Durant la Seconde Guerre mondiale la Royal Air Force eut souvent recours à des avions réquisitionnés auprès d’utilisateurs privés ou de compagnies aériennes britanniques. Si la plus part furent utilisés pour des missions de soutien logistique telles le transport, la liaison, ou encore l’entraînement primaire quelques autres eurent des missions plus opérationnelles. Parmi celles ci figurait celle dite AOP (pour Air Observer Post, ou poste d’observation aérien) qui préfigurait la contrôle aérien de l’avant, aujourd’hui encore utilisée par certaines aviations militaires comme l’US Air Force. L’appareil britannique réquisitionné le plus célèbre ayant opéré de cette manière fut sans nul doute le De Havilland D.H.80 Puss Moth.
En fait cet avion remontait à un projet de 1929 concernant un avion de tourisme de nouvelle génération destiné aussi bien au marché britannique qu’à l’export en Europe et aux États-Unis. Là où l’appareil se distinguait de la majorité de ses concurrents c’est par son architecture particulièrement novatrice. Le programme reçut la désignation de D.H.80 dans la nomenclature du constructeur.
Extérieurement il se présentait sous la forme d’un monoplan à aile haute monomoteur à cabine fermée. Construit en bois entoilé et contreplaqué le De Havilland D.H.80 pouvait accueillir un ou deux passagers en sus du pilote. Un train d’atterrissage tricycle était fixé sous la voilure. La propulsion de l’avion était assurée par un moteur en ligne De Havilland Gipsy Mk-III d’une puissance de 120 chevaux entraînant une hélice bipale en bois. Certains avions avaient la possibilité de voir leurs ailes se replier, manuellement, offrant ainsi une envergure réduite à seulement quatre mètres, un système particulièrement utile pour le stockage des machines.
Le prototype de l’avion réalisa son premier vol en décembre 1930 sous le nom de baptême de Puss Moth.
À cette époque le D.H.80 Puss Moth était résolument l’un des avions les plus modernes et les plus novateurs au monde. Son succès ne se fit pas attendre. Rapidement plusieurs centaines furent vendus à divers clients un peu partout dans le pays, mais aussi en Europe. Un accord de commercialisation fut passé avec l’avionneur américain Waco pour les marchés américains et canadiens.
En 1932 un second accord fut passé avec le constructeur Morane-Saulnier pour la fourniture d’avions au marché français.
C’est d’ailleurs de France que vint la première commande militaire de l’avion lorsque l’Armée de l’Air acquit une trentaine de Puss Moth pour des missions de liaisons, d’observation, et d’entraînement. Ces avions ne furent néanmoins pas vraiment très longtemps utilisés, puisque l’état major les remisa dès 1936. En effet les équipages français ne s’étaient jamais satisfaits de cette machine. Pourtant ces avions furent « ressortis » en septembre 1939 lors de l’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne nazie. À cette époque les D.H.80 français furent utilisés pour des missions de liaison et de réglage d’artillerie, avec un succès assez limité. En effet leur stockage n’avait pas particulièrement aidé à leur robustesse. Beaucoup se brisèrent lors d’atterrissages chaotiques ou bien furent tout bonnement descendu par la Luftwaffe ou la Flak, la terrible et très précise DCA allemande.
C’est pourtant sous des couleurs civiles que le De Havilland D.H.80 Puss Moth entra dans la légende des airs. En effet entre les années 1932 et 1933 le couple de pilotes explorateurs Jim et Amy Mollison utilisa un D.H.80 pour des raids aériens longue distance entre Londres et Cape Town, et aussi pour des traversés est-ouest de l’Atlantique nord entre l’Irlande et le Canada. Lors de ces vols le D.H.80 démontra toutes ses qualités de vol. Toutefois les Mollison ne tentèrent jamais le tour du monde, jugeant leur avion très inférieur, à juste titre au célèbre Breguet Br-19 Point d’Interrogation de Costes et Bellonte.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata près d’un millier de D.H.80 volaient en Grande Bretagne. Dès le début du conflit l’Air Ministry procéda à de nombreuses réquisitions d’avions de ce type qui reçurent la désignation de Puss Moth Mk-I. Si quelques uns furent affectés à des missions de liaisons et d’entraînement intermédiaire pour le compte des squadrons 652, 653, 659, et 660 spécialement créés pour les recevoir, la plus part furent affectés à des missions AOP. En janvier 1940 près de 300 Puss Moth Mk-I étaient en service au sein des unités de la Royal Air Force. D’autres, également réquisitionnés, furent affectés à des unités australiennes, canadiennes, ou néo-zélandaises.
Les Puss Moth Mk-I de réglage d’artillerie et d’observation de la Royal Air Force furent utilisés aussi bien en Europe qu’en Méditerranée, et même en Afrique orientale. Bien que très peu adaptés aux missions militaires, du fait d’une lenteur et d’une fragilité extrême, les Puss Moth restèrent en service actif au moins jusqu’en novembre 1943. À cette époque la plus part fut remplacée par des British Taylorcraft Auster.
Outre la RAF, ses alliés du Commonwealth, et la France, des Puss Moth militaires servirent sous les couleurs allemandes, belges, espagnoles, italiennes, et roumaines. Au moins deux de ces avions furent utilisé également par l’US Army Air Force en Angleterre au cours de l’année 1942. Ces avions avaient été fournis, vraisemblablement gracieusement, par les Britanniques pour des missions de liaison et de transport d’état major. Ils furent toutefois rapidement remplacés par des avions plus adaptés, un Aeronca L-3 et un Piper L-4, les deux principaux Grasshopper.
Avion esthétiquement et techniquement très réussi, le De Havilland D.H.80 Puss Moth n’était pourtant pas une machine particulièrement adaptée à un service armé. En effet sa conception était légèrement dépassée et son équipement peu à même de servir sur le champ de bataille. Nonobstant il fut un serviteur discret mais efficace pour tous ses utilisateurs militaires. Ayant une certaine filiation avec le célèbre D.H.82 Tiger Moth d’entraînement primaire, le Puss Moth fut le premier avion de la famille à rompre avec l’architecture en biplan.
Aujourd’hui de nombreux Puss Moth sont exposés dans des musées britanniques, tandis que quelques uns continuent de voler par la volonté de collectionneurs ambitieux et patients.
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