Au cours de la Seconde Guerre mondiale l’US Navy a cherché au maximum à disposer de ses propres avions d’entrainement. En effet plus que jamais aviateurs et marins n’avaient pas la même manière de travailler, mais surtout pas les mêmes techniques de formation pour les équipages, pilotes, et mécaniciens. C’est la raison pour laquelle l’aéronavale américaine fut la seule utilisatrice au sein des forces américaines de certains types d’avions. Parmi ceux ci figurait un appareil conçu au départ pour les besoins à l’export et qui devint un de ses principaux avions d’entrainement avancé : le Curtiss SNC Falcon.
En octobre 1939, alors que le monde assistait avec stupeur à l’avancé des troupes allemandes en Pologne, l’avionneur américain Curtiss-Wright décidait de concevoir, sur fond propre un avion d’entrainement avancé à bas coût. Dès le départ cet avion intéressa certains pays européens qui se rendaient compte que leurs avions de formation étaient insuffisants pour préparer de jeunes pilotes à voler sur des avions d’armes modernes afin d’affronter la chasse allemande. Parmi ces pays figurait principalement les Pays-Bas et la Turquie. Alors que l’avion n’en était encore qu’au stade de simple projet l’aviation néerlandaise passa commande pour 36 appareils destinés à servir aux Indes Néerlandaises pour la formation des futurs pilotes de Fokker D XXI.
Curtiss décida donc de baser son appareil sur le chasseur monoplace CW-21. Pour ce faire les ingénieurs de l’avionneur décidèrent de construire un prototype désigné CW-22. Il se présentait sous la forme d’un monomoteur monoplan à aile basse cantilever. Son fuselage reprenait l’architecture générale du CW-21, et notamment au niveau de l’empennage. En outre le train d’atterrissage était lui aussi identique au chasseur, et s’escamotait dans des logements spéciaux sous les ailes. Mais surtout le CW-22 disposait d’un armement. Deux mitrailleuses de 7.62mm avaient été montées, l’une en position de chasse dans le nez de l’avion tirant au travers du moyeu de l’hélice et l’autre sur affût mobile arrière. L’avion était propulsé par un moteur en étoile Wright R-975-11 de 420 chevaux. Il effectua son premier vol en mars 1940.
Les premières livraisons furent évidemment pour les pilotes néerlandais qui utilisèrent leurs CW-22A pour la formation des jeunes stagiaires mais également pour des missions d’observation et de reconnaissance diurne. Dans cette seconde mission un observateur prenait place en position arrière dans l’habitacle de l’instructeur avec sur lui un appareil photo léger. Toutefois la formule n’eut pas que des avantages. Les CW-22 néerlandais participèrent activement aux opérations contre les forces japonaises, et ce jusqu’à la capitulation des Indes Néerlandaises. Plusieurs CW-22 furent par la suite saisis par les Japonais qui utilisèrent l’avion quelques temps.
Par la suite la Turquie fit l’acquisition de cinquante exemplaires qui devinrent parmi les principaux avions d’entrainement dans le pays. Ils servirent de 1940 à 1948. Quelques autres appareils furent acquis par la Bolivie et par le Pérou. Le deuxième de ces clients acheta début 1941 vingt exemplaires de la même version que la Turquie, le CW-22B, pour des missions d’entrainement avancé. Quant à la Bolivie elle acheta quelques mois plus tard 17 CW-22B pour des missions d’entrainement avancé, de reconnaissance, et même parfois de chasse.
Au moment de l’entrée en guerre des États-Unis l’US Navy décida d’acquérir des avions d’entrainement de base, avancé, et même spécialisé pour ses futurs pilotes. Parmi ces avions elle choisit d’acheter un premier lot de 155 CW-22N qui reçurent la désignation de SNC Falcon. Aux vues de cette dénomination le Falcon était un avion d’entrainement spécialisé pour les futurs pilotes d’avions terrestres et embarqués et pour les hydravions d’observation et de reconnaissance maritime. Par la suite il décidèrent d’acquérir 300 exemplaires d’une version désarmée désignée SNC-1. Les Falcon servirent à la formations des équipages durant toute la guerre, et quelques-uns uns volèrent même pour le compte des pilotes de la Fleet Air Arm formés aux États-Unis. Leur retrait eut lieu peu après la fin des hostilités, alors que l’US Navy semblait avoir moins besoin de pilotes.
Le Curtiss SNC Falcon est un des rares avions militaires à avoir connu une riche carrière à l’export avant d’être utilisé par son pays d’origine. Si l’avion n’a pas particulièrement laissé une trace dans l’histoire, il n’en demeure pas moins un des seuls avions d’entrainement conçu par son constructeur à avoir été assemblé en série. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale quelques SNC-1 ont été vendus à des clients civils pour l’entrainement des pilotes de compagnies aériennes.
De nos jours un SNC-1 est préservé par l’US Naval Air Museum. Il s’agit du dernier avion de ce type actuellement propriété d’un musée. La production du Falcon a dépassé les 600 exemplaires.
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