Quand on pense au nom de Citroën on a immédiatement en tête des voitures de légende comme la DS de Fantômas (ou du général De Gaulle), la 2CV, le tube, ou encore la traction avant. Par contre, associer la marque aux chevrons avec l’aéronautique relève un peu plus du défi. Et pourtant, celle-ci se lança bien dans les années 1970 dans cette aventure. C’est un hélicoptère qui en fit les frais, une machine demeurée à l’état de prototype malgré des qualités indiscutables : le Citroën RE-2.
En 1972, la société Citroën recruta le célèbre ingénieur français Charles Marchetti, père entre autre des Alouette II et Super Frelon, afin qu’il développât un secteur hélicoptère au cœur même de la célèbre société de construction automobile. L’idée était alors de profondément diversifier l’entreprise, mais aussi d’appliquer les techniques qui avait fait son succès au secteur aéronautique. Marchetti releva le défi et fit appel à un de ses amis les plus proches, l’ingénieur allemand Theodor Laufer, à qui l’on devait notamment une partie des travaux de développement du Djinn, mais aussi l’hélicoptère expérimental Dornier Do-32.
Marchetti et Laufer travaillaient donc main dans la main. Cependant, ils se heurtèrent vite à un souci de taille : aucun technicien ni aucun ingénieur « maison » de chez Citroën n’avait la moindre qualification aéronautique. Des voitures, ils savaient en dessiner et en concevoir, mais des hélicoptères, c’était bien différent. Ils eurent donc recours à de la sous-traitance auprès d’une société mondialement connue pour son sérieux dans le domaine aéronautique : Hurel-Dubois.
Pour la propulsion, les deux ingénieurs eurent l’idée d’avoir recours à un moteur rotatif Wankel de 170 chevaux. Cet engin avait la particularité d’être déjà disponible chez Citroën puisque alors utilisé sur l’une de ses principales voitures en production, la berline GS. Pour le reste, l’appareil faisait appel à une construction assez classique avec son cockpit biplace côte-à-côte, son rotor principal tripale, et ses patins d’atterrissage. L’appareil reçut la désignation de Citroën RE-2.
C’est dans cette configuration que le premier vol de l’appareil intervint le 24 décembre 1975. Bien qu’assez rapide, cet essai mit en lumière les bonnes qualités de vol du Citroën RE-2. Durant toute l’année 1976, les essais en vol furent menés par une équipe mixte composée de membres du Centre d’Essais en Vol et de chez Citroën. Même l’Aviation Légère de l’Armée de Terre s’intéressa à lui, et à ses capacités à remplir des missions d’entraînement de base.
Tout en continuant les négociations avec les militaires, les équipes de Citroën cherchaient à placer leur RE-2 sur le marché civil, notamment comme futur remplaçant des Bell 47 alors nombreux en France. Mais le constructeur se heurta au même mur idéologique que celui qui avait coûté cher à la SNCASE avec son SE-3131 Gouverneur : l’hélicoptère d’affaires n’avait pas encore trouvé son marché en Europe.
L’ALAT prit une décision qui eut un impact fort dans la carrière du RE-2 en refusant de le commander, au profit de l’Aérospatiale SA-341F. En effet, à l’époque l’hélicoptériste national français enlevait l’intégralité des marchés militaires, et de surcroît, la Gazelle était l’hélicoptère à la mode en France. Face à son turbomoteur puissant et fiable, le petit moteur rotatif du RE-2 ne faisait visiblement pas le poids.
Invendu et invendable, le Citroën RE-2 fut un des pires échecs de l’industrie françaises des voilures tournantes dans la seconde moitié du vingtième siècle. Son programme de développement fut officiellement abandonné en mai 1979. Ce prototype ne fut pourtant pas détruit. Il a été transféré à Aulnay-sous-bois en région parisienne où il a été restauré à la fin des années 1990 par des bénévoles passionnés de la marque Citroën. Aujourd’hui il est préservé dans le musée officiel du constructeur.
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