Parmi les avions les plus produits et les plus utilisés durant la Seconde Guerre mondiale figurait le bombardier allemand Dornier Do 17. Celui que l’Histoire a retenu sous le sobriquet de « crayon volant » a participé à toutes les opérations auxquelles la Luftwaffe prit part jusqu’en 1945. Mais surtout c’est la descendance qu’eut cette machine qui fut particulièrement riche. Des chasseurs de nuit aux avions de reconnaissance, le Do-17 a réussi à donner naissance à des machines surprenantes parmi lesquelles figure un bombardier ultramoderne pour son époque : le Do 317.
En juin 1939 alors que l’Allemagne nazie était encore en paix, la Luftwaffe émit un cahier des charges concernant le remplacement de ses bombardiers moyens rapides Dornier Do 17, Heinkel He 111, et Junkers Ju 88. Plusieurs constructeurs répondirent au programme : Arado, Dornier, Focke-Wulf, et enfin Junkers. Bien que jugé inférieur aux programmes présentés par les trois autres industriels l’avion proposé par Dornier fut néanmoins commandé, plus pour des raisons politiques que réellement technologiques. Mais le RLM (ministère nazi de l’air) demanda à l’avionneur d’ajouter à son projet initial des équipements provenant du bombardier de reconnaissance à haute altitude Do 217P.
Désigné Do 317, le nouvel avion se présentait sous la forme d’un monoplan à aile médiane propulsé par deux moteurs en V inversé Daimler-Benz DB-610 d’une puissance de 2 870 chevaux entraînant chacun une hélice en métal à quatre pales. Outre son train d’atterrissage tricycle escamotable classique, le Do 317 possédait un étonnant empennage double à dérive triangulaire. L’armement défensif se composait d’un canon mobile MG151 de 20mm, de quatre mitrailleuses mobiles MG131 de 13mm, et de deux mitrailleuses fixes MG81 de 7.92 mm ; alors que dans le même temps l’avion pouvait emporter des bombes explosives, incendiaires, voire même des charges de profondeurs à hauteur de 4500 kg. Extérieurement l’avion ressemblait fortement au Do-17. Il réalisa son premier vol le 8 septembre 1943, soit plus de quatre ans après le lancement du programme.
Malgré une puissance indéniable et une maniabilité très bonne, le Dornier Do 317 s’avéra être un bombardier désastreux. En effet, lors des essais en vol plusieurs accidents émaillèrent les bombardements, si bien que la Luftwaffe décida de ne commander que cinq avions de présérie. Mais surtout ils furent réaffectés à une mission très spéciale : l’attaque de précision par le biais de missiles Hs-293A.
Ces armes étaient à cette époque le nec plus ultra en matière de bombardement. Guidés par radio le missile Henschel Hs-293A pesait environ une tonne, dont 60% de la masse dévolue aux explosifs. Propulsé pendant dix secondes par un moteur fusée l’arme disposait également d’ailettes orientables qui lui permettait de planer ensuite, et même dans certaines conditions de modifier sa trajectoire. Toutefois cela nécessitait que l’avion porteur reste au-dessus de sa cible, et donc vulnérable à la DCA. Quelques Hs-293A furent même doté d’un guidage par télévision, un système alors en plein développement. Les Dornier Do 317 pouvaient emporter deux de ces armes sous voilure.
Ces appareils et leurs missiles portaient les couleurs de l’unité de bombardement spécial II/KG-100, une escadrille basée jusqu’à la mi 1944 à Orléans. Par la suite les Do 317 rejoignirent une base près de la frontière germano-danoise. Bien que très efficaces et surtout particulièrement bien armés ces bimoteurs ne réalisèrent jamais d’exploits particuliers. Tout au plus permirent-ils à la propagande d’un IIIème Reich agonisant de tenter de redorer auprès des Allemands le blason de leur aviation militaire.
En mai 1945, deux des cinq avions étaient en état de vol, et furent saisis par la Royal Air Force et l’US Army Air Force pour essais. Ceux ci démontrèrent toutes les faiblesses d’un bombardier à l’architecture obsolète pour son époque. Et ce malgré un armement « top niveau » et une vitesse de croisière très supérieure à ses contemporains alliés.
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