Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l’US Army Air Force fit un usage important des avions d’entraînement. Qu’ils fussent monomoteurs ou bimoteurs, monoplans ou biplans, armés ou non, ces avions étaient utilisés intensivement tant les besoins en pilotes et équipages étaient conséquents. Parmi ces avions figurait un surprenant petit bimoteur qui ne servit qu’à un seul rôle : former les pilotes d’avions de combat bimoteurs, bombardiers ou chasseurs. Il s’agissait du Curtiss AT-9 Jeep.
En 1940, l’état-major de l’US Army Air Corps fit savoir à plusieurs constructeurs qu’il recherchait un nouvel avion destiné à la formation des futurs pilotes de chasseurs bimoteurs et de bombardiers. A cette époque l’avion utilisé pour ce type de mission était le Cessna AT-8. Malgré de bonnes qualités général cet avion demeurait trop instable pour permettre une formation correcte des futurs pilotes de bombardiers. L’état de paix, en raison de la neutralité officielle des Américains, ne jouait pas non plus en faveur de l’USAAC. Toutefois ses dirigeants se préparaient à une entrée en guerre à venir qui ne semblait plus faire aucun mystère.
Parmi les constructeurs qui répondirent au cahier des charges pour ce nouveau bimoteur d’entraînement figurait Curtiss-Wright et son CW-25. Extérieurement l’avion semblait assez inhabituel, avec son fuselage très court, et ses moteurs en étoile de faible puissance. Cependant le poids politique du constructeur du chasseur P-40 était tel que l’avion fut commandé assez rapidement.
Un premier prototype du Curtiss CW-25 fut commandé par l’US Army Air Corps. Il se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever construit en tubes d’aciers entoilés. Il possédait un train d’atterrissage classique escamotable et un empennage traditionnel. L’élève pilote et son instructeur prenaient places dans un cockpit biplace côte à côte doté d’un bon champs de vision vers l’avant, le haut et le bas. La propulsion était assuré par deux moteurs en étoile Avco-Lycoming R-680-9 d’une puissance unitaire de 295 chevaux entraînant chacun une hélice bipale en métal. Il réalisa son premier vol au début de l’année 1941.
Rapidement l’avion fut commandé à 500 exemplaires sous la désignation d’AT-9 Jeep. Cependant au 491ème exemplaire l’avion reçut la désignation d’AT-9A. Quelques menues modifications avaient été portés, comme le changement de motorisation au profit de R-680-11 de 300 chevaux. Cette nouvelle version fut assemblé à 300 exemplaires. Il faut dire que lorsque l’AT-9A fit son apparition l’Amérique était en guerre.
La donne avait profondément changé et l’US Army Air Force avait dorénavant besoin de former un maximum de pilotes pour voler sur ses bombardier B-25 Mitchell et B-26 Marauder, mais aussi sur ses chasseurs à long rayon d’action P-38 Lightning et sur les futurs P-61 Black Widow alors en plein développement. Les Curtiss AT-9 Jeep avaient donc une lourde charge de travail.
L’avion n’avait pourtant pas particulièrement une bonne réputation auprès des élèves pilotes. Il était, disait-on à l’époque, difficile à piloter à haute altitude, et pardonnait assez peu les erreurs à basse altitude. Pourtant les instructeurs qui volaient dessus ne tarissaient pas d’éloges sur sa stabilité en vol horizontal et sur sa finesse générale. Ce qui explique que malgré un important taux d’accident l’avion demeura en service jusqu’à la fin des hostilités.
Il faut souligner qu’il fut proposé à la Royal Air Force au titre du Prêt Bail, mais que les Britanniques le refusèrent. En effet eux aussi n’apprécièrent pas particulièrement son instabilité chronique. C’est ce qui explique en partie que le Curtiss AT-9 ne fut utilisé qu’aux États-Unis.
Au lendemain de la guerre plusieurs avions furent revendus à des écoles civiles, mais celles ci les utilisèrent peu, tant ils avaient tendances à s’écraser. En 1943 quand la production en série s’arrêta 792 AT-9 Jeep avaient été produit, prototype compris. Un chiffre finalement assez élevé quand on le compare à la mauvaise image de marque de cet avion qui demandait rigueur et habileté aux élèves formés dessus.
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