américain Pratt & Whitney pour motoriser le futur aéronef mais finalement faute de crédit le programme est avorté au bout de quelques semaines. Il en est fini de l’aventure des voilures tournantes chez Dornier !
Les quatre hélicoptères expérimentaux sont alors stockés chez Dornier avant de rejoindre les collections de musées aéronautiques et technologiques allemands. La maquette du Do 132 est finalement rachetée par l’armée allemande en 1968 qui s’en sert de cible pour l’entraînement de ses artilleurs… à usage unique. Au début des années 1970 le bureau d’étude tenta de se relancer dans le domaine des hélicoptères avec l’intriguant P410 mais qui ne dépassa pas la planche à dessins. Finalement le Do 32 fut bel et bien le premier et dernier hélicoptère Dornier.
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