En ce premier quart de vingt-et-unième siècle l’apparition d’un nouveau modèle d’avion de combat est forcément un évènement dans le microcosme aéronautique. Beaucoup s’attendent à ce que la machine soit la plus polyvalente possible, dispose d’une signature radar réduite, et soit bardée d’électronique et d’optronique dernier cri. Aussi quand le dit-avion est plutôt un appareil rustique, absolument pas furtif pour un sou, et à l’architecture fleurant bon les années 1980 il ne peut que susciter l’intérêt car on se dit que forcément il ne sera jamais construit en série. Et quand il l’est c’est qu’il s’agit du Chengdu / PAC JF-17 Thunder sino-pakistanais !
Les origines de cet avions sont compliquées. À la différence des programmes européens Panavia Tornado puis Eurofighter EF-2000 Typhoon le développement du Chengdu / PAC JF-17 Thunder ne découle pas réellement d’un besoin commun de la Chine et du Pakistan pour un tel avion mais plutôt d’une convergence d’intérêts entre les deux pays. Le premier savait faire des chasseurs au moment même où le second en avait réellement besoin. Il faut dire que l’industrie aéronautique pakistanaise est plutôt balbutiante. Hormis la production sous licence de l’avion d’entraînement suédois Saab MFI-15 Safari ou encore la sous-traitance au profit de la Chine elle n’a jamais été très efficace.
C’est en 1999 que le Pakistan se tourna vers la Chine afin de trouver une solution à son manque cruel de chasseurs modernes. En dehors d’une poignée de General Dynamics F-16A/B Fighting Falcon la force aérienne pakistanaise n’alignait que des avions vieillissants comme le Chengdu F-7 Fishcan et le Dassault Mirage III. En outre les Pakistanais espéraient trouver un successeur à leurs avions d’attaque Nanchang A-5 Fantan.
Un accord politique fut trouvé entre les deux pays. L’avionneur chinois Chengdu organiserait 75% du développement et Pakistan Aeronautical Complex les 25% restants. Pour autant PAC pourrait assembler localement les avions destinés à son propre marché.
Le programme reçut alors la désignation de JF-17 Thunder. La Chine de son côté lui attribua celle de FC-1 Xiaolong.
En fait les designers de Chengdu n’allèrent pas bien loin pour trouver le design de l’avion. Ils ressortirent des cartons les travaux de feu le Super 7 un chasseur pensé entre 1986 et 1989 avec l’aide de l’avionneur américain Grumman. Déjà il s’agissait de trouver un successeur J-7 Fishcan, mais alors uniquement pour les besoins chinois. Après les dramatiques évènements de la place Tien-an-Men le programme fut abandonné, les États-Unis rompant toutes relations technologiques avec la Chine. Chengdu avait d’ores et déjà une bonne base de travail pour le futur JF-17 Thunder.
Cependant Chinois et Pakistanais ayant des vues différentes sur le programme les travaux de développement furent ralentis. Si bien que le prototype désigné PT-01 ne réalisa ses premiers essais de roulage qu’en mai 2003. Le 25 août de la même année ce prototype réalisa le premier vol du JF-17 Thunder.
Extérieurement l’avion se présente sous la forme d’un monoréacteur de construction entièrement métallique doté d’un train d’atterrissage tricycle escamotable et d’un cockpit pressurisé. Sa voilure est en position médiane. Proposé en version monoplace de combat ou biplace de transformation opérationnelle le Chengdu / PAC JF-17 Thunder est animé par un turboréacteur Klimov RD-93 développant 5035 kg de poussée à sec ou 8618 avec post-combustion. Il s’agit du turboréacteur monté en URSS puis en Russie sur le chasseur biréacteur Mikoyan MiG-29.
L’armement du JF-17 Thunder se compose d’un canon GSh-23 de calibre 23mm de facture russe et d’une charge externe de 4600 kilogrammes. Des missiles air-air PL-5, PL-9, et PL-12 de facture chinoise assurent le gros de son armement de chasse tandis que l’avion peut tirer des missiles anti-navire C-802AK également développés en Chine ainsi que plusieurs types de bombes lisses et de bombes guidées, dont certaines développées aux États-Unis.
Le pilote prend place sur un siège éjectable zéro-zéro de facture russe tandis que le radar embarqué est un KLJ-7 de facture là encore chinoise.
Les premiers avions de série entrèrent en service en mars 2007 au sein de la Pakistan Air Force. Très rapidement il apparut que la désignation FC-1 Xiaolong allait devenir totalement fantoche puisque la Chine refusa de commander en série l’appareil. Il aurait été redondant avec le Chengdu J-10 Firebird bien plus moderne entré en service quelques mois plus tôt.
Dans un premier temps donc la production envisagée était de soixante-seize machines : cinquante JF-17A monoplaces et vingt-six JF-17B biplaces pour le Pakistan.
Dès l’année 2013 le consortium sino-pakistanais envisagea de proposer son avion sur le marché international. Pour cela fut développé le JF-17 Block 3. Il se distinguait du Block 1 par son nouveau radar Grifone S-7 de facture italienne, son GPS, ou encore un collimateur tête haute amélioré. En outre l’avion était proposé avec la capacité d’emport et de tir de quatre bombes guidées au laser GBU-12 de facture américaine ainsi que des missiles air-air chinois PL-15 à très long rayon d’action.
Et cela marcha. La Chine enleva un marché pour dix exemplaires, neuf monoplaces et un biplace, auprès du Myanmar. Le Pakistan de son côté réussit à vendre en 2019 trois monoplaces au Nigeria. Dans le même temps le Pakistan doubla sa commande initiale en achetant des JF-17 Block 2. Il s’agissait de Block 3 adaptés à leurs besoins et incapables de tirer la GBU-12 placée sous embargo par les États-Unis.
Fin 2020 les Pakistanais alignaient 138 chasseurs de ce type, monoplaces et biplaces confondus.
Bien plus chasseur-bombardier que véritable chasseur multi-rôle le Chengdu / PAC JF-17 Thunder est en outre un redoutable combattant en mode air-air. En février 2019 une patrouille de ces chasseurs descendit un Mikoyan-Gurevitch MiG-21 Fishbed et un Sukhoi Su-30 MKI Flanker-C indiens lors d’un accrochage frontalier. Le premier de ces chasseurs fut descendu au canon-mitrailleur et le second au missile air-air.
Il est à noter qu’un JF-17A est présenté par le Pakistan comme Solo Display avec une livrée spéciale reprenant les couleurs du drapeau national. Il a notamment fait sensation en juin 2019 au Salon du Bourget. Aujourd’hui des pays comme l’Albanie, l’Égypte, le Soudan, l’Ukraine, ou encore l’Uruguay ont fait savoir qu’ils s’intéressaient de près au JF-17 Block 3.
Il se pourrait donc que l’avion soit un succès à l’export en devenir.
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