Falcon, un mot qui à lui tout seul est souvent synonyme dans l’aéronautique contemporaine d’une certaine idée du luxe à la française conjuguée avec l’exigence technologique la plus pointue. Depuis plus de 50 ans les ingénieurs de Dassault Aviation ont su tirer partie de ce nom qui lui est aussi intimement lié que celui des Mirage. Pourtant comme dans sa famille d’avions de chasse l’avionneur francilien a connu des ratés, et le plus impressionnant est sans nul doute celui d’un avion demeuré à l’état de prototype : le Falcon 30.
Au milieu des années 1960, l’avionneur Dassault chercha à capitaliser ses succès avec le Mystère XX en lançant le développement d’un avion de plus grande taille mais reprenant l’architecture générale de son jet d’affaire. Pour les ingénieurs clodoaldiens il s’agissait alors autant de développer un avion de ligne qu’un jet d’affaire voire même un avion de transport militaire rapide. L’avion reçut la désignation temporaire de Mystère XXX.
Un accord fut signé avec l’avionneur allemand Siebel pour que celui-ci devienne le principal sous-traitant de l’avion, à hauteur de 35%. En fait Marcel Dassault visait également le marché ouest-allemand et notamment les entreprises émergentes. Dans le même temps des accords furent passés avec l’Armée de l’Air pour quelle celle-ci essaye le nouvel avion lorsque celui-ci serait produit.
Pour une raison purement commercial le programme va cependant se retrouver en sommeil entre 1965 et 1967 avant de refaire surface sous la désignation de Falcon 30. Mais là encore le programme subit des retards conséquents. La décision de construire le prototype n’est prise qu’en 1971. En fait Dassault craint que son nouvel avion ne fasse de l’ombre à l’avion de ligne français SE-210 Caravelle. Pourtant les deux machines ne sont pas sur le même segment, le Falcon 30 se retrouvant même seul sur le sien : celui des jets de 30 places.
En 1972 un second programme est lancé sous la désignation de Falcon 40, il concerne une version allongée prévu pour quarante places afin de desservir des lignes régionales. Néanmoins son développement n’est lié qu’à la réussite commerciale du Falcon 30 et son usinage devra donc attendre que le carnet de commande du premier ne s’étoffe un peu.
En décembre 1972 le prototype du Dassault Falcon 30 réalise ses essais de roulage. Il est alors bien plus gros que tous les jets d’affaire connus dans le monde, que ce soit en Europe occidentale ou en Amérique du nord.
Extérieurement l’avion se présente sous la forme d’un biréacteur intégralement construit en métal disposant d’une aile basse en flèche. Sa propulsion est assurée par deux turboréacteurs Lycoming ALF 502D d’une poussée unitaire de 2753 kg. Son cockpit était de type biplace côte à côte comme sur la majorité des avions d’affaire, mais à la différence des avions de ligne de l’époque il n’embarquait pas de navigateur. Sa cabine était prévu pour accueillir entre 12 et 30 passagers suivant l’équipement et le niveau de confort requis.
Pour le reste il disposait classiquement d’un train d’atterrissage tricycle escamotable et d’une avionique standard. C’est dans cette configuration que le Falcon 30 réalisa son premier vol le 11 mai 1973.
Rapidement des pré-commandes commencèrent à arriver, l’avion étant présenté en vedette spéciale au Salon du Bourget 1973 quelques jours seulement après ce vol inaugural. Cependant l’Armée de l’Air semble très vite se désintéresser de cet avion qui ne présente aucun avantage pour elle : trop gros pour intégrer le Groupement de Liaisons Aériennes Ministérielles et trop petit pour servir aux côtés des Caravelle et DC-8 dans les missions de transport de personnels. La décision des militaires français est sans appel : jamais un Falcon 30 de série ne volera sous cocarde tricolore.
Ce rejet du ministère de la défense nationale n’est alors que le début des problèmes pour Dassault et son nouveau biréacteur. Rapidement la stabilité économique et financière des clients intéressés par le Falcon 30 est mise à mal par les répercussions du choc pétrolier et les annulations de commande s’enchainent. Alors que le premier avion de série est en cours d’usinage à Mérignac les responsables de la société décide de stopper net le programme. C’est sur les chaînes de production que l’avion est démonté.
De ce fait l’idée d’un Falcon 40 tombe complètement à l’eau.
Le programme du Dassault Falcon 30 demeure encore de nos jours un des plus grands ratages du constructeur au même titre que le Mirage III V. Rétrospectivement on peut se dire que ce biréacteur de transport avait trop d’avance sur son temps, une sorte de petit CRJ-100 avant l’heure.
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