Pour des raisons souvent assez obscures des constructeurs ont disparu des mémoires alors que d’autres persistent. Et cela concerne aussi bien des avionneur allemands, américains, britanniques, français, japonais, que soviétiques. Parmi les industriels français la société Dewoitine tient une place à part malgré une existence finalement assez courte : un peu plus de seize années seulement. En fait ce sont ses productions qui firent d’elle une entreprise mythique, et notamment ses chasseurs. C’est d’ailleurs avec l’un d’eux qu’elle découvrit les joies de la production en série : le Dewoitine D.1.
Quand en octobre 1920 l’ingénieur Émile Dewoitine lança le développement de sa propre entreprise il avait déjà une forte expérience. Formé chez Breguet il avait œuvré pour des constructeurs célèbres comme Voisin durant la guerre puis Latécoère juste ensuite. Mais il voulait voler de ses propres ailes.
Surtout Émile Dewoitine avait en tête un avion de chasse censé selon lui permettre de moderniser l’Aéronautique Militaire Française. Lancé sur fonds propres l’appareil en question reçut la désignation de D.1.
Doté d’un fuselage métallique et d’une voilure haute parasol en bois entoilé et contreplaqué le Dewoitine D.1 est très novateur quand il sort en octobre 1922. Sa propulsion fait appel à un moteur en ligne Hispano-Suiza 8Fb d’une puissance de 300 chevaux entraînant une hélice bipale en bois et métal. Pour l’armement de son avion Émile Dewoitine fait appel à l’industriel britannique Vickers. Deux mitrailleuses synchronisées de calibre 7.7mm lui donnent toute sa raison d’être. Pour le reste l’avion est très conventionnel avec son train d’atterrissage classique fixe se terminant par un patin de queue.
C’est dans cette configuration que le prototype D.1-01 vola en novembre 1922.
Pour l’Aéronautique Militaire Française le Dewoitine D.1 entrait dans la catégorie C1, c’est à dire chasseur monoplace. Pour autant il ne souleva aucun engouement. Des améliorations furent apportées au monomoteur. Un D.1 Bis doté d’un haubanage modifié et un D.1 Ter dont l’envergure fut légèrement raccourcie firent leur apparition. Mais cela ne changea en rien la situation : l’avion n’intéressait pas les officiers français. Beaucoup pensaient à tort que l’architecture du monoplan parasol était dépassée et préféraient des biplans et des sesquiplans.
Pourtant en 1923 la Marine Nationale surprit tout le monde en commandant trente avions. Ces Dewoitine D.1 furent modifiés afin de servir à bord du porte-avions Béarn. En fait sur ce total quatorze seulement y servir réellement au sein de l’Escadrille 7C1. Pour autant ils ne réussirent jamais vraiment à marquer les esprits de la marine française et furent remplacés en mars 1932 par les premiers Wibault Wib.7 bien plus modernes. Pour autant le D.1 fut l’un des premiers chasseurs embarqués français, une sorte de très lointain ancêtre de l’actuel Dassault Aviation Rafale M.
Émile Dewoitine dans le même temps croyait en les chances de son avion à l’export. Son chef pilote d’essais de l’époque était Marcel Doret, un homme qui ne comptait pas ses heures de vol à bord du D.1. Il le présenta un peu partout dans le monde, et cela eut des résultats concrets. Si la Suisse n’acheta que deux avions et le Japon un seul et unique il en fut tout autrement de la jeune Yougoslavie qui en 1925 acheta soixante-dix-neuf D.1 Ter. L’année suivante l’avion devint le premier chasseur de l’histoire de ce pays.
En 1925 toujours c’est l’Italie qui passa le plus gros contrat pour l’avion : cent douze exemplaires construits localement sous licence par Ansaldo sous la désignation d’AC.2.
Ces monoplans servirent dans la Regia Aeronautica jusqu’en 1933 avant de devenir des monoplaces d’entraînement avancé. Les derniers Ansaldo AC.2 furent retirés du service en 1939.
Avion assez réussi le Dewoitine D.1 connut une descendance assez riche au travers du chasseur D.9 et de l’avion de voltige aérienne D.530. De nos jours au moins deux Ansaldo AC.2 sont préservés dans des musées aéronautiques italiens, dont l’un à Rome.
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