Depuis la mise sur pied de la Fábrica Militar de Aviones (FMA) en 1927, l’histoire de l’industrie aéronautique argentine est ponctuée par le développement d’avions originaux dont la plupart n’ont malheureusement pas dépassé le seuil expérimental ou celui de la fabrication de plus d’une dizaine d’appareils. Le prometteur et élégant bimoteur d’affaires IA 45 Querandi illustre les difficultés de cette industrie malmenée par l’instabilité politique et économique de l’Argentine pendant presque tout le 20ème siècle.
Voulant diversifier ses activités vers le marché de l’aviation civile, la Fábrica Militar de Aviones avait développé et fait voler le monomoteur de tourisme FMA 20 El Boyero en 1940, mais son entrée en production fut suspendue pour se concentrer sur la fabrication d’avions militaires malgré la neutralité affichée par l’Argentine jusqu’en 1944. S’intéressant de nouveau au marché civil, la FMA entretemps renommée Instituto Aerotécnico (IA), lança dans les années 1950 le développement du bimoteur IA 45 Querandi ainsi que du monomoteur IA 46 Ranquel. Le nom Querandi choisi pour l’IA 45 est celui d’un peuple autochtone vivant dans la pampa, vaste plaine argentine.
Conçu sous la direction de José F. Elaskar, le prototype de l’IA 45 Querandi effectua son premier vol le 23 septembre 1957, aux commandes du pilote Pedro L. Rosell. L’avionneur avait encore changé de nom en 1956, devenant la Dirección Nacional de Fabricación e Investigación Aeronáutica (DINFIA). De construction entièrement métallique, et à l’apparence fort soignée, le Querandi visait le marché des avions d’affaires. Mû par deux moteurs Lycoming O-320 de 4 cylindres d’une puissance unitaire de 150 CH., ceux-ci furent installés sur les bords de fuite de l’aile en configuration propulsive permettant ainsi d’atténuer le bruit pour les passagers. Pouvant emporter quatre passagers en plus du pilote, l’appareil pouvait également être aménagé en avion ambulance pour des évacuations sanitaires. Il devint toutefois évident que la capacité d’emport limitée de l’appareil serait un handicap et une version améliorée n’effectua son premier vol qu’en 1960. Doté de moteurs plus puissants Lycoming O-360 et d’une cabine réaménagée, l’IA 45B pouvait accueillir un passager additionnel.
Face au peu d’intérêt du marché civil déjà dominé par des avions américains occupant le même créneau, tels l’Aero Commander et le Piper Apache, la DINFIA se tourna vers la Fuerza Aérea Argentina qui préféra acquérir des appareils Commander. La DINFIA n’eut guère plus de succès auprès de la composante aérienne l’armée de terre argentine qui opta de son côté pour des Piper Apache.
Les deux seuls exemplaires de l’élégant DINFIA Querandi échappèrent toutefois à la casse et terminèrent leur carrière comme avions de liaison dans la Fuerza Aérea Argentina et sous les couleurs spartiates de l’Ejército Argentino. Aujourd’hui, bien peu se souviennent de cet élégant petit avion argentin puisque aucun exemplaire n’a été conservé et que bien peu d’images sont accessibles.
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