Durant les années de guerre froide l’avionneur français Dassault est un des constructeurs occidentaux les plus prolifiques. On lui doit bien évidemment la saga des avions de chasse dérivés du Mystère IV dans un premier temps et du Mirage III dans un second. Cependant comme d’autres il développe alors également des avions ne dépassant pas le stade expérimental. Parmi ceux-ci figure un très réussi petit bimoteur de transport léger destiné autant aux vols civils que militaires : le MD.320 Hirondelle.
Au milieu des années 1960 les missions de liaisons et d’entraînement des équipages de multimoteurs sont encore dans l’Armée de l’Air dévolus à des avions datant de la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit principalement de Beechcraft C-45 Expeditor et de Douglas C-47 Skytrain, deux modèles ayant bourlingué aux quatre coins du globe sous la cocarde tricolore. Il semble alors urgent de les retirer du service. En 1967 un protocole d’accord est signé en ce sens entre l’avionneur Dassault et le ministère de la défense. Il vise au développement d’un avion capable de mener ces deux missions, tout en abandonnant la motorisation classique à pistons au profit d’une plus novatrice au turbopropulseur.
Les équipes de l’avionneur travaillent d’arrache-pied. Et même très vite puisque le prototype est assemblé à l’été 1968. Il se présente sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever en flèche de construction métallique. Propulsé par deux turbopropulseurs Turboméca Astazou XIV d’une puissance nominale de 870 chevaux entraînant chacun une hélice tripale en métal cet avion peut accueillir entre six et huit passagers en configuration d’affaire, ou bien jusqu’à quatorze passagers en haute densité. Afin de réduire les coûts de développement Dassault choisit de conserver la voilure du jet d’affaire Mystère XX tandis que certains éléments de fuselage et du cockpit biplace côte à côte proviennent du bimoteur avorté MD.415 Communauté. Le nouvel avion reçoit la désignation constructeur MD.320 et le patronyme Hirondelle.
Et c’est le 11 septembre 1968 que l’avion réalise son premier vol sous une cocarde tricolore et l’immatriculation civile F-WPXB. Mais très vite des problèmes apparaissent au niveau de la motorisation. Pis l’état-major de l’Armée de l’Air semble se désintéresser de l’avion. Le Dassault MD.320 Hirondelle n’est plus dans les petits papiers des militaires français qui lui préfère un futur, hypothétique alors, biréacteur dérivé du Mystère XX. Les ingénieurs de Saint-Cloud décident alors de plancher sur une version de l’avion qui verrait ses turbopropulseurs déposés au profit de turboréacteurs légers. Pour autant aucun contrat de développement n’est signé en ce sens.
En parallèle les clients civils boudent l’avion, lui qui n’a pas réussi à percer sur le domaine militaire pour lequel il avait été conçu.
Début 1970 le programme est abandonné. En même temps Dassault se concentre alors sur son nouveau jet d’affaire, le futur Falcon 10 sur lequel repose de nombreux espoirs… finalement déçus. Seule la Marine Nationale achètera cet avion en France, l’Armée de l’Air se concentrant sur le Mystère XX. Pendant quelques années encore le MD.320 Hirondelle vole pour le compte de l’avionneur comme machine de liaisons et de servitude avant d’être tout bonnement arrêté de vol. Un temps il a été utilisé au sol pour la formation des élèves mécaniciens de l’école Dassault-Breguet à Anglet.
Au début des années 1980 l’avionneur décide de le verser aux collections nationales du Musée de l’Air et de l’Espace. Malheureusement il fait partie des pièces détruites dans le terrible incendie des réserves survenu le 17 mai 1990. Ainsi disparait cet avion mythique.
Rétrospectivement on peut se dire que cet échec est difficilement compréhensible car les capacités de ce petit bimoteur étaient excellentes. Pis il arrivait sur un marché encore à défricher : celui des avions d’affaire à turbopropulsion. Si Dassault avait insisté il aurait disposé dans son catalogue d’un sérieux concurrent au très réussi Beechcraft King Air 90 américain. Le Dassault MD.320 Hirondelle demeure le dernier avion à hélices sorti des ateliers de l’avionneur francilien.
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