Ne disposant pas de porte-avions, le IIIème Reich dû faire appel massivement aux hydravions pour surveiller son littoral et le protéger des incursions alliées. Au début de la Seconde Guerre Mondiale la Luftwaffe disposait d’une certaine quantité d’hydravions à coque dont plusieurs types étaient d’anciens appareils civils modifiés. Parmi ces machines figurait le Dornier Do-18 un ancien hydravion de transport postal. Cet engin trouva un nouvel essor grâce au conflit. Il allait devenir une des principales armes de protection des côtes allemandes et des pays occupés des trois premières années de guerre.
Tout débuta en 1934, quand la compagnie aérienne nationale Lufthansa demanda à Claudius Dornier et son équipe de concevoir un hydravion de transport postal transatlantique. Les ingénieurs planchèrent alors sur une machine bimoteur en tandem dotée d’un fuselage étroit mais très aérodynamique. Pour les équipes de Dornier il s’agissait d’essayer de faire aussi bien que les Français ou les Britanniques. C’est ainsi que naquit le premier prototype désigné Do-18A. Il vola pour la première fois le 15 mars 1935. Les essais en vol démontrèrent la nécessité de remotoriser l’appareil afin de compenser sa faible vitesse. Ce fut chose faite et quelques semaines plus tard arriva le Do-18E. Commandé à quatre exemplaires ces hydravions commencèrent à sillonner l’Atlantique Sud avec une escale aux Canaries.
La Lufthansa qui recherchait une aura internationale commanda à Dornier une version profondément améliorée, le Do-18F. Cet hydravion n’avait comme seul but que d’accroître la renommé de la compagnie et de servir la propagande nazie. Le Do-18F vola pour la première fois le 11 juin 1937. Commençait alors une série de vols pour tenter de battre des records de vitesse, de distance, d’altitude, et de poser par gros temps. C’est justement par ce type de météo que le Do-18F faillit disparaître en février 1938. En effet l’avion effectuait une présentation à la presse étrangère et tenta un amerrissage sur une Mer du Nord totalement déchaînée. L’équipage n’eut que le temps de remettre les gaz avant que l’appareil soit submergé par les vagues et les creux de plus de six mètres. Quelques semaines plus tard l’appareil réalisa un vol record longue distance entre le Sud de l’Angleterre et la côte est du Brésil. L’appareil parcouru les 8400km sans escale avec deux pilotes à son bord en un peu plus de 26 heures. Le Do-18 venait de se tailler une réputation sur-mesure.
C’est à ce moment précis que la Luftwaffe commença à recevoir ses Do-18D. Il s’agissait de la version militaire du Do-18E, spécialement modifiée pour l’emport de mitrailleuses en tourelle et d’un blindage autour du cockpit. Diverses améliorations, notamment au niveau de la radio vinrent s’ajouter à l’appareil. Mais les Do-18D n’étaient pas assez bien armés et on décida de concevoir une version plus lourdement défendue avec notamment un canon mobile de 20mm en tourelle électrique. Les deux séries étaient appelées à cohabiter dans les différentes unités de la Luftwaffe.
Malgré son image de marque et son esthétique sans faille, le Do-18 ne faisait pas l’unanimité parmi les équipages qui lui reprochait son étroitesse de fuselage. Un hydravion postal n’est pas forcément conçu pour voler longtemps avec des membres d’équipages disséminés dans tout l’aéronef. Et de plus le froid qui régnait au-dessus des mers n’arrangeait pas l’affaire des mitrailleurs. Pour y remédier la Luftwaffe décida de fournir à chaque équipage des tenues dites « alpines » identiques à celles utilisés par les fantassins de la Wermarcht qui patrouillaient en montagne. En janvier 1939, un nouveau problème fut soulevé par le manque de formation des équipages et c’est Hermann Göring lui-même qui trouva la solution. Le numéro 2 du régime nazi, ancien as de la Première Guerre mondiale, ordonna à Dornier de produire une série d’une douzaine de Do-18H. Il s’agissait de Do-18D totalement désarmés et dotés de double-commande.
Lorsque la guerre éclata le Do-18 ne mit pas longtemps à faire parler de lui, puisque le premier appareil de la Luftwaffe abattu par un chasseur britannique était un Do-18D du KG-106, une unité servant en Mer du Nord. L’hydravion a été détruit par un Blackburn Roc du Squadron 803 de la Fleet Air Arm. Le monomoteur anglais était rattaché au porte-avions HMS Ark Royal. Les Do-18 revinrent sur le devant de la scène avec l’opération de harcèlement contre les soldats britanniques et français qui embarquaient à Dunkerque le 27 mai 1940. En effet deux appareils réussirent à prendre à partie un Lockheed Hudson de la Royal Air Force et à le mitrailler durant une demi-douzaine de minutes avant de finalement le voir s’écraser. L’hydravion appartenait au KFG-906 une unité transférée spécialement pour participer à ce raid. Il s’agit là du seul avion allié abattu par un Do-18.
À partir de décembre 1940, les Do-18 commencèrent à laisser les missions de reconnaissances côtières aux Blohm-und-Voss Bv-138 et aux plus modernes et mieux équipés pour se défendre contre les chasseurs de la RAF. Pourtant la carrière de l’appareil ne cessa pas pour autant. Dornier fit revenir en usine une vingtaine de Do-18G encore en état de vol et les désarma. L’avionneur obtura les tourelles de mitrailleuses et transforma les appareils pour les mettre au standard Do-18H-1. Il s’agissait alors d’appareils de transport sanitaire. Il furent peint en blanc et revêtir l’insigne de la Croix-Rouge. Une trentaine d’autre Do-18D et Do-18G virent leur armement allégé par la suppression de la mitrailleuse de nez afin de passer au standard Do-18H-2 de sauvetage en mer. Ceux là conservaient pourtant un camouflage guerrier. Les Do-18H-2 servirent jusqu’à l’Armistice du 8 mai 1945. Il s’agit d’un des quelques avions allemands à avoir commencé et terminé le conflit sous les couleurs de la Luftwaffe.
Un seul Dornier Do-18, un appareil de la série « G », a survécu à la guerre et servit au sein de l’Aéronautique Navale française de juillet 1945 à février 1946. Il effectua des missions de surveillances anti-mine des côtes françaises.
Si le Dornier Do-18 n’a jamais eu l’efficacité au combat de son grand frère le Do-24 il n’en demeure pas moins un serviteur studieux de la Luftwaffe. Pas mal pour un appareil que ses équipages n’aimaient pas !!!
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