Il est souvent communément acquis que l’aviation chinoise n’emploie que des avions de conception nationale dépassée ou bien acquis auprès de la Russie. En fait si cette idée était vraie il y a encore quelques années elle tend désormais à s’estomper avant de disparaître dans les années à venir. C’est avec un avion de combat de génération 4.5 que la situation s’est inversée : le Chengdu J-10.
Au début de l’année 1985 les autorités chinoises réclamèrent que l’industriel Chengdu lance les études et le développement d’un nouvel avion de combat capable de damer le pion à deux des meilleurs avions de combat du moment, le General Dynamics F-16 Fighting Falcon américain et le Mikoyan MiG-29 soviétique. En fait après avoir vainement tenté d’acquérir ce dernier les Chinois ont décidé de le concurrencer.
L’avionneur Chengdu était alors, avec Shenyang, le seul en Chine capable de concevoir un tel avion. Malgré l’échec cuisant (et très coûteux) quelques années plus tôt de l’intercepteur J-9, ses responsables avaient la pleine confiance des hauts responsables du parti communiste chinois. Les premiers travaux d’ingénierie débutèrent à l’automne 1986 sous la désignation provisoire de projet 8610. Cependant le futur avion ne dépassait pas le stade des vues d’artistes.
Les premiers éléments semblaient montrer que le projet 8610 était fortement inspiré par deux avions expérimentaux européens : le BAe EAP et le Dassault Rafale A. Comme ces deux derniers le futur avion chinois semblait s’orienter vers une aile delta. L’entrée d’air ventrale présentait elle de grandes ressemblances avec celles de l’avion britannique. Un temps les services de renseignement occidentaux, notamment américains et français, envisagèrent que les Chinois aient reçu une aide technique de la part d’Israël. En effet les premières images du futur avion présentaient de fortes ressemblances avec le prototype Lavi, un avion de combat léger refusé par Heyl Ha’Avir et fortement inspiré du F-16.
Au milieu des années 1990 les premières images authentifiées de l’avion montraient des lignes très modernes, loin des avions jusque là conçus en Chine. C’est à cette occasion que fut officialisée sa désignation de Chengdu J-10. L’avion était alors une des machines les plus secrètes au monde. Il réalisa son premier vol en mars 1998. En février 2003 les deux premiers J-10 de série firent leur apparition au sein d’une unité d’essais en vol de la force aérienne chinoise. Ils furent déclarés opérationnels dix mois plus tard.
Par rapport à ses prédécesseurs le Chengdu J-10 était un véritable bond en avant, notamment vis à vis du Shenyang J-8 entré en service plus de quinze ans auparavant. Le nouvel avion était le premier chasseur multirôle chinois doté de commandes de vol électriques. Le cockpit ultramoderne, entièrement numérique, disposait notamment d’une manette type HOTAS. Le pilote prenait place sur un siège éjectable zéro-zéro. Cela signifie qu’il est utilisable à l’altitude zéro et la vitesse zéro, autrement dit au sol alors que l’avion est immobile. Il s’agissait là encore d’une nouveauté pour un avion de facture chinoise.
Si la force aérienne chinoise est le principal utilisateur de l’avion, il faut savoir que l’aéronavale de ce pays utilise une vingtaine d’exemplaires. Cependant ces avions ne disposent nullement d’une capacité d’embarquement à la différence des Shenyang J-15 également en service. Ils assurent de ce fait principales des missions de défense aérienne des zones littorales.
Le Chengdu J-10 est par ailleurs la monture de la patrouille acrobatique officielle chinoise, nommée 1er août. Ses avions revêtent une livrée tricolore à dominante bleue et se produisent principalement en Chine.
Il est officiellement proposé à l’export sous la désignation de F-10 (à ne pas confondre évidemment avec le chasseur américain Douglas F-10 datant lui de la guerre froide) et le nom de baptême très commercial de Vigourous Dragon. Début 2017 il n’avait pas encore été acquis par un pays étranger même si des pistes sérieuses sont étudiées à Pékin avec les aviations argentines, iraniennes, et pakistanaises.
Même si on ignore si ses capacités opérationnelles lui permettraient de rivaliser avec le Dassault Rafale, l’Eurofighter EF-2000, ou même le Lockheed-Martin F-35A Lightning II il est indéniable que le Chengdu J-10 représente une menace plus que crédible pour la chasse taïwanaise et ses F-16 Fighting Falcon et Mirage 2000-5. À ce jour il est l’avion de combat de facture chinoise le plus évolué en service en grand nombre. En attendant bien sûr les futurs avions furtifs de conception indigène.
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