Peu d’avions militaires dans l’histoire aéronautique ont connu une carrière aussi longue que le bombardier stratégique Boeing B-52 Stratofortress, à l’exception bien sûr de l’avion de transport tactique Douglas C-47 Skytrain. Engagé au Vietnam, puis dans le Golfe, ou encore au-dessus de l’Afghanistan cet appareil est devenu une véritable icône de la défense des États-Unis. On pourrait presque en oublier qu’il fut obligé de s’imposer lors d’une pseudo compétition contre un adversaire battu d’avance : le Convair YB-60.
C’est en 1946 que l’US Army Air Force commença à réfléchir à une future uniformisation des moyens de bombardement stratégique aux États-Unis. L’expérience de la Seconde Guerre mondiale où les bombardiers lourds Boeing B-17 Flying Fortress et B-29 Superfortress ainsi que les Consolidated B-24 Liberator avaient réalisé plus de 60% des missions incita à envisager un unique avion. D’autant qu’une nouvelle donne était entrée en ligne de compte : l’arme atomique. Quelques mois plus tard devenue indépendante de l’armée américaine la jeune US Air Force approfondit le sujet.
À peine les North American B-45 Tornado et Boeing B-47 Stratojet entrés en service que le programme d’uniformisation fut lancé. Le cahier des charges prévoyait que le futur avion dispose d’une charge offensive de trente tonnes de bombes en soutes et soit propulsé par huit turboréacteur Pratt & Whitney JT3. Seuls deux avionneurs y répondirent : Boeing et Convair. Le premier avait choisi le JT3D tandis que le second avait sélectionné le JT3C
L’avion de Boeing reçut la désignation YB-52 et celui de Convair YB-60.
En fait là où Boeing avait décidé de concevoir son avion de zéro les équipes de chez Convair avaient fait un choix moins audacieux. Leur YB-60 était directement dérivé du B-36 Peacemaker. Les deux prototypes commandés par la jeune US Air Force étaient en réalité des B-36F, porteurs des serials 49-2676 et 49-2684. Afin de tromper les services du renseignement soviétique, la grande crainte des Américains en cette fin des années 1940, l’YB-60 fut officieusement désigné YB-36G.
Extérieurement ce nouveau bombardier reprenait en fait les grandes lignes du B-36 Peacemaker, et notamment son poste de pilotage surélevé ainsi que son fuselage de section circulaire. Sa voilure haute était elle aussi hérité de cet avion tout comme le nouveau train d’atterrissage tricycle fixe. L’empennage avait été redessiné et affiné. Les ingénieurs de Convair et ceux de Pratt & Whitney eurent l’idée de jumeler les huit réacteurs JT3C sous quatre pylônes de voilure. Outre les bombes, conventionnelles et/ou nucléaires en soutes, l’YB-60 fut pensé pour disposer de deux canons jumelés M24A de calibre 20 millimètres télécommandés depuis le poste de pilotage. Destiné à la défense anti-aérienne il s’agissait d’une version américanisée de l’Hispano-Suiza HS.404 français de l’entre-deux-guerres. C’est dans cette configuration que le premier vol du premier YB-60 eut lieu le 18 avril 1952.
En fait les dés étaient pipés pour lui, et les dirigeants de Convair le comprirent trop tard. Quelques semaines après ce vol inaugural l’avion numéro 49-2684 se vit annuler son chantier de transformation en YB-60. Ses modifications, qui devaient normalement permettre au prototype de bombardier de réaliser ses premiers essais de frappes aériennes, furent stoppées. À tous les niveaux il était inférieur à son concurrent, volant moins vite et moins haut. Après 66 heures de vols d’essais seulement le 20 janvier 1953 le programme de développement du YB-60 fut abandonné. Boeing et son YB-52 avaient gagné, l’avion pouvait entrer dans la légende des airs.
En juillet 1954 les deux Convair YB-60 furent envoyé à la ferraille. Ainsi se terminait l’aventure de cette évolution du B-36.
À l’instar du XC-99 le Convair YB-60 démontra que dériver de nouveaux avions d’une machine réussie n’est pas toujours une bonne idée. Après lui cet avionneur ne se hasarda plus jamais à travailler sur un programme de bombardier pour l’US Air Force.
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