A l’instar de ce qui se passait en Grande Bretagne avec l’Air Ministry, les Australiens émettaient des Specifications lorsqu’ils cherchaient à acquérir des avions militaires. Début 1941, le gouvernement australien lança la Specification N°241 concernant un avion susceptible de remplacer les Lockheed Hudson et Bristol Beaufort dans les missions de bombardement anti-navire, de reconnaissance maritime, et surtout de torpillage et de lutte anti-sous-marine. A cette époque l’Australie était, en tant qu’allié naturel du Royaume Uni, en guerre contre l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste et ses forces combattaient aussi très loin du Pacifique, en Méditerranée et dans l’Atlantique.
La réponse à la Specification N°241 fut le lancement par Commonwealth Aircraft Corporation (CAC) du programme désigné CA-4. Celui-ci se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever construit en grande partie en bois, afin de faire des économies, propulsé par deux moteurs en étoile Bristol Perseus identiques à ceux des Blackburn Botha de la RAF. L’appareil était prévu pour un équipage de trois personnes : pilote, radio copilote, et opérateur de bombardement. Il avait été conçu pour emporter une torpille de 533 mm ainsi que des roquettes HVAR de 127 mm et des charges de profondeur. La soute à bombes pouvait aussi recevoir des bombes américaines de 227 kg. Pour son autodéfense, le CA-4 disposait de deux canons fixes de 20 mm ainsi que de cinq mitrailleuses de 7.7 mm aussi bien fixes que mobile.
Le CA-4 effectua son premier vol le 19 septembre 1941. Lors de la phase d’essais en vo,l le CA-4 montra une fâcheuse tendance à partir en lacet. En outre, sa carlingue en bois le rendait particulièrement vulnérable aux tirs venant du sol. Les moteurs quant à eux furent jugés trop faibles et l’on décida de les remplacer par des Pratt & Whitney R-1830-S3C3-G à quatorze cylindres, localement assemblés sous licence par le DAP, le Department of Aircraft Production. La nouvelle version du CA-4 fut donc renommée CA-11. Cet avion effectua son premier vol en janvier 1942. Son armement fut également revu. Quelques temps plus tard, le CA-11 fut commandé à 105 exemplaires par la RAAF sous la dénomination de Woomera Mk-I.
Toutefois, l’attaque nippone sur Pearl Harbor, qui entraîna l’Amérique dans la guerre, révisa en profondeur les tenants et les aboutissants des moyens aéronautiques militaires dans le Pacifique. L’Australie reçut alors de nombreux aéronefs de la part des Etats-Unis. De ce fait, le programme du CA-11 ne devenait plus prioritaire. C’est la raison pour laquelle la RAAF ramena sa commande de 105 à vingt appareils seulement. Ces avions entrèrent en service au sein du Squadron 14 en novembre 1944, soit plus de deux ans et demi après le passage du contrat.
A cette époque, les Beaufort et Hudson avaient été massivement remplacés dans les unités de première ligne par le Lockheed Ventura Mk-IIA et par le Beaufighter TF Mk-21, une version spécialement conçue par Bristol et le DAP. Le Woomera semblait donc peu utile. Toutefois, ces avions furent engagés dans la chasse des sous-marins japonais croisant au large de l’Australie et près des territoires français du Pacifique.
En mars 1945 les Woomera furent affectés à la reconnaissance côtière à partir du nord du territoire australien. Ils opéraient en parallèle avec les Consolidated Liberator GR Mk-VIII. C’est dans cette mission que les bimoteurs de CAC finirent la guerre. Ils furent retirés du service en septembre 1945 au lendemain de la reddition japonaise.
Le Commonwealth Woomera fut le premier bimoteur militaire spécifiquement conçu en Australie. Mais ce fut là l’une de ces seules véritables qualités. En effet, le CA-11 était un appareil passablement raté. Pour la petite histoire, il est à noter que le premier prototype, celui de la série CA-4 fut détruit lors d’un essai en vol pour la validation de son armement. Un incendie s’était déclaré au niveau du moteur gauche et s’est par la suite rapidement propagé, faute de réservoir de carburant auto-obturant.
Tous les CA-11 sauf un furent par la suite ferraillés. Bien que totalement inutile un exemplaire du Woomera fut préservé par la RAAF et est actuellement exposé dans leur musée national. Il est à noter que le moteur Pratt & Whitney du CA-11 équipa également le chasseur indigène Boomerang.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.