Depuis les années 20, l’ingénieur espagnol, établi en Grande-Bretagne, Juan de la Cierva poursuit ses recherches sur les autogires. Sur ces avions, la voilure est un rotor mû par le vent relatif provoqué par le déplacement. Les petites ailes ne sont que des supports pour les gouvernes qui servent à contrôler l’avion. Le décrochage est ainsi impossible, car en cas de panne moteur ou de vitesse nulle, le vent relatif continue à faire tourner le rotor qui porte ainsi l’appareil. Après la mise au point du C.19 en 1929, Cierva entreprend de résoudre le délicat problème que posent encore ces engins : à basse vitesse, les gouvernes installées sur les moignons d’aile et la dérive ne répondent pas et l’autogire est presque incontrôlable.
Difficile de savoir qui de Cierva ou de l’argentin Pescara, a trouvé le premier la solution qui constitue encore aujourd’hui la base du pilotage des voilures tournantes. Le contrôle de pas cyclique, ou contrôle direct du rotor, permet de contrôler l’incidence des pales à un endroit donné de la rotation pour orienter la portance de l’autogire et ainsi le contrôler, même si la vitesse relative est très faible. Les moignons d’ailes encore utilisés sur le C.19 deviennent inutiles. Comme sur les précédents modèles Cierva, des articulations verticales à la naissance des pales permettent d’équilibrer la portance de chaque côté de l’appareil.
Le prototype C.30 vole en avril 1933. Il emporte un pilote et un observateur. Il est équipé d’un rotor tripale, d’un moteur en étoile à cinq cylindres Armstrong-Siddeley Genet Major I de 105 cv et d’un fuselage entoilé. Les quatre modèles C.30P de pré-production disposent de pales repliables, d’un train d’atterrissage et d’un axe rotor renforcés et du moteur en étoile à sept cylindres Genet Major IA de 140 cv.
Le modèle de production, le C.30A, est fabriqué par Cierva Autogiro Company dès 1934. Des licences de production sont accordées à Avro en Grande Bretagne (Avro 671 Rota Mk I), à Lioré et Olivier en France (LéO C.30), à Focke-Wulf en Allemagne (FW C.30 Heuschrecke). Chaque constructeur choisit de motoriser le C.30 par un moteur national. Avro vend à des particuliers de nombreux appareils, qui seront ensuite revendus à des armées étrangères pour faire des essais. En 1936, une version désignée C.40, biplace côte à côte et dotée d’un pas général (qui permet de modifier l’incidence des pales sur l’ensemble de la rotation) qui rend possible le décollage vertical est mise au point et vendue à quelques exemplaires à la RAF.
Le C.30 est conçu pour des missions d’observation, mais sa lenteur, son absence d’armement et sa trop grande stabilité le rendent vulnérable aux chasseurs. En 1934, Cierva lui même effectue des essais, réussis, d’appontage sur un transport d’hydravions espagnol, le Dédalo. Quelques missions sont menées pendant la guerre d’Espagne. Dans la RAF, il sert dans les écoles et pour la calibration des radars. Quelques uns sont modifiés comme hydravions. Il est utilisé jusqu’à la fin de la guerre.
Le C.30 a permis de développer des techniques de pilotage qui seront essentielles au progrès des voilures tournantes. S’il a connu une carrière opérationnelle très limitée, il a néanmoins été construit à 148 exemplaires.
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