Durant la Seconde Guerre mondiale l’isolement géographique des États-Unis obligea le pays à se doter d’une flotte importante d’avions de transport afin de soutenir leurs troupes engagées en Europe et en Méditerranée mais également celles qui combattaient les troupes nippones dans le Pacifique. L’avion qui symbolise le mieux cette formidable force de projection demeure le C-47 Dakota pour le plus grand nombre. Cette quasi-universalité du bimoteur de Douglas dissimule néanmoins une sérieuse ombre au tableau, en effet il ne fut qu’un avion de transport très moyen dans le Pacifique où son rayon d’action était jugé trop faible. Le Department of War lui préféra un appareil plus récent : le Curtiss C-46 Commando.
Pour cet avion tout débuta, à l’instar du Dakota, par une carrière civile. En effet la société Curtiss-Wright lança en juin 1939 l’étude d’un avion de ligne capable de transporter environ 30 passagers sur 2000 kilomètres dans des conditions de vol permettant de franchir les chaînes montagneuses américaines, notamment les Appalaches. Pour marquer une rupture avec les DC-3 et Boeing 247 le nouvel avion fut doté d’un fuselage de type bilobé large. L’avion prit la désignation civile de CW-20. Il effectua son premier vol le 26 mars 1940.
Rapidement l’avion intéressa l’US Army Air Force qui avait compris que le conflit qui se jouait en Europe allait rapidement toucher l’Amérique. Le Department of War passa alors une commande à Curtiss-Wright pour une version militarisée, dotée de puissants moteurs en étoile de 2000 chevaux, capables de remplir des missions de transport de passagers, de parachutage, de transport de fret, d’évacuation sanitaire, mais aussi de tractage de planeurs. Dès le départ il fut décidé que l’avion opérerait dans des conditions particulièrement délicates. Une première commande pour 500 avions connus sous la désignation de C-46 Commando fut passé en septembre 1941. Il s’agissait alors d’un avion très proche du CW-20 civil.
L’attaque sur Pearl Harbor le 7 décembre 1941 précipita la construction des C-46 Commando. En effet cet avion devint prioritaire pour le constructeur, mais aussi pour Fisher, la branche aéronautique de General Motors. Ainsi, 2500 avions supplémentaires furent alors commandés par l’US Army Air Force, sous la désignation de C-46A, pour soutenir son effort de guerre dans le Pacifique et en Asie du Sud-Est alors sous domination du Japon et de la France de Vichy. Les premiers C-46 furent affectés en unités en juillet 1942. Il s’agissait alors du plus gros bimoteur de transport de l’arsenal américain.
Le Curtiss C-46 se présentait comme un monoplan bimoteur de transport doté d’un très surprenant fuselage bilobé. L’avion disposait d’un train d’atterrissage classique totalement escamotable, y compris la roulette de queue. Son avionique était simple mais l’avion disposait d’un radio-compas issu de celui qui équipait alors les versions de reconnaissance du Boeing B-17.
La première opération d’importance du Commando eut d’ailleurs lieu seulement quelques jours plus tard quand une quarantaine de ces bimoteurs participèrent au ravitaillement des troupes d’invasion américaine lors de l’assaut sur les îles Salomon en août 1942. Le 8 septembre plusieurs avions parachutent des Marines sur les zones autours de la ville de Taivu. Par la suite les C-46 furent utilisés pour acheminer du matériel et des vivres vers Port-Moresby en Nouvelle Guinée suite à la défaite japonaise dans sa tentative de prise de la ville.
Le 10 mars 1943 le Général Claire Chenault, ancien patron des Flying Tigers, prend le commandement de la toute nouvelle 14ème Force américaine qui a pour mission le ravitaillement et la défense de la Chine face à l’Empire du Soleil Levant. Claire Chenault demanda au Department of War de disposer d’un nombre important de C-46 à même d’acheminer tout le matériel nécessaire aux opérations qu’il commandait. Les Commando commencèrent alors à ravitailler la Chine occupée en matériel en décollant d’Inde et en survolant la chaîne montagneuse de l’Himalaya. Ils devaient donc voler très haut, et très longtemps pour remplir leur mission à bien.
Les Commando remplirent leurs missions de transport dans le Pacifique jusqu’à la fin des hostilités en août 1945. Un lot de 160 avions fut même acquis par l’US Marines Corps sous la désignation de R5C-1 pour effectuer des missions de soutiens à ses unités de chasseurs-bombardiers Vought F4U Corsair et avions d’attaque Curtiss SB2C Helldiver. Mais les Marines ne furent pas les seuls utilisateurs, en dehors de l’USAAF, à utiliser le C-46 durant la guerre. En effet la Royal Air Force reçu un exemplaires d’un version désignée C-55 ainsi qu’un lot de onze Curtiss-Wright C-46A. Ces avions étaient fait des CW-20 civils prélevés sur les stocks des compagnies aériennes américaines. Les Britanniques affectèrent ces machines à la British Overseas Airways Corporation, la compagnie aérienne nationale britannique. Bien que portant des immatriculations civiles, les Commando disposaient d’un camouflage militaire. Ils furent affectés à des missions de transport d’état-major et à des liaisons « commerciales » vers l’Irlande et la Suède.
Après guerre plusieurs pays utilisèrent des Curtiss C-46 pour des missions de transport dont, ironie du sort, le Japon. Ce dernier utilisa ses Commando jusqu’à la fin des années 1970, après l’entrée en service des Kawasaki C-1. De nos jours quelques Commando volent encore aux États-Unis dans de petites compagnies aériennes de transport de fret au fin fond de l’Alaska.
Le Curtiss C-46 Commando reste indéniablement l’avion de transport de la Guerre du Pacifique, mais n’a jamais eu l’aura de son éternel concurrent. Le faible nombre d’avions encore en état de vol de nos jours montre également que le C-46 était en de nombreux points inférieurs au Dakota, mais il fut un avion important, notamment pour les combattants qu’il ravitailla.
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