L’industrie aéronautique française fut l’une des plus fleurissantes de la Première Guerre mondiale. Le conflit obligea les différentes entreprises à développer ça et là des machines toujours plus robustes, mieux motorisées, et donc compétitives. Un constante que l’on rencontra dans tous les domaines de l’aviation militaire. Les bombardiers et chasseurs évidemment furent les avions sur lesquelles cette évolution constante fut la plus visible, mais ils n’étaient pas les seuls. Les hydravions à coques, dont la mission principale est toujours liée au monde maritime, grandirent durant toute la guerre 14/18. Une des premières belles réussites française fut le Donnet-Denhaut DD.1 et sa version améliorée DD.2. Ces deux types de machine ouvrirent la voie à une saga qui marqua le conflit.
Juste avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale la Société des Établissements Donnet-Denhaut installe ses ateliers aéronautiques sur l’île de la Jatte. Sise sur la Seine, à cheval entre les communes de Levallois-Perret et de Neuilly-sur-Seine, ce petit bout de terre émergé sert depuis quelques années de refuge pour les spécialistes de l’hydraviation. Alphonse Tellier y a notamment installé une partie de son activité. L’atelier est idéalement placé entre les usines Gnome & Rhône de Gennevilliers et Salmson de Boulogne-Billancourt.
Pourtant dans les premières années de guerre l’hydravion à coque est globalement snobé par les états-majors français. L’Aéronautique Militaire et la Marine Nationale leur préfèrent les hydravions à flotteurs jugés plus aisés de pilotage. Mais à la fin de l’année 1915 la menace représentée par les sous-marins allemands fait changer la donne. Les constructeurs spécialisés dans cette architecture se virent commander en masse des machines capables d’opérer des patrouilles le long des côtes métropolitaines.
Parmi eux Donnet-Denhaut lança le développement d’un hydravion qui reçut la désignation de DD.1.
En fait le Donnet-Denhaut DD.1 n’était pas exactement une machine totalement neuve. Elle dérivait en grande partie du Donnet-Lévêque A conçu avant-guerre et construit à une trentaine d’exemplaires dont environ un tiers pour les militaires. Celui-ci avait notamment volé sous marquages britanniques, danois, français, ou encore russes. Le DD.1 reprenait les grandes lignes de son architecture.
Extérieurement il se présentait sous la forme d’un hydravion à coque à simple redan disposant d’un moteur à huit cylindres en V Hispano-Suiza 8Aa développant 150 chevaux et entraînant une hélice propulsive bipale. Le DD.1 était intégralement construit en bois et toile et possédait une voilure type biplan de même envergure. Son armement se composait d’une mitrailleuse Lewis de calibre 7.7 millimètres et d’une charge de bombes de cinquante kilogrammes.
Le prototype du DD.1 réalisa son premier vol le 12 août 1916.
Immédiatement une commande fut passée pour deux cents exemplaires appelés à entrer prioritairement en service le long du littoral méditerranéen. De Levallois-Perret les premiers exemplaires furent convoyé par rails jusqu’à Fréjus et Saint-Mandrier. Ils entrèrent en service dans la Marine Nationale en octobre 1916. Leur mission première était de surveiller les eaux françaises et de protéger l’arsenal de Toulon.
Dès le début de l’année 1917 d’autres Donnet-Denhaut DD.1 furent livrés directement sur les façades de la Manche et de l’Atlantique. La chasse aux sous-marins allemands était lancée.
En parallèle de ce DD.1 l’avionneur travaillait sur une version améliorée dotée notamment d’une voilure redessinée. Désormais le plan inférieur de voilure était plus court que le plan supérieur, offrant une meilleure stabilité à basse et très basse altitude et une vitesse de déjaugeage légèrement supérieure. L’hydravion gagnait en maniabilité. Sa motorisation fut également changé, au profit d’un moteur à huit cylindres en V Lorraine 8 Aby de 160 chevaux entraînant lui aussi une hélice propulsive. Essayé par la Marine Nationale cette version fut commandé à hauteur de cent trente machines sous la désignation de Donnet-Denhaut DD.2. Les premiers exemplaires furent livrés dans le sud de la France à Noël 1916 et en Manche et Mer du Nord quelques semaines plus tard.
Malheureusement l’usine du motoriste Lorraine connut des ratés. Seuls quarante modèle 8 Aby purent être livrés. Donnet-Denhaut dut changer son fusil d’épaule et chercher un nouveau moteur. Finalement son choix se porta sur un des modèles les plus répandus à l’époque le Canton-Unné R9 de 160 chevaux, un moteur rotatif conçu et produit par la société Salmson. L’installation de celui-ci, toujours en mode propulsif, obligea le constructeur à revoir légèrement les dimensions du DD.2. Si son architecture demeurait inchangée la version dotée du moteur R9 possédait un fuselage et une envergure légèrement moindre. Là encore l’hydravion à coque gagna en manœuvrabilité.
De ce fait les quatre-vingt-dix derniers DD.2 furent construits de la sorte.
L’ingénierie de Donnet-Denhaut fut riche durant la Première Guerre mondiale. Suffisamment même pour qu’elle puisse développer des hydravions à coque qui ringardisèrent rapidement les DD.1 / DD.2 en service dans la Marine Nationale. Ces machines quittèrent finalement la première ligne à l’automne 1917 au profit du Donnet-Denhaut DD.8 bien plus moderne.
Pour autant les DD.1 / DD.2 ne furent pas envoyés à la casse. Désarmés ils furent versés à plusieurs écoles de pilotages d’hydravions militaires. Seize DD.2 furent ainsi versés fin 1917 à l’US Navy afin qu’elle puisse former ses pilotes.
Finalement l’ensemble des Donnet-Denhaut DD.1 / DD.2 français et américains furent retirés du service une fois la paix revenue à la fin de l’automne 1918. Ils avaient permis, à l’instar du FBA Type 17, de familiariser la Marine Nationale à l’emploi des hydravions à coque. Elle allait voler sur des machines de ce genre jusqu’aux années 1960 inclus.
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