Si au strict sens du terme un avion de chasse est destiné à combattre et éventuellement à abattre un autre avion dans la réalité opérationnelle des forces aériennes c’est bien différent. Il n’est pas rare que les unités de chasse intègrent des avions d’attaque comme dans l’US Air Force avec les Fairchild-Republic A-10 Thunderbolt II ou jadis dans la Royal Air Force autour de feus les Panavia Tornado GR.4. En France l’Armée de l’Air et de l’Espace ne fait pas exception à cela avec sa 3e Escadre de Chasse qui vole sur monoréacteurs Dassault Aviation Mirage 2000D.
Au début de l’année 1991 la France engagea ses avions d’attaque au sol SEPECAT Jaguar A dans les opérations contre l’Irak de Saddam Hussein. Cela faisait suite à l’invasion du Koweït et à la fin de l’ultimatum lancé par l’ONU au dictateur baasiste. Si ces avions de facture franco-anglaise firent souvent coups au but ils démontrèrent aussi une fatigue structurelle et une relative obsolescence de leurs systèmes embarqués. Leur remplacement aurait dû être compensé par l’apparition des nouveaux Mirage F1-CT malheureusement ceux-ci devaient déjà assurer le remplacement des derniers Mirage IIIE et Mirage 5F totalement dépassés. Il était donc urgent de trouver une solution, d’autant que l’effondrement du bloc soviétique laissait entrevoir de futurs conflits asymétriques.
L’option de l’acquisition d’avions de combat de facture étrangère fut très rapidement écartée. La France développe et produit ses propres avions de combat. La plus logique était donc de dériver un avion d’attaque au sol depuis le Mirage 2000B. L’idée était loin d’être stupide puisque trois ans auparavant le bombardier nucléaire Mirage 2000N avait été développé selon ce principe. Le programme Mirage 2000D fut lancé en ce sens, et un Mirage 2000N fut modifié de manière à en devenir le prototype. Il vola pour la première fois le 31 mars 1993. Il doit préfigurer les quatre-vingt-six exemplaires commandés par l’Armée de l’Air. Dans l’esprit des généraux français de l’époque il doit aussi assurer l’intérim en attendant que ne soient livrés les premiers Dassault Aviation Rafale.
Le cœur de son avionique est le radar Antilope V développé par Thomson-CSF qui doit lui permettre de réaliser des missions à basse altitude en suivi de terrain. Le Mirage 2000D fut optimisé pour l’emploi de munitions guidées comme les missiles AS-30 Laser et les bombes BGL-400 et BGL-1000 françaises ainsi que pour l’emport de missile air-air d’autodéfence R-550 Magic. Contrairement aux autres Mirage 2000 le Mirage 2000D ne possède aucun canon interne.
Les premiers Dassault Aviation Mirage 2000D entrèrent en service dans l’Armée de l’Air en avril 1995. Ces appareils représentaient un véritable bond technologique en avant pour les aviateurs français appelés à voler dessus. C’est l’Escadron de Chasse 1/3 Navarre qui est le premier à le mettre en œuvre en remplacement… du vieux Mirage IIIE. Outre les trois escadrons de la 3e Escadre de Chasse des Mirage 2000D ont porté les couleurs des Escadrons de Chasse 4/33 Vexin et 3/11 Corse. La fin du 20e siècle est pour lui synonyme d’intervention en ex-Yougoslavie, et notamment au Kosovo où sa précision en fait un des avions les plus redoutables de la coalition alliée. L’entrée dans le 21e siècle sera tonitruante pour lui puisque le Mirage 2000D figure parmi les premiers avions alliés à survoler l’Afghanistan afin de frapper les positions d’Al-Qaïda et des fondamentalistes talibans.
En parallèle qu’ils interviennent partout où la République Française a besoin d’eux les avions d’attaque à aile delta subissent des chantiers de modernisation. Petit à petit ils abandonnent leurs armements estampillés français pour des modèles américains jugés plus précis et moins onéreux. Les bombes GBU-12 et GBU-16, de respectivement 227 et 454 kilogrammes, deviennent des munitions standards tandis que le missile de croisière SCALP-EG de facture française fait son apparition. Au début des années 2010 l’A2SM, Armement Air-Sol Modulaire, lui aussi issu de l’industrie tricolore débarque sous le Mirage 2000D. L’avion devient de plus en plus essentiel aux missions de pénétration et d’attaque au sol menées par la France.
La fin de service du Mirage F1 CT en octobre 2012 le laisse seul avion d’attaque au sol de l’arsenal de l’Armée de l’Air. Et contrairement à ce qui se disait à son arrivée en dotation le Rafale ne l’a nullement envoyé à la retraite. Mieux même le Livre Blanc de 2013 indique que l’avion doit encore être modernisé et maintenu en état de vol au moins jusqu’à la fin des années 2020. La flotte de Mirage 2000D de l’Armée de l’Air et de l’Espace est cependant réduite à cinquante-cinq exemplaires seulement en vertu de la loi de programmation militaire 2019-2025. Une nouvelle nacelle canon en point centrale fait son apparition, elle s’articule désormais autour du DEFA 550 F3 pleinement adapté aux missions d’appui tactique rapproché. Le missile air-air Magic disparait au profit du Mica IR.
Avion d’attaque à la redoutable efficacité le Dassault Aviation Mirage 2000D est aujourd’hui un des appareils les plus apprécié des pilotes et équipages de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Une version export exista un temps sous la désignation Mirage 2000S sans cependant suscité d’intérêt réel. Il faut savoir que la DGA Essais en Vol a aussi utilisé un tel avion comme appareil de soutien à ses tests. Selon toutes vraisemblances le Mirage 2000D sera le dernier Mirage à voler sous les couleurs françaises.
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