Dans les années qui suivirent la fin de la Seconde Guerre mondiale, le constructeur britannique De Havilland fut un des plus prolifiques en Europe. Il se développa aussi bien sur les marchés civils que militaires, sans oublier celui des propulseurs où l’industriel était présent grâce notamment à son Gipsy Queen largement repris par d’autres avionneurs. Parmi ses propres avions ayant eut recours à ce moteur figure un étonnant quadrimoteur léger qui connut une carrière autant au sein de compagnies aériennes que dans des forces aériennes et aéronavales : le DH.114 Heron.
En fait c’est au début de l’année 1949 que l’avionneur se lança dans le développement d’un quadrimoteur léger dérivé du DH.104 Dove, alors un franc succès commercial. Il s’agissait en fait de répondre à une attente de la British European Airways qui cherchait un avion capable de transporter une quinzaine de passagers sur des distances allant de mille à mille cinq cents kilomètres. Et le plus facile pour De Havilland était de transformer un bimoteur en quadrimoteur, une technique déjà éprouvé dans les années 1930 avec le DH.89 Dominie qui devint le DH.86 Express quand il gagna deux moteurs supplémentaires.
Cependant il fallait cette fois revoir un peu la définition du Dove. Pour cela l’envergure fut augmentée tout comme la longueur du fuselage. Le train d’atterrissage fut renforcé tandis qu’on redessina l’empennage en augmentant son dièdre. Le résultat donna naissance au DH.114 Heron qui réalisa son premier vol le 10 mai 1950 sous l’immatriculation civile de G-ALZL.
Les premières commandes furent passées par des compagnies aériennes britanniques mais aussi australiennes, néo-zélandaises, ou encore japonaise. Dans ce pays d’ailleurs l’avionneur Shin Meiwa, spécialisé dans les hydravions, modifia une poignée de DH.114 Heron pour en faire des Tawron dotés de moteurs Continental de facture américaine. En France huit exemplaires furent acquis en 1952 par UAT, l’Union Aéromaritime de Transport, qui utilisa ses avions pour des dessertes court-courriers régionales jusqu’à sa disparition en 1963. Ces Heron furent alors dispersés en Afrique et au Royaume-Uni.
Le premier client militaire de l’avion fut bien évidemment la Royal Air Force qui acquis trois avions. Deux d’entre-eux étaient des Heron CC Mk-3 et le troisième un Heron CC Mk-4. Destiné au transport de la famille royale ils furent versés au Queen’s Flight où ils servirent de 1953 à 1965, principalement pour des vols à l’intérieur du territoire britannique ou bien vers les pays voisins. Ils permirent notamment de mettre à la retraite les deux Douglas Dakota CC Mk-3 hérités de la Seconde Guerre mondiale.
Mais l’utilisateur militaire le plus important au Royaume-Uni fut la Fleet Air Arm qui en 1961 acheta cinq avions de seconde main. Désignés Sea Heron C Mk-20 dans la nomenclature de l’Air Ministry il s’agissait de trois anciens Heron Mk-2 et deux Mk-2B. Ils furent utilisés jusqu’au début des années 1990 pour des missions de transport de personnels, de liaisons, d’évacuation sanitaire, et même de plastrons volants. Dans ce dernier rôle ils devaient simuler des avions de reconnaissance maritime assurant une mission d’attaque contre la flotte britannique.
Par ailleurs le De Havilland DH.114 Heron connut un petit succès à l’export sur le marché militaire, étant vendu aux forces aériennes allemandes, ghanéennes, irakiennes, jordaniennes, katangaises, koweïtiennes, malaisiennes, marocaines, sri-lankaises, et sud-africaines. Le Heron ghanéen fut en fait un des anciens avions français d’UAT. Au sein de la Luftwaffe les deux Heron Mk-2D furent employés pour des missions de transport d’état-major lors de la refondation de l’aviation ouest-allemande en 1956.
Il est intéressant de voir qu’une version à turbopropulsion fut développée au Canada. Il s’agissait d’une belle ironie de l’Histoire, le Heron quadrimoteur issu du Dove bimoteur donnait naissance à un biturbopropulseur.
Cet avion, désigné Saunders ST-27 était mu par deux Pratt & Whitney PT6A-34 de 750 chevaux. Construit à douze exemplaires entre 1969 et 1976 il ne fut vendu que dans son pays d’origine et uniquement à des compagnies de seconde zone.
Le De Havilland DH.114 Heron fut assemblé à 150 exemplaires de série, non compté les douze ST-27. Plusieurs d’entre-eux sont aujourd’hui préservés dans des musées aéronautiques au Royaume-Uni et ailleurs dans le monde. Plus aucun ne vole à titre militaire.
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