Depuis plus d’un demi-siècle le nom de Dassault est étroitement lié à la famille d’avions de combat baptisé Mirage. Du Mirage III datant de la fin des années 50 au Mirage 2000 en service dans l’Armée de l’Air depuis le début des années 80, les Mirage ont marqué non-seulement l’aéronautique française mais également l’Histoire de l’aviation. Cette extraordinaire saga a pour source un petit biréacteur quasi-oublié de tous, le MD.550 Mystère Delta.
Conçu à partir de 1954 dans le cadre du même programme qui donna naissance au Sud-Est SE-212 Durandal, le MD.550 Mystère-Delta fut conçu par Marcel Dassault comme un avion résolument nouveau. Le cahier des charges établi par le Ministère de l’Air prévoyait que l’avion puisse atteindre la vitesse de Mach 1.3 en palier, et disposer d’un armement basé sur la possibilité d’emport de missiles air-air. Mais surtout l’avion ne devait pas peser plus de quatre tonnes.
C’est ainsi que ce prototype fut désigné MD.550 et baptisé Mystère-Delta. Ce patronyme reflétait tout autant la parenté avec les chasseurs contemporains issus du Mystère IV que le choix de l’architecture générale de la voilure fait par l’avionneur. Dassault sélectionna le petit turboréacteur Armstrong-Siddeley Viper d’une poussée unitaire de 980kg, construit sous licence par la SNECMA sous la désignation de MD-30R. Clairement Marcel Dassault semblait avoir poursuivit les travaux initiés durant la Seconde Guerre mondiale par l’ingénieur allemand Alexander Lippisch et son projet d’avion de combat supersonique P.13, malheureusement demeuré au stade de la planche à dessins.
Ce prototype commença ses essais de roulage en mai 1955. Il se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse delta, biréacteur, disposant d’un empennage très original car lui aussi delta. Le MD.550 fut doté d’un siège éjectable Martin-Baker, d’un train d’atterrissage tricycle classique escamotable, et d’un radar de navigation. Il effectua son premier vol le 25 juin 1955. Lors des essais l’appareil montra quelques faiblesses au niveau de la profondeur et son empennage fut donc modifié. Pour lui permettre de décoller plus aisément le constructeur décida de doter son Mystère-Delta d’un moteur-fusée SEPR-66 de 1 500 kgp en sus des MD-30R.
Capable de voler à Mach 1.3 sans le moteur fusée, et à Mach 1.6 avec, le Mystère Delta était alors l’un des appareils ayant le rapport masse/puissance parmi les plus intéressants au monde. Malgré cela l’Armée de l’Air préféra ne pas prolonger le programme. Toutefois elle demanda à Marcel Dassault d’élaborer une version agrandie et surtout profondément modernisé, qui allait donner naissance à l’un des plus légendaires chasseur de tous les temps : le Mirage III.
Le Mystère Delta, parfois aussi appelé Mirage I, connu également une descendance, le Mirage II, prévu pour emporter des turboréacteurs Turboméca Gabizo similaires à ceux du Taon. Le Mirage II ne fut pourtant pas développé, le programme fut stoppé avant la fin de son assemblage.
Il fallu attendre le bombardier nucléaire Mirage IV-A pour qu’un delta français soit de nouveau biréacteur. Un seul MD.550 Mystère Delta fut construit, il est parfois appelé MD.550-01. Cet avion méconnu a tout de même une certaine importance dans l’histoire aéronautique française, étant le premier avion à aile delta construit par Dassault. Il faut remarquer que l’appareil est nettement plus petit et d’aspect plus léger que l’autre grand prototype doté de cette architecture, le Convair XF-92 américain. Tout comme ce dernier le MD.550 connut une belle descendance.
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