En mars 1939, le bureau d’aéronautique de la marine (US Navy’s BuAer) adressa aux avionneurs américains une directive détaillée pour l’étude d’un nouveau bombardier-torpilleur embarqué sur porte-avions, en vue de remplacer le Douglas TBD Devastator. Des spécifications précises étaient mentionnées, comme l’emport en soute, et non à l’extérieur, de bombes ou torpille. En août 1939, six constructeurs soumirent à l’examen treize projets, et au début de l’automne, le BuAer en sélectionna trois, proposés par Brewster, Grumman, et Vought-Sikorsky. Finalement, deux firmes retinrent l’attention et un contrat fut établi le 8 avril 1940 pour l’obtention de 2 prototypes Grumman XTBF-1 Avenger ; un autre contrat fut passé deux semaines plus tard pour 1 prototype Vought-Sikorsky XTBU-1 Sea Wolf de remplacement, dans l’éventualité où le premier constructeur rencontrerait des difficultés.
Satisfaite par l’appareil de Grumman, dont le vol initial eut lieu le 7 août 1941, la marine passa une première commande pour 285 exemplaires, tandis que celui de Vought-Sikorsky prenait l’air le 22 décembre 1941, douze jours seulement avant le début de production en série de l’Avenger. Cette anecdote résume l’histoire du Sea Wolf : sans éclat malgré ses qualités, et trop tardif.
Le XTBU-1 avait pourtant de grandes similitudes avec son concurrent ; c’était un monomoteur entièrement métallique, monoplan à aile médiane repliable et train d’atterrissage classique escamotable avec crosse d’appontage. Son équipage de trois hommes était composé d’un pilote, d’un navigateur servant une mitrailleuse ventrale cal.30 à l’arrière de la soute à bombes, et d’un radio actionnant une mitrailleuse cal.50 en tourelle à l’arrière d’une longue verrière de type « serre ».
Les essais en vol commencèrent en mars 1942 et des défauts de la crosse endommagèrent l’appareil au cours d’un appontage simulé, retardant par un mois de réparations et modifications la mise au point définitive. De nouveaux tests, cette fois tout à fait satisfaisants, montrèrent que le Sea Wolf avait une vitesse supérieure de 65 Km/h à celle de son concurrent l’Avenger, et la Navy passa une commande prévisionnelle de construction pour 1000 exemplaires. Mais le potentiel de Vought-Sikorsky était saturé par la production des OS2U Kingfisher et F4U Corsair et le contrat resta en attente jusqu’à sa reprise le 6 septembre 1943 par le groupe Consolidated Vultee, récemment créé. Muni d’un moteur plus puissant et équipé d’un radar au bord d’attaque de l’aile droite, l’appareil désormais désigné TBY-2 entra en production après son premier vol du 20 août 1944, mais ne subit cependant les tests d’évaluation de la marine que le 7 novembre de cette même année, alors que toutes les escadrilles de bombardement/torpillage étaient dotées de TBF Avenger. Devenue inutile après seulement 180 exemplaires, la construction du Sea Wolf cessa à la livraison du dernier appareil, en septembre 1945. Un projet de contrat portant sur 600 TBY-3, une version améliorée, fut envisagé mais bientôt abandonné avant le début de la production.
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