Plus la technologie avance et moins les prototypes demeurent sans suite, principalement grâce au travail en amont des ingénieurs et de leurs supers calculateurs. On pourrait se dire qu’en ce début de vingt-et-unième siècle les démonstrateurs technologiques donnent forcément naissance à des avions de série, à fortiori dans l’aviation civile. Et pourtant il arrive parfois des accidents de parcours comme en a connu un l’avionneur français Dassault Aviation en 2017 avec l’abandon pur et simple du programme Falcon 5X.
Pourtant tout semblait parfaitement bien parti pour cet avion, né sous les meilleurs hospices. Né dans le courant de l’année 2012 en vue de damer le pion à ses concurrents nord-américains Bombardier et Gulfstream le programme Falcon 5X visait à permettre à Dassault Aviation d’occuper le segment des biréacteurs long-courriers. Son existence est officiellement annoncée en octobre 2013. Sa conception avait été confiée aux ingénieurs de Saint Cloud et Mérignac avec comme objectif un premier vol début 2016 et une certification à l’horizon 2018.
Un peu à la manière de ce qui se faisait alors sur l’avion de combat omnirôle Rafale, un protocole d’accord fut signé avec le motoriste Safran afin de réaliser conjointement l’avion. Dassault Aviation comptait équiper son futur jet d’affaire du Silvercrest un turboréacteur de nouvelle génération alors déjà sélectionné par Cessna pour son Citation Longitude.
Extérieurement le Dassault Aviation Falcon 5X n’avait cependant rien de révolutionnaire. Il reprenait les codes esthétique des biréacteurs de la firme francilienne édictée depuis le Mystère XX et sans cesse remis aux goût du jour. C’est plutôt à l’intérieur de l’avion que se jouaient les véritables innovations. Construit intégralement en alliages légers métal-composites, un peu à la manière de l’avion de ligne très-long-courrier Airbus A380, le nouveau jet d’affaire se voulait avant tout écoresponsables. Plus léger donc moins gourmand en carburant, c’est logique. Dans le cockpit les ingénieurs avaient, à l’instar du Falcon 8X triréacteur, fait le pari du tout-écran. La cabine passager avait été pensée afin de recevoir dans le luxe et l’élégance la plus française entre huit et seize passagers.
Si les travaux de développement avançaient à bon train au cours de l’année 2015 c’est du côté de chez Safran que les problèmes de mise au point du Silvercrest semblaient s’accumuler. Et enfin la nouvelle tomba au début de l’année suivante quand le constructeur et le motoriste annoncèrent un retard de développement de deux ans. Les concurrents du futur Falcon 5X, dont le très réussi Bombardier Global 5000 canadien, avait donc désormais un boulevard devant eux.
Dans les bureaux d’étude et ateliers de Safran on s’activait pour tenter de résoudre les difficultés rencontrées. À la même époque le motoriste subit un sérieux revers lorsque Cessna décida de retirer ses billes du Silvercrest et de sélectionner le turboréacteur Honneywell HTF7000 pour propulser son futur Citation Longitude. Beaucoup envisageaient alors une alternative similaire pour Dassault Aviation et son Falcon 5X.
D’autant que l’avion commençait à intéresser beaucoup ses potentiels clients. Il n’est pas déraisonné de dire que la «marque» Dassault Aviation est porteuse de valeurs de robustesse et de modernité, le tout allié à un soin tout particulier apporté à l’aménagement intérieur. Même l’Armée de l’Air regardait ce près ce futur Falcon 5X dans l’optique du remplacement du plus ancien de ses Falcon 900.
Au mois d’avril 2017 le prototype du Dassault Aviation Falcon 5X commença ses essais de roulage à Mérignac grâce à deux Safran Silvercrest finalisés et livrés presque dans les temps. Et le premier vol intervint quelques semaines plus tard, le 5 juillet 2017. Dès lors beaucoup poussèrent un ouf de soulagement chez Dassault Aviation autant que chez Safran. On entrevoyait désormais une certification de l’avion aux alentours de 2020, signifiant ainsi son arrivée sur le marché.
Pourtant rien n’allait encore au niveau du Silvercrest et le couperet tomba en fin d’année 2017 : le programme du Dassault Aviation Falcon 5X était tout bonnement annulé. Jamais ce biréacteur ne dépasserait le stade du prototype, un cas finalement assez rare dans l’histoire de l’avionneur francilien. Le seul véritable précédent est le Falcon 30 dans les années 1970.
Pour autant les dirigeants de Dassault Aviation n’ont pas renoncé à se positionner sur ce segment aéronautique. Fin février 2018 ils ont présenté l’avant-projet du Falcon 6X, propulsé cette fois-ci par deux turboréacteurs Pratt & Whitney Canada PW800. On ignore actuellement ce qu’il adviendra du seul prototype du Dassault Falcon 5X. Espérons que les dirigeants du constructeur auront la bonne idée de l’envoyer au Bourget dans les collections du Musée de l’Air et de l’Espace, au milieu d’autres prototypes français !
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