Depuis leur apparition au cours de l’entre-deux-guerres et jusqu’à l’avènement des radars à balayage tridimensionnel les porte-avions ont toujours eu besoin d’avions de reconnaissance capable de délivrer au plus vite le renseignement par l’image au commandement. Que ce soit pour planifier une opération aérienne ou simplement pour sécuriser le quotidien à bord les avions de reconnaissance embarquée ont su se faire une place dorée durant cette période. En France l’avion le plus représentatif était un petit monoréacteur dérivé d’un avion de combat alors déjà en dotation : le Dassault Étendard IVP.
Fin 1959 alors que la guerre d’Algérie faisait rage l’état-major de l’aviation navale fit savoir qu’il recherchait un véritable avion de reconnaissance photographique capable rivaliser avec ce qui se faisait alors de mieux aux États-Unis à l’image du Vought F8U-1P Crusader, futur RF-8A. Surtout l’aéronavale française devait faire face à la menace de la marine soviétique en cette période de pleine guerre froide.
L’idée était alors de modifier le futur chasseur-bombardier embarqué Dassault Étendard IVM afin d’en tirer une version de reconnaissance.
Le nouvel avion reçut la désignation de Dassault Étendard IVP (P pour Photographie) et réalisa son premier vol en novembre 1960, sous le code tactique 07. Un total de vingt-et-un exemplaires fut commandé par la Marine Nationale. Extérieurement celui-ci se différenciait par l’absence d’armement remplacé par un nez vitré abritant les appareils photographiques et la présence d’une perche de ravitaillement en vol.
Les exemplaires étaient codés 101 à 121 inclus.
L’avion fut également pensé comme un tanker volant d’appoint grâce à l’adjonction d’un réservoir appelé nounou et fabriqué par une branche du géant aéronautique américain Douglas. Celle-ci permettait ainsi de ravitailler en plein vol d’autres Étendard IVP.
C’est en mai 1964, alors que les accords d’Évian étaient signés depuis plus de deux ans, que l’avion entra en service. C’est la Flottille 16F qui le mit immédiatement en œuvre d’abord à Hyères dans le Var puis à partir de 1969 à Landivisiau dans le Finistère.
Pour autant les vingt-et-un Dassault Étendard IVP passaient plus de temps embarqués sur les porte-avions Clemenceau et Foch qu’à terre sur le tarmac de leur Base d’Aviation Navale.
Entre 1965 et la fin de la guerre froide en 1989-1990 les Étendard IVP furent engagés dans la majorité des missions de ces deux navires, notamment en soutien des essais nucléaire dans le Pacifique où ils volaient aux côtés des Sud-Ouest SO.4050 Vautour de l’Armée de l’Air collecteurs d’échantillons.
En 1979 un lot de quatre Étendard IVM fut modifié par Dassault-Breguet en avions de reconnaissance sous les codes 153, 162, 163, et 166. Ils permirent de renforcer les moyens tactiques de la 16F.
Entre 1989 et 1994 les vingt-cinq avions furent modernisés comme Étendard IVP(M) (M pour Modernisés) grâce à l’ajout entre autre d’un radar d’alerte Drax 16 ou encore d’une capacité limité d’autodéfense par l’emport et le tir d’un missile air-air courte portée Matra R550 Magic II. Une arme qui ne sera finalement jamais engagée en mission opérationnelle.
C’est finalement dans les années 1990 que l’avion français connut véritablement le feu en ex-Yougoslavie. Lors des opérations de maintien et de rétablissement de la paix en Bosnie ils furent utilisés pour des missions de reconnaissance tactique.
Le 15 avril 1994 alors que l’avion numéro 115 revenait d’une mission au-dessus de Sarajevo quand il repéra un objectif supposé près de la ville de Gorazdé. Aussitôt son pilote, le capitaine de corvette Clary, compris qu’il venait d’être pris pour cible par la DCA ennemie. Son Étendard IVP venait d’être shooté par un missile sol-air serbe. Heureusement l’officier de marine réussit à ramener tant bien que mal son appareil jusqu’au pont d’envol du Clemenceau. Une grosse partie de son empennage avait été arraché.
Quelques semaines plus tard, le 17 décembre 1994 c’est au tour du lieutenant de vaisseau Demeneix de subir les affres de l’armée serbe, réussissant également à ramener son avion à bon port, à savoir la base italienne de Gioia del Colle.
Finalement c’est en septembre 2000 que l’avion quitta le service actif sans réellement trouvé de successeur, sa mission étant reprise par le Super Étendard Modernisé puis de nos jours par le Rafale M. En 1999 lors de la dernière campagne à la mer de ce type d’avion l’Étendard IVP numéro 107 réalisa le 1253ème appontage. Pas mal pour un avion de reconnaissance.
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