Durant la Seconde Guerre mondiale, les « box » de bombardiers alliés étaient le plus souvent possible accompagnés et protégés par des chasseurs d’escorte, souvent d’ailleurs des North American P-51 Mustang, au-dessus des territoires allemands et italiens. Lorsque le conflit prit fin cette doctrine d’emploi demeura d’actualité pour les Américains, et ce même avec l’avènement des avions à réaction. Au début des années 50, alors que l’US Air Force se trouvait massivement engagé dans la Guerre de Corée, elle refusa d’acquérir un chasseur d’escorte pourtant prometteur, le Mc Donnell XF-88, au profit d’un programme un peu fou, le projet FICON (FIghter CONveyor, ou convoyeur de chasseur) qui tournait autour d’un avion porteur Convair GRB-36 et de son chasseur parasite.
En fait, le principe de parasitage d’un gros avion par un plus petit n’était pas totalement nouveau puisque dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, la Luftwaffe avait utilisé le Mistel, destiné à bombarder les cibles alliées fortement défendues. Toutefois celui-ci s’avéra être un échec cuisant.
A la même époque, l’US Army Air Force testa dans le cadre du programme Tip Tow l’accouplement d’un Douglas C-47 Skytrain et d’un avion cible Culver PQ-14B Cadet. Mais là encore ce fut une totale erreur. En fait, il fallut attendre le début de l’année 1947 pour que les ingénieurs américains trouvent la solution. A cette époque les pilotes d’essais du désert de Mojave testaient activement le Bell X-1 pour des vols à grande vitesse. Afin de faire décoller le prototype, celui ci était tout bonnement embarqué dans la soute à bombe d’un quadrimoteur Boeing B-29 largement modifié, puis largué en plein vol avant d’allumer son moteur fusée. C’est ainsi que naquit dans leurs têtes le projet de transformer un bombardier stratégique Convair B-36 Peacemaker en avion-porteur pour le chasseur parasite Mc Donnell XF-85 Goblin.
En fait, le premier souci du programme FICON vint de ce chasseur qui s’avéra rapidement totalement impossible à piloter, et en outre difficile d’entretien. Si bien qu’il fut rapidement suspendu de vol. De ce fait l’US Air Force lui chercha un remplaçant.
Tout naturellement les aviateurs américains se tournèrent vers le Republic F-84E Thunderjet, qui était alors leur principal chasseur à réaction. L’appareil fut modifié en profondeur et changea de désignation au profit de celle de GF-84E (le G signifiant Gigogne) avec un empennage revu et corrigé et un point d’ancrage devant le nez de l’avion.
Mais le cœur du programme FICON était le Peacemaker. Les essais ne furent pas menés sur des bombardiers mais sur un lot de dix RB-36D de reconnaissance stratégique qui furent transformés en GRB-36F.
Par rapport à leurs homologues opérationnels, ceux-ci se présentaient sous la forme d’avions désarmés, et dotés d’un bras rétractable partiellement télescopique qui permettait de « sortir » le GF-84E lors des phases de vol. Pour permettre l’accrochage du chasseur parasite un système très ingénieux de rampe surélevée à l’arrière permettant de glisser le monoréacteur sous l’intrados du géant. Dans les faits le GF-84E n’était pas totalement incarcéré dans le GRB-36F puisque les ailes et le bas du fuselage demeuraient à l’air libre.
C’est dans cette configuration que le premier vol du « couple » GRB-36F et GF-84E eut lieu le 23 avril 1952.
Pourtant à cette époque, le projet FICON avait déjà ses détracteurs, notamment chez Boeing qui proposait un concept moins radical, et finalement beaucoup plus raisonnable : le ravitaillement en vol. En effet, les quadrimoteurs KC-97 pouvaient tout à fait accroître le rayon d’action des bombardiers stratégique B-47 Stratojet alors en cours de déploiement et qui étaient appelés à remplacer à terme les Peacemaker.
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