Durant la première moitié de l’entre-deux-guerres, la puissance aérienne des militaires américains était un concept encore assez flou. Si l’US Army Air Corps disposait de quelques chasseurs assez performants et d’avions d’entraînement efficients, il en était tout autrement des autres types d’appareils et notamment de ses bombardiers. Ceux-ci étaient généralement considérés comme fragiles et mal motorisés. A quelques très rares exceptions, ils n’étaient pas particulièrement adaptés à leur rôle. L’un d’entre eux fut le biplan Curtiss B-2 Condor.
C’est début 1928 que l’état-major de l’US Army Air Corps chercha à se doter d’un nouveau bombardier lourd à long rayon d’action destiné au remplacement d’une partie de la flotte des Martin NBS-2 encore en état de vol. Cet avion était à cette époque le principal bombardier bimoteur en service aux Etats-Unis et était utilisé aussi bien pour le bombardement de jour que de nuit (alors qu’il n’avait été conçu que pour cette seconde mission) et avec des charges offensives aussi vastes que les désirs des différents généraux américains. Certains NBS-2 étaient même utilisés comme bombardiers anti-navires.
Il fallait donc aux aviateurs américains un avion qu’ils puissent n’utiliser que comme bombardier lourd à long rayon d’action. Une compétition fut officiellement lancée en mars 1928. Quatre constructeurs y répondirent : Atlantic Aircraft Corporation (la branche américaine de l’avionneur néerlandais Fokker) , Curtiss, Keystone, et Sikorsky. Assez rapidement deux projets se détachèrent du lot, ceux de Curtiss et de Keystone. Un prototype de chaque fut donc commandé sous les désignations respectives de XB-2 et XB-1.
L’avion proposé par Curtiss se présentait sous la forme d’un bimoteur biplan construit en bois entoilé et contreplaqué. Il disposait d’un train d’atterrissage classique fixe et d’un empennage double dérive doté d’un plan horizontal. Sa propulsion tournait autour de deux moteurs à douze cylindres en V Curtiss Conqueror V-1570 d’une puissance nominale de 600 chevaux entraînant chacun une hélice tripale en métal. Son armement défensif se composait de six mitrailleuses Lewis d’un calibre de 7.62mm montées pour deux d’entre elles dans le nez de l’avion, deux autres sur un affût circulaire de fuselage à mi-distance entre le cockpit et l’empennage, et enfin pour les deux dernières montées une par une sur des postes de tirs à l’arrière des nacelles moteurs. La charge de bombes se constituait de 1180 kg fixés en soute. Le pilote et le copilote quand à lui prenaient place dans un cockpit côte à côte à l’air libre.
Le premier vol du Curtiss XB-2 eut lieu en janvier 1929. Assez rapidement c’est cet avion qui fut choisi par l’USAAC sous la désignation de B-2. On lui attribua le nom de baptème de Condor.
Les premiers avions furent pris en compte par le 11th Bomber Squadron dès la fin 1929. À l’usage l’avion se révéla lourd, lent, et finalement peu maniable en manoeuvres serrées. Par contre il faisait mine d’une précision impressionnante dans ses bombardements, en partie en raison de la position vitrée de l’officier de bombardement dans le nez de l’avion. Toutes ces raisons firent que seuls douze Curtiss B-2 Condor de série furent construits.
En 1931 l’état-major américain demanda à Curtiss de modifier le cinquième avion de série afin d’en faire un appareil d’entraînement à double commande. Le cockpit fut redessiné ainsi que le nez de l’avion qui perdit ses mitrailleuses jumelées. Le nouvel avion reçut la désignation de Curtiss B-2A. Dans le même temps les services techniques de l’USAAC décidèrent de supprimer la position dorsale de tir de tous les Condor, jugée totalement inefficace, et même dangereuse.
S’ils ne furent jamais engagés en opérations par les Américains les douze Condor de série servirent jusqu’en juillet 1934, soit quelques semaines seulement après le départ des sept Boeing B-9, des avions initialement pensés comme les successeurs des B-2.
Loin d’être de parfaits échecs les Curtiss B-2 Condor permirent à l’US Army Air Corps de s’essayer à quelques concepts qui allaient par la suite se retrouver sur la majorité de leurs bombardiers moyens et lourds, comme le poste vitrée de bombardement. Il est à signalé qu’il ne demeure aujourd’hui plus aucun exemplaire de cet avion, et qu’il ne fut jamais exporté. Le Condor ne fut pas le seul bombardier à porter la désignation de B-2, celle-ci a été reprise plus récemment par l’aile volante furtive Northrop B-2A Spirit.
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