Quand on aborde le cas des avions conçus par la société créée par Marcel Dassault on imagine immédiatement des machines réussies vendues à des centaines d’exemplaires dans le monde entier. C’est vrai et faux à la fois car le constructeur Dassault a aussi connu quelques plantages tout au cours de son histoire. Un des plus méconnu fut un avion de chasse initié au tout début des années 1980 et qui se heurta notamment à la concurrence d’autres avions conçus par le même avionneur. Cette machine est le Dassault-Breguet Mirage 3 NG.
L’idée germa dès le début de l’année 1981 dans la tête des dirigeants de la société Dassault-Breguet : donner un successeur au Mirage III à partir d’une avionique issu du tout nouveau Mirage 2000C. Le programme prit la désignation de Mirage 3 NG, abandonnant le chiffrage romain pour un chiffrage arabe et adoptant ces deux lettres qui signifiaient Nouvelle Génération. Il fallait désormais travailler sur un avion existant déjà et c’est le prototype Mirage 50-01 qui fut sélectionné.
L’avion qui appartenait à l’entreprise et réalisait jusque là des vols de développement pour le compte également du Centre d’Essais en Vol fut donc renvoyé en ateliers à Saint-Cloud. Là il fut tout bonnement désossé de A à Z. On lui greffa les commandes de vol électrique du Mirage 2000C mais également une partie de son poste de pilotage dont le collimateur tête haute. L’ultramoderne radar RDM (pour radar doppler multifonction) développé par Thomson CSF et la centrale de navigation inertielle du chasseur lui furent également installés en plus d’une chaîne de contre-mesures électronique dernier cri.
Tandis que des plans canards furent installés à l’avant de la voilure celle-ci fut agrandie et portée à 35m² de superficie grâce à l’allonge en apex de ses bords d’attaque. Le Mirage 3 NG conserva cependant le réacteur SNECMA Atar 9K50 du Mirage 50, les ingénieurs ne réussissant pas à le doter du M53 du Mirage 2000. Son ajout aurait nécessité des modifications beaucoup trop lourdes en matière d’usinage et se serait ressenti sur l’aérodynamique de l’avion.
Le Dassault-Breguet Mirage 3 NG réalisa son premier vol le 21 décembre 1982 entre les mains du pilote d’essais Patrick Experton. Il avait été convoyé par la route entre Saint-Cloud et Mérignac quelques semaines auparavant. De l’avis général c’était un avion assez bien pensé malgré une masse à vide trop élevée pour permettre l’emport d’une charge de combat acceptable. De toutes manières l’avion était destiné bien plus aux missions de chasses que d’attaque au sol ou d’appui aérien, son armement de prédilection était donc le missile air-air avec en priorité les R530 Super à moyenne portée et R550 à courte portée. Au total quatre missiles pouvaient être emportés sous voilures.
Afin d’augmenter son rayon d’action le Mirage 3 NG se fit doter d’une perche de ravitaillement en vol.
Et le premier essais de transfert de carburant en plein vol fut réalisé au début de l’année 1983 avec l’aide d’un Boeing C-135F de l’Armée de l’Air. En configuration lisse en fait le Mirage 3 NG était plus difficile à ravitailler qu’avec les maquettes de missiles air-air qu’il emportait parfois également.
Présenté en vol en vedette au salon du Bourget 1983 le Mirage 3 NG intéressait à cette époque trois pays, tous utilisateurs alors du Mirage III : l’Argentine, l’Espagne, et le Liban. Malheureusement aucun ne donna suite, pour diverses raisons. Et à la fin de l’année 1984 les responsables de Dassault-Breguet décidèrent de cesser de faire la promotion de cet avion.
On pouvait alors penser qu’il allait tomber aux oubliettes mais trois ans et demi plus tard le ministère français de la défense nationale se rappela à lui et passa commande pour un second prototype. Initialement désigné Mirage 3 NG 02 il était dérivé non plus d’un Mirage 50 mais d’un Mirage IIIE. Globalement très similaire à son prédécesseur il se différenciait seulement extérieurement par les petites aigrettes installées à l’avant de l’avion au niveau du tube de Pitot. Le radar RDM laissa la place à un Cyrano IV plus classique, et surtout moins onéreux.
À la demande de l’Armée de l’Air cet avion fut rebaptisé Mirage III EX, ces deux lettres étant l’abréviation d’expérimental. Et elles lui allaient comme un gant puisque l’avion ne dépassa pas le stade expérimental. Malgré un premier vol intervenu le 8 avril 1988 entre les mais de Jean Pus ce monoréacteur entrait en concurrence direct avec tout nouveau Rafale A que les militaires français espéraient recevoir sous peu. L’histoire montre qu’ils ont attendu un peu pour toucher leurs Rafale C au début du siècle suivant.
Finalement le Dassault Mirage 3 NG termina sa carrière comme plante verte devant des installations de Dassault Aviation tandis que le Mirage III EX fut utilisé durant plusieurs années pour des essais d’armement, notamment air-sol. Il est à remarqué que le concept fut cependant adapté pour la modernisation des Dassault F-103 Mirage brésiliens au début des années 1990. En fait les deux principaux adversaires du Mirage 3 NG auront été français : le Mirage F1 et, ironie du sort, le Mirage 2000.
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