Dans la seconde moitié des années 1930, l’US Army Air Corps chercha par tous les moyens à moderniser son aviation de combat, afin de la rendre équivalente à ce qui se faisait alors en Europe. A cette époque, les pilotes de chasse américains volaient encore majoritairement sur des biplans faiblement armés. Plusieurs avions émergèrent à cette époque parmi lesquels figurait un petit monomoteur qui s’il ne fut pas une réussite totalement exemplaire eut toutefois une descendance vraiment fleurissante, le Curtiss P-36 Hawk.
C’est en mai 1935 que fut lancé un programme visant à fournir à l’USAAC un nouveau chasseur monomoteur monoplace. Assez étrangement seuls deux avionneurs y répondirent : Curtiss et Seversky. Le premier apportait son Model 75 tandis que l’autre proposait son SEV-1XP. Les deux avions étaient assez différents, mais avaient en commun d’être des monoplans à cabine fermée, une architecture particulièrement moderne pour l’époque. Malgré d’indéniables qualités intrinsèques, le marché ne tourna pas en faveur de l’avion de Curtiss, et c’est une version améliorée du SEV-1XP qui fut choisie, donnant ainsi naissance au P-35. Cependant l’état major de l’USAAC décida de commander trois avions de présérie issus du Model 75 et désignés Y1P-36.
Cette manière de faire assez inhabituelle résultait de l’impression générale dégagée lors des essais. Finalement l’Y1P-36 n’était pas moins bon que le P-35, il était juste différent. Et cela justifia la commande de ces trois avions. Le premier d’entre eux vola en avril 1937. Rapidement l’US Army Air Corps changea son fusil d’épaule, et d’outsider recalé le chasseur de Curtiss devint le favori des militaires américains. Si bien qu’en juillet 1937, une commande fut passée pour 210 exemplaires de série désignés P-36A. Il fut baptisé Hawk.
Extérieurement le Curtiss P-36 Hawk se présentait sous la forme d’un monomoteur monoplan à aile basse cantilever. Il était doté d’un fuselage monocoque et faisait appel à une construction mixte en métal et contreplaqué. Sa propulsion était assurée par un moteur en étoile Pratt & Whitney R-1830-13 Twin Wasp d’une puissance de 900 chevaux entraînant une hélice tripale en métal. Il disposait d’un train d’atterrissage classique escamotable. Son armement se composait d’une mitrailleuse de calibre 7.62mm et d’une de 12.7mm. Le pilote prenait place dans un cockpit dans un cockpit de petite taille mais protégé par des plaques de blindage, une première aux États-Unis.
En fait peu de Curtiss P-36 furent des P-36A, les désignations changeant rapidement en P-36B, puis P-36C, et ainsi de suite au gré des changements de moteurs. L’armement aussi profita de ces changements, passant de mitrailleuses du calibre 7.62mm au tout calibre de 12.7mm, donc plus puissantes.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata en Europe en septembre 1939, le Curtiss P-36 Hawk était numériquement parlant le principal chasseur en service dans les unités américaines. Mais surtout l’avion avait été un relatif succès à l’export, avec notamment le Curtiss H75 assemblé sous licence en France. Parmi les autres pays qui commandèrent cet avion figurait la Norvège. Cependant ce dernier pays n’eut pas la chance de recevoir ses avions à temps. Ainsi les quarante machines étaient encore coincés en douane aux États-Unis quand la Norvège tomba sous la joug nazi.
De ce fait les Hawk 75A-8 norvégiens furent repris par Curtiss. En janvier 1942 alors que l’Amérique venait d’entrer en guerre, ils furent livrés à l’US Army Air Force sous la désignation de P-38G. Ils furent principalement utilisés comme avions de chasse sur le territoire américain, chargés notamment de la défense aérienne d’une partie de la côte est américaine. Par la suite, fin 1943 une vingtaine de P-38G furent convoyés jusqu’au Pérou pour y servir de chasseur en remplacement de biplans Curtiss.
Finalement les derniers Curtiss P-36 furent retirés du service actif début 1944. Avion maniable et relativement bien armé, ses carences venaient de sa vitesse à basse altitude jugée souvent trop faible et de son rayon d’action un peu court. Par la suite, le P-36 donna naissance à un prototype sans suite désigné XP-37. Celui-ci préfigurait le futur, et très réussi, Curtiss P-40 Warhawk. Pas mal pour un avion qui au départ fut supplanté par un appareil qui demeura moins longtemps que lui en service. Belle ironie du sort.
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