Depuis les débuts de l’histoire de l’aviation l’entraînement élémentaire des pilotes, c’est à dire leur formation aux B.A.-BA de l’aéronautique, est une technique pratiquée sur des avions rudimentaires. D’abord des monoplans entoilés puis des biplans ils sont peu à peu revenus à partir de la fin des années 1930 aux monoplans. Aujourd’hui certains avions militaires d’entraînement élémentaire aussi appelé entraînement de base sont de véritables petits bijoux de technologies à l’image du Cirrus T-53 Cadet actuellement en dotation au sein de l’US Air Force.
En fait les origines de cet avion remontent à une machine particulièrement prisée des aéroclubs et des écoles civiles d’aviation : le monomoteur Cirrus SR20. Au printemps 2011 l’US Air Force Academy a fait savoir son intention de retirer prochainement du service ses vingt monomoteurs Diamond T-52A de facture autrichienne et utilisés jusque là pour des vols de sélections des futurs pilotes et d’entraînement élémentaire. En fait ces avions étaient loués au constructeur mais ne réussirent jamais à satisfaire aux exigences des formateurs américains.
Aussi il fallut leur trouver un remplaçant en urgence. Un appel d’offres fut lancé auquel ne répondirent que deux constructeurs : Cessna et Cirrus. Le premier proposa son Model 400 tandis que le second présenta son SR20. Le choix se porta naturellement sur ce second avion, réputé plus sûr et plus moderne que l’avion de Cessna. En fait depuis plusieurs mois les généraux américains lorgnaient sur le Cirrus. Une commande fut passée pour un lot de vingt-cinq avions sous la désignation de T-53 et le patronyme de Cadet. Les premiers entrèrent en service en mai 2012 et les derniers dix-huit mois plus tard !
Extérieurement peu de choses, en dehors des numéros de série et de la livrée militaire, permettent de différencier un Cirrus T-53A d’un «vulgaire» SR20 civil. Et niveau avionique ce n’est pas mieux. Comme ce dernier l’avion militaire dispose d’un cockpit biplace côte à côte ultramoderne doté d’écrans et d’une cartographie GPS numériques. La motorisation reste également la même, à savoir un Continental IO-360-ES à six cylindres développant 203 chevaux et entraînant une hélice tripale de construction mixte métal et composite. La structure même de l’avion fait appel également à cet usinage mixte donnant ainsi au T-53A une légèreté et une manœuvrabilité hors norme. Son train d’atterrissage fixe a été étudié pour impacter au minimum l’aérodynamisme de l’avion.
L’un des atouts très particuliers du Cirrus T-53A Cadet est le CAPS. Sous cet acronyme se cache en fait le Cirrus Airframe Parachute System. Il s’agit d’un parachute de sécurité qui permet à l’avion de ne pas s’écraser en cas de panne. Il se déploie en quelques seconde depuis son compartiment installé dans le fuselage de l’avion, derrière le cockpit. Le CAPS est déclenché via une manette installée dans le poste de pilotage et actionnable aussi bien par l’instructeur que son élève.
Dans le Colorado, où est sise l’US Air Force Academy, les Cirrus T-53A assurent aussi bien des missions d’entraînement élémentaire que de sélection en vol des futurs pilotes. Cette seconde mission consiste à mettre en lumière les qualités des futurs pilotes de l’US Air Force et leurs capacités à travailler comme aviateurs militaires.
Mais l’US Air Force n’est pas le seul utilisateur militaire du Cirrus SR20, puisque treize exemplaires volent pour le compte de l’Armée de l’Air aux côtés des Grob G.120, et aussi en remplacement partiel des SOCATA TB-20 Epsilon. En effet bien que totalement adaptés aux besoins d’une force aérienne ces avions d’ancienne génération ne le sont plus forcément par rapport aux demandes de l’Armée de l’Air. Pour autant les Cirrus SR20 sont loués auprès de CATS, une filiale d’Airbus Defense & Space. De ce fait ils volent sous immatriculation civile française avec en outre une livrée tricolore (à dominante blanche cependant) rappelant les couleurs officielles françaises. À l’instar des Cirrus T-53A Cadet les SR20 de l’Armée de l’Air disposent du système CAPS.
En France en 2013 la Marine Nationale également a été séduite par l’avion américain. L’Escadrille 50S qui assure également les missions de sélection des futurs pilotes de l’aéronavale forme ceux-ci sur Cirrus SR20 en remplacement des légendaires SOCATA Rallye à damiers jaunes et noirs utilisés depuis 1974. En outre la 50S possède quelques avions de voltige Mudry CAP 10 permettant eux aussi de sélectionner les futurs pilotes français. Les Cirrus SR20 de l’aéronavale volent sous la même livrée que ceux de l’Armée de l’Air. En plus de leurs missions habituels les SR20 de la 50S assurent des missions de formation au profit des médecins spécialisés dans les pratiques aéronautiques et dépendants du SSA, le Service de Santé des Armées.
Avion ultramoderne le Cirrus SR20 a donné naissance à une version améliorée ayant connu encore plus de succès sur le marché civil autant que militaire : le SR22. Aujourd’hui plusieurs forces aériennes semblent intéressée par le Cirrus SR20 à commencer par la Fuerza Aérea de Chile qui a passé commande en 2017 pour douze exemplaires, et même l’US Navy a fait savoir son intérêt pour cet avion afin d’en équiper l’US Naval Test Pilot School en remplacement des vénérables Beechcraft T-34C Turbo Mentor. Le succès du T-53 Cadet pourrait donc encore se confirmer !
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