En 1937, sentant la guerre venir en Europe, le Department of War américain demanda aux avionneurs Consolidated et Sikorsky de concevoir un hydravion de reconnaissance lointaine et de bombardement. Sikorsky était connu pour ses hydravions de ligne et Consolidated pour ses machines de guerre, si bien que les deux constructeurs relevèrent le défi rapidement et c’est le constructeur d’origine russe qui proposa le premier un appareil. Désigné XPBS-1, sa machine prit l’air le 13 août 1937 soit moins de cinq mois après le lancement du contrat. Bien que disposant de nombreuses avancées technologiques le XPBS-1 n’était visiblement pas un avion conçu directement pour le combat. Les militaires rejetèrent le projet de Sikorsky, et durent attendre le 17 décembre de la même année pour voir s’envoler le prototype de Consolidated. Désigné XPB2Y-1 l’avion impressionna les officiels présents : il était gigantesque par rapport à la taille des hydravions militaires de l’époque, il disposait de plusieurs innovations directement issues des progrès de la construction navale, et surtout il présentait un armement qui dépassait alors les bombardiers terrestres les plus modernes dont le tout nouveau Boeing B-17. Nonobstant cela l’US Navy ne disposait pas des crédits nécessaires pour commander une telle machine et elle donna à Consolidated un délai de 15 mois pour corriger les quelques petits défauts de jeunesse de l’hydravion.
Le plus important de ces défauts consistait en une légère instabilité latérale. Après avoir étudié divers possibilités les ingénieurs de Consolidated décidèrent d’installer un empennage bidérive issu de celui qui équipait le dernier né des avions de la firme : le bombardier B-24 Liberator. Le second défaut qui fit l’objet d’un chantier de la part du constructeur provint de la coque. Celle-ci fut, avec le concours de Sikorsky, profondément modifiée. Les deux avionneurs mirent au point une nouvelle proue, plus résistante. Une fois ces deux défauts corrigés, l’avion était prêt à être commandé en série. Celle ci vint le 31 mars 1939 quand l’US Navy acquit six exemplaires sous la désignation de PB2Y-2. Il fut baptisé Coronado. Les deux premiers exemplaires furent livrés exactement un an plus tard le 31 mars 1940 au Squadron VP-13. Ils furent affectés à NAS-Lakehurst sur la côte Atlantique. Malgré la non-entrée en guerre des Etats-Unis les Coronado avaient pour missions de suivre les convois qui partaient du Canada vers l’Europe. Ceux-ci protégeaient également les navires civils américains des attaques des U-Boots de la Kriegsmarine. Le 3 mai 1940 le second Coronado participa à une mission confidentielle au-dessus de la Norvège pour observer l’évacuation des troupes britanniques et françaises faces aux forces allemandes. L’hydravion se posa en Mer du Nord et fut avitaillé par un destroyer américain avant de prendre le chemin du retour. La mission se déroula sans aucun problème.
Un septième PB2Y-2 fut transformé par Consolidated en XPB2Y-3. Cette nouvelle version se caractérisait par un blindage renforcé, par un armement défensif plus lourd, et surtout par des réservoirs auto-obturants qui permettaient à l’appareil de pouvoir amerrir même si ce dernier avait subi des avaries dues à des tirs ennemis. De plus le XPB2Y-3 disposait de flotteurs latéraux escamotables qui formaient les saumons de voilures quand l’appareil était en vol. Ce nouveau Coronado emportait en outre un radar ASV permettant la lutte anti-sous-marine de nuit ou par mauvais temps. L’US Navy passa alors commande de 210 exemplaires du PB2Y-3.
Lors de l’attaque japonaise contre la base de Pearl Harbour le 7 décembre 1941, les deux tiers des PB2Y-3 avaient été livrés. La plus part servaient dans l’Atlantique. L’océan Pacifique étant lui à la charge des Catalina et des avions basés à terre et sur porte-avions. Toutefois lorsque l’archipel des îles Aléoutiennes fut attaqué par le Japon le 3 juin 1942 l’US Navy disposait de deux Coronado sur place. L’un d’eux fut détruit par un chasseur-bombardier nippon. Le second réussit à décoller et à rejoindre la côte nord de l’Oregon. Les japonais furent impressionnés par les débris de l’appareil.
En février 1943, les Etats-Unis livrèrent dix Coronado à la Royal Air Force afin de servir au sein des unités du Coastal Command. Les pilotes britanniques, habitués aux Short Sunderland, n’utilisèrent finalement que peu le Coronado en opération et quelques mois plus tard ils transférèrent les appareils au Squadron 231, une unité du Transport Command. Les PB2Y-3 britanniques remplirent alors des missions de transport de courrier entre l’Angleterre et le Moyen-Orient. A la fin de la guerre les Coronado du Squadron 231 participèrent au rapatriement des soldats britanniques prisonniers en Allemagne.
En janvier 1944, Consolidated se lança dans l’étude d’une nouvelle version désigné PB2Y-4 et destiné au transport de fret transatlantique, elle fut suivi du PB2Y-5 de transport sanitaire capable d’embarquer 25 civières et les équipes médicales nécessaires. Seize PB2Y-5 participèrent aux évacuations des soldats blessés lors de l’opération Overlords le 6 juin 1944. Cinquante de ces hydravions furent affectés dans le Pacifique. Lors du conflit les Coronado ont coulé un total de 41 sous-marins ennemis.
Après guerre, 46 PB2Y-3 furent transformé en PB2Y-6 de SAR pour le compte de l’US Coast Guard. Le dernier Coronado fut retiré du service en juillet 1952. Le Coronado fut l’un des derniers grands hydravions quadrimoteurs militaires dans le monde.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.