Les années 1930 furent sans nul doute l’âge d’or des hydravions à coques aux États-Unis. On en trouvait autant dans le domaine civil, ou ils permettaient bien souvent de traverser l’Atlantique nord ou le Pacifique dans un luxueux confort, que dans celui de la défense. Pour les militaires ces machines représentaient d’excellentes plateformes pour surveiller les côtes et la haute mer. Dans une moindre mesure les hydravions à coques chassaient les sous-marins ennemis et participaient aux missions de recherches et de sauvetages de marins en perditions. Quelques constructeurs marquèrent de leur empreinte cette époque grâce à des machines plus ou moins réussies. Ce fut notamment le cas de Consolidated et de son bimoteur P2Y Ranger.
Au début des années 1930 l’US Navy aligne une même famille d’hydravions à coques pour ses missions de patrouille et de reconnaissance maritime : l’excellent Naval Aircraft Factory PN, ainsi que ses divers dérivés assemblés par Douglas, Keystone, et Martin. Seulement voilà ces machines vieillissent et s’usent. Aussi quand le concours visant à les remplacer est remporté par Consolidated et son XPY Admiral beaucoup s’attendent alors à voir apparaitre rapidement de telles machines dans les escadrilles. La déception va être grande.
En raison d’un inique accord avec Martin l’avionneur confie le développement ultérieur de cette machine à celui-ci. Et le résultat ne sera pas brillant : aucun trimoteur P2M construit en série et seuls neuf bimoteurs P3M assemblés dont trois utilisés principalement pour l’entraînement avancé des pilotes et équipages.
S’initie alors une brouille entre les deux avionneurs. En parallèle la société Consolidated développe, sur fonds propres, une version améliorée du Martin P3M-2 qu’elle désigne P2Y Ranger. Quand le premier était un monoplan bimoteur ce nouvel appareil devient un sesquiplan bimoteur. La coque, le fuselage, et l’empennage son conservés.
La propulsion est confiée à deux Wright R-1820-E1 Cyclone à neuf cylindres en étoile d’une puissance unitaire de 700 chevaux. L’armement est également modifié. Désormais l’hydravion emportera trois mitrailleuses mobiles Browning de calibre 7.62 millimètres, une position avant et deux jumelées en positon centrale.
Le vol inaugural du prototype XP2Y a lieu le 3 avril 1932.
Sept mois avant ce premier vol l’US Navy séduite par l’hydravion sesquiplan en commande vingt-trois exemplaires sous la désignation Consolidated P2Y-1 Ranger. Les premiers exemplaires entrent donc en service assez rapidement : en mai 1933 six volent déjà au sein de l’escadrille VP-5 en remplacement des Martin PM-2.
Quand le vingt-troisième P2Y-1 sort d’usine en novembre 1934 les six Martin P3M-2 construits n’ont toujours pas été livrés en raison du différent entre les deux constructeurs.
À la même époque Consolidated fait voler le P2Y-2 doté de moteurs Wright R-1820-88 Cyclone portés à 735 chevaux. Un P2Y-1 est modifié de la sorte et essayé par l’US Navy. Convaincue par lui elle passe un nouvel accord avec l’avionneur : il transformera à ce standard les vingt-deux P2Y-1 restants et assemblera vingt-trois nouvelles machines sous la désignation P2Y-3. L’autre grosse nouveauté des P2Y-2 et P2Y-3 réside dans l’armement. Une charge externe de 900 kilogrammes, composée de grenades anti-sous-marines, de mines, voire de bombes peut désormais être fixée sous le plan inférieur de voilure.
Si les premiers Consolidated P2Y-2 Ranger entrent en service dès janvier 1936 l’US Navy doit attendre avril de la même année pour que les premiers P2Y-3 soient livrés. En cause une pénurie de pièces chez le motoriste Wright. Finalement une solution est trouvée sous la forme du R-1820-90 Cyclone légèrement plus puissants. Le P2Y-3 aura donc 750 chevaux de puissance par moteur.
P2Y-2 et P2Y-3 ne tardent pas à s’imposer comme les dignes héritiers du Naval Aircraft Factory PN, et même en mai 1938 à éliminer le Martin P3M de l’équation. Le vilain petit canard de la famille n’est plus en service. Pourtant à l’instar de celui-ci ils ne connaitront jamais le feu.
Le 15 décembre 1941, une semaine après l’attaque japonaise contre Pearl Harbor, l’US Navy décide de retirer du service le P2Y Ranger. Cette machine est alors considérée comme inférieure aux standards de l’époque. Surtout son remplaçant est connu depuis plusieurs mois : le PBY Catalina conçu lui aussi par Consolidated. L’industriel a tiré les enseignements du Ranger pour concevoir le Catalina, créant ainsi une filiation entre ces deux machines.
Huit P2Y Ranger ont été vendu à l’étranger : un à la Colombie qui l’a fait voler de 1935 à 1943, six à l’Argentine qui les a utilisé de 1936 à 1949, et enfin un dernier au Japon où il est demeuré à l’état expérimental. Dans ce pays il a reçu la désignation de Consolidated HXC.
Hydravion de transition entre le PN et le PBY le Consolidated P2Y Ranger aura au moins permis à son constructeur d’asseoir une certaine position dominante dans la conception d’hydravions de reconnaissance maritime.
Aucun P2Y n’est parvenu jusqu’à nous, tous ont été ferraillés.
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